UN PAYS DE L’OTAN ATTAQUE LA RUSSIE
Certains ne le savent peut-être pas, mais lorsqu’un État membre de l’OTAN est attaqué c’est toute l’alliance qui est attaquée et les autres membres de l’alliance doivent porter secours au membre attaqué. J’en déduis donc, que lorsqu’un pays de l’alliance attaque, c’est toute l’alliance qui attaque. Nous sommes d’accord.
Comment faut-il lire ce qui s’est passé dans le ciel syrien cette semaine?
Il convient d’abord de noter que les récits de l’événement comme d’habitude divergent. La Turquie explique son geste par une violation de son espace aérien par l’avion abattu. La Turquie indique en outre avoir fait les sommations d’usage. La Russie conteste cette version. Je me bornerai dans ce petit article aux interrogations, ’étant ni spécialiste, ni détenteur d’informations confidentielles.
La Turquie a-t-elle référé à ses alliés de l’OTAN ou au grand frère américain de son intention, le cas échéant de frapper un avion russe en général, ou cet avion en particulier? Je vois mal en effet comment un pays de l’OTAN pourrait prendre sans en référer la décision de frapper militairement un pays comme la Russie, ce qui constitue une action sans précédent. Si les États-unis ont été consultés, on peut supposer que leur réponse a été positive ou tout au moins neutre.
La question suivante qui vient dès lors à l’esprit c’est de savoir si la Russie n’est pas très sérieusement en train de gêner l’État Islamique en Irak et au Levant. En d’autres termes, la Russie n’est-elle pas en train de réussir où les alliés ont fait absolument tout pour échouer? Moi je dis ça je ne dis rien mais tout de même les faits sont à la fois troublants et têtus. On constate que les soldats de l’État Islamique sont financé par des pays du Golfe au mieux avec Washington, que les cadres de l’État Islamique sont formés par Washington et que malgré des années d’effort les bombardements de la coalition ont eu davantage un d’effet Brumisateur que karsher. Parallèlement, la Russie engagée depuis à peine quelques semaines dans une action militaire enregistre des victoires qui gêne considérablement et pour la première fois le Califat autoproclamé.
D’ici à penser que les États-unis et leurs alliés (Turquie en tête) s’accommodent jusqu’ici de la présence d’un pouvoir criminel qui égorge, crucifie, décapite ou brûle vif (la liste, et j’en suis désolé, n’est pas exhaustive), il n’y a qu’un pas que je me refuse à franchir. Cependant, force est de constater qu’en frappant l’État Islamique, la Russie frappe aussi la Turquie et ses petits trafics fort juteux qu’elle entretien avec l’EIIL. En effet, tout le monde sait que la Turquie sert de plateforme pour le blanchiment d’argent, le passage des racailles qui vivent en Europe et qui vont s’enrôler en Syrie, pour l’entrée de biens en Syrie au profit des islamistes, ainsi que pour le blanchiment du pétrole de la honte. En clair, les islamistes de l’EIIL utiliseraient la plateforme turque pour écouler leur pétrole. Or depuis l’entrée en lice des russes, plus de 1000 camions citerne ont été détruits, ce qui gêne considérablement à la fois la Turquie, les bouchers halal de l’État Islamique et, dans une certaine mesure les États-unis. Tu me diras lecteur que je vais vite en besogne et que je lance des accusations un peu à l’emporte-pièce à la manière d’un populiste. Je te répondrai par une question: S’il m’en souvient, du temps où Sadam Hussein était vivant et au pouvoir, pas une goûte de brut ne sortait d’Irak en vertu de l’embargo décrété par les États-unis. Alors comment se fait-il que les États-unis parvenaient à faire respecter un embargo avec une sévérité sans précédent? Comment se fait-il que malgré tous leurs efforts il n’y arrivent pas aujourd’hui avec les islamistes? Je l’ai dit, j’en reste aux questions.
Jacques Frantz