POUTINE, HOMME DE L’ANNÉE 2016
Sans aucun doute, le président de la fédération de Russie est l’homme de l’année 2016. Il survit aux sanctions, il est en train de résoudre le conflit syrien, et, qu’on le veuille ou non, il représente la seule opposition crédible à la “pax americana” et à la vision du monde américaine.
À l’autre bout du spectre, nous avons Barak Obama qui sera certainement le looser de l’année 2016.
Malgré deux mandats, son bilan reste terne. Le pays est exsangue, côté réformes c’est ni fait ni à faire, et côté politique étrangère, la seule chose qui nous réjouit, c’est que contrairement à son prédécesseur Bush le junior, Barak Obama n’a pas eu les moyens de sa politique. Malgré cela il a quand même pris des mesures qui ont durablement déstabilisé l’Europe et le proche-orient.
Bien entendu, le lecteur m’objectera l’“Obama care”, ce qui me contraindra à répondre qu’à part augmenter les assurances maladie pour la classe moyenne, la réforme a manqué sa cible. En revanche Obama a été à la pointe des réformes sociétales voulues par l’ONU notamment en imposant par le haut la généralisation du mariage entre personnes de même sexe et tout ce qui s’en suit.
Et puis bien sûr, il y a cette fin de mandat qui est juste pathétique. Obama règle ses comptes. Il est vrai que la démocratie américaine fonctionne de façon étrange. Après une élection où la majorité des voix n’est pas nécessaires pour être élu et où des grands électeurs ayant mandat du peuple pour élire une personnalité peuvent changer d’avis, il s’écoule plus de deux mois entre l’élection du président et sa prise de fonction, ce qui laisse à l’équipe précédente tout loisir de régler des comptes et de magouiller pour s’en mettre plein les poches et camouffler des cadavres dans tous les placards avant de partir. C’est ce qu’on a vu du reste avec la présidence Clinton en 2000. Donc Obama règle ses comptes:
tout d’abord il règle ses comptes avec les Juifs. En effet, conformément à la promesse qu’il avait faite à Hilary Clinton qu’il avait battue aux primaires de 2008, il a tout fait pour assurer l’élection de cette dernière à sa succession, notamment en s’assurant le vote de la communauté israélite. Seulement les Juifs sont des gens prudents et ne mettent jamais tous leurs oeufs dans le même panier. Aussi, malgré les rondes jambes d’Hillary à l’AIPAC, avec entre autre l’assurance que rien ne serait fait au cours de son mandat pour obliger Israël à accepter une solution à deux États, les urnes ont parlé. Obama a riposté en permettant au Conseil de sécurité des Nations Unies d’adopter une résolution demandant l’arrêt des colonisations dans les territoires arabes occupés, ce qui constitue un véritable camouflet pour Israël.
Par la suite, Obama a continué en tapant dur sur la Russie. Il lui reproche deux choses:
- Une victoire éclatante sur la scène militaire et diplomatique, et
- Une intervention dans le processus électoral américain.
alors il faut être clair! Il est possible voire probable que la Russie soit intervenue plus ou moins directement pour pousser Donald Trump. On a envie de dire que c’est normal car tel est son intérêt. Les États-Unis ont d’ailleurs toujours montré l’exemple en intervenant ou faisant intervenir leurs alliés pour obtenir les résultats électoraux qu’ils désiraient. Ainsi en Italie lors des élections d’après guerre, les États-unis sont intervenus massivement et sans se cacher pour empêcher la victoire du parti communiste italien. Les deux grands belligérants de la guerre froide ne se sont jamais privé que je sache d’intervenir grossièrement dans les affaires intérieures d’autres pays qu’ils soient adversaires ou alliés. Plus tard, lors de la campagne présidentielle de 1969 en France, l’Arabie saoudite a financé une partie de la campagne de Pompidou. Or comme chacun sait, l’Arabie saoudite est la marionnette des Américains. J’ajoute que ce qui peut être reproché à la Russie dans cette histoire, ce n’est rien d’autre que le fait de porter à la connaissance des électeurs, des faits avérés. Rien donc de nature à modifier le résultat des urnes. Non, si Clinton a perdu c’est parce que le système électoral américain est mal conçu et qu’il devrait être réformé de toute urgence. Je pense que M. Obama devrait commencer par ça avant de donner aux autres des leçons de démocratie.
De ce fait, l’expulsion de 35 diplomates russes est parfaitement disproportionnée. En revanche, la réaction de Poutine est très intelligente. La réaction normale eût été d’appliquer une mesure de représailles comme au bon vieux temps de la guerre froide. Vladimir Poutine a fait pire. En ne ripostant pas, il humilie Barak Obama. Le message est clair: “vous n’existez plus et tout cela rentrera dans l’ordre avec la nouvelle administration.” Ajoutez à ça la contrainte faite aux États-unis de voter une résolution russe sur la Syrie au Conseil de sécurité et l’humiliation est complète. La diplomatie d’Obama déjà très médiocre apparaît aujourd’hui comme un cadavre en décomposition avancée. Tout le monde est passé à autre chose.
De toute façon, cette latence du pouvoir due à une transition trop longue est très malsaine. Obama eût été bien inspiré de la mieux appréhender.
Jacques Frantz