ÉLECTIONS PIÈGE À QUOI?

Devant les échéances électorales, j’ai pensé qu’il était temps de faire le point sur ce qu’il était souhaitable en matière d’élections.

Auparavant, je voulais remercier l’ensemble des lecteurs qui m’ont fait part de leur appréciation suite à l’interview et le portrait de Chloé Frammery, cette courageuse militante genevoise. Franchement j’attendais plus de quolibets que de louanges. Comme quoi, le lectorat dit abusivement d’extrême-droite est un bel exemple d’ouverture. Pardon de l’avoir, même en pensée, sous-estimé. Je promets à qui veut l’entendre que la meilleure manière d’inquiéter le pouvoir c’est de dialoguer.

Cela dit il y a un autre moyen d’inquiéter les dictatures qui ne se cachent même plus dans nos beaux pays d’Europe occidentale.

En France, des élections régionales devraient avoir bientôt lieu. Le Portugal a récemment vu se dérouler des élections présidentielles. Le 7 mars prochain, la Suisse connaîtra un dimanche électoral dont elle a le secret. En 2022, les Français, toujours eux, éliront le Président de la République. Depuis longtemps, les groupuscules libertaires et anarchistes dénoncent ce processus qui se veut être l’Alpha et l’Oméga de nos institutions dites “démocratiques”. Pourtant, toujours d’après les anarchistes, “si voter changeait vraiment la vie, voter serait interdit”.

Récemment, la planète a été secouée par la très controversée élection américaine. Le résultat vous le connaissez. Dire qu’il est contesté est peu dire. Robbinet d’eau tiède a été installé au poste suprême par la force, avec pour conséquence, une vaste ombre de suspicion sur la sincérité du scrutin. Sans vouloir entrer dans les détails de ce qu’il faudrait faire pour que le processus électoral américain retrouve sa légitimité, j’aimerais ici énoncer quelques grands principes qui font qu’une élection ne saurait être entachée de soupçons de fraude.

Les élections doivent se dérouler sur un seul jour chômé. Ainsi, le corps électoral n’a pas à prendre sur ses heures de travail pour aller remplir son devoir électoral. Un seul jour, parce qu’il ne faudrait pas que des fraudes soient rendues possible à la faveur de la nuit et de l’interruption nocturne des opérations de vote. Il va de soi que l’ensemble des opérations de vote se fait à la vue de tous les publics.
Seules sont habilitées à voter les personnes désignées comme telles par le code électoral. Une démocratie digne de ce nom devrait habiliter à participer à l’élection les seuls nationaux ayant l’âge de la majorité révolu et dûment inscrits sur les listes électorales à la date déterminée par la loi. Les personnes purgeant une peine de détention ou d’inéligibilité ne peuvent prendre part au scrutin.

Prennent part au scrutin les personnes en mesure de se rendre physiquement aux urnes après que leur inscription sur les listes électorales a été vérifiée. “Peut voter”. Le désormais électeur, après être passé dans l’isoloir peut introduire son bulletin dans une urne transparente. Il est déclaré comme “ayant voté” et ne peut bien entendu voter une seconde fois lors d’un même scrutin.

L’urne est dépouillée publiquement. Elle doit contenir un nombre de bulletins identiques aux électeurs déclarés comme ayant voté. Les enveloppes introduites vides dans l’urne sont décomptées comme votes blancs. Le nombre de votes blancs est enregistré et publié au même titre que le nombre de voix obtenus par les candidats.

L’objectif n’est pas ici de rédiger un nouveau code électoral. Cependant, il est nécessaire de rappeler quelques grands principes visant à assurer la sincérité d’un scrutin. Or on apprend qu’à la suite de ce qui s’est passé aux États-unis, l’État français, au lieu d’être incité à la prudence, fait pression pour imposer des nouvelles règles au rebours de la transparence. Ainsi, la nuit dernière, le Sénat aurait voté un amendement visant à permettre le vote électronique, ce qui a provoqué une levée de boucliers. Mais peu importe. Le ver est dans le fruit. On utilisera le principe du “disque rayé” pour qu’à la fin, de guerre lasse, le grand public se résigne et ne désapprouve pas ce nouveau système moderne que seuls des “rétrogrades” fustigeraient encore. Bref, vous l’aurez compris, ce que veut le Pouvoir, c’est se targuer d’une légitimité obtenue à ses conditions.

Même chose avec le vote par correspondance. En France, ce dernier a été abandonné précisément à cause des nombreuses fraudes et malversations. Qu’importe! La crise du virus est une véritable aubaine pour confisquer la transparence. Tristan, rendors-toi, ce n’est pas un complot! Cependant, après avoir institué les élections à deux tours pour pouvoir “tripatouiller”, après avoir modifier à l’envie le corps électoral par, entre autre, des naturalisations massives, le Pouvoir, de plus en plus paranoïaque à l’idée de se retrouver dans le caniveau, a l’intention de donner un nouveau tour de clé au verrouillage déjà existant.

Je t’entends déjà lecteur me dire que j’exagère toujours, que certains pays s’accommodent de manière exemplaire du vote par correspondance, et que je vois le mal partout. Si, concernant le vote par correspondance, c’est à la Suisse que tu penses, je te réponds que tu aurais tort de sous-estimer les faits de corruption dans ce pays. En apparence, le vote par correspondance, qui a été institué pour combattre l’abstention, fonctionne assez bien, du moins faut-il le dire vite. Disons que le pays a une telle culture de la paix sociale et du consensus, que les élections n’ont jamais vraiment été contestées. Cela suffit-il pour affirmer qu’elles sont incontestables… En Suisse, que je crois connaître assez bien, on fait confiance. Cette paix et ce consensus associé à une certaine prospérité, font que les citoyens ne soupçonnent pas le mal. À cela il faut ajouter une représentativité proportionnelle du législatif, et, chose rare, de l’exécutif. Autrement dit, même si on peut chipoter, on peut dire que l’ensemble des tendances sont plus ou moins représentées au parlement et au gouvernement. Ajoutez à cela le contre-pouvoir constitué par la démocratie directe, et vous avez un système politique rarement mis en question. Cependant, les choses devraient changer à assez court terme. Chez nous, où non seulement tout se décide à Paris, mais en plus, au Château, qui plus est par un exécutif de plus en plus arrogant, la suspicion n’est jamais très loin.

Que nous reste-t-il comme solution pour nous opposer à un vol définitif de la démocratie? Si, contrairement à moi vous ne pensez pas que la démocratie est déjà volée, je conseille sans tarder d’utiliser le dernier pouvoir qu’il vous reste. Il est faible je sais, mais c’est le seul. Il faut refuser de participer aux élections. Ce qu’on attend de vous au Macronistan, c’est que vous vous rendiez nombreux aux urnes pour voter Macron. Pour que la France et les autres pays occidentaux puissent donner des leçons de légitimité démocratique à la terre entière. Et peu importe qu’il s’appelle Macron, Xavier Bertrand ou même Mélenchon, il est la même personne. De même que Macron est François Hollande dans un corps différent, Bayrou, Bertrand ou un autre sera Macron réincarné. Je t’entends déjà lectrice social-démocrate, me dire que je parle comme les “populistes”… Que je prône le “tous pourris” et qu’ainsi, je fais le jeu de l’extrême-droite. Très franchement, la seule chose que j’ai envie de répondre, c’est “retourne à la niche”. Parce que si tu n’as pas compris qu’on te fait voter ceci pour faire barrage à cela et que ce n’est rien d’autre qu’une extorsion de suffrage, je ne peux rien pour toi.

Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est refuser de prendre part aux scrutins. Le vote blanc n’est jamais décompté autrement qu’avec le vote nul. Et on comprend pourquoi. En revanche, si demain, le ministère de l’Intérieur enregistrait une participation de 3%, sans même parler d’électrochoc, (parce que les électrochocs passent aussi vite qu’ils surviennent), le Pouvoir ne pourrait jamais plus parler de légitimité. Par conséquent, je dis à tous ceux qui vont voter en France, ne venez plus jamais vous plaindre de la dictature. De même que ceux qui se plaignent de la dictature de BFM n’ont qu’à éteindre leur télévision. Comme disait Coluche:
“Et dire qu’il suffirait qu’on en achète plus pour que ça ne se vende pas”…

Vous n’auriez pas l’idée d’aller au cinéma voir un film que vous n’avez pas envie de voir sous prétexte qu’il y a un film encore plus mauvais à l’affiche? Alors à quoi rime le fait de voter Macron ou un autre pour faire barrage à l’extrême-droite? Les gens qui sont allés voter Chirac avec des gants en caoutchouc en 2002 resteront dans l’histoire comme des pantins ridicules.

La réalité, c’est que la démocratie est entièrement à réinventer. Cela dit on ne peut pas avoir un pied dans chaque camp. Par conséquent la première pierre du nouvel édifice démocratique devra être l’abstention.

Jacques Frantz

6 commentaires

  1. Ah bon, c’est à Paris que tout se décide ? J’ai plutôt l’impression que c’est à Bruxelles… ce qui de toute façon, ne rend le vote que plus vain et inutile ! Moralité, le jour des élections, restons à la maison !

    1. Nous sommes d’accord Isabelle. Disons que Paris a le pouvoir de scrupuleusement mettre en œuvre les décisions de Bruxelles.
      En Suisse, puisqu’on y a fait allusion dans l’article, c’est encore pire, parce que le pays n’est même pas membre, mais il se comporte comme un pays membre.

      C’est un autre sujet sur lequel nous aurons peut-être l’occasion de revenir.

      Une belle journée.
      J.F

  2. Régénéré par la covid19 notre chroniqueur a repris une plume toujours plus vigoureuse pour pourfendre les élites libérales corrompues dont « la grosse » Michelle Obama représente l’archétype le plus flamboyant. Après cette présentation magistrale de la dictature des pays occidentaux (c’est De Gaulle qui a rétablit les élections à deux tours,et qu’au plus dans 7 ans Macron aura quitté le pouvoir) va nous être présentée le fleuve paisible de la démocratie Russe dont le chef suprême pourra rester à sa tête pendant encore 15 ans.

    1. Je ne vois pas bien pourquoi la Russie devrait s’inviter dans ce fil, surtout de la part d’un connaisseur qui n’y a jamais mis ne serait-ce que la pointe d’une semelle. Parce que s’il y avait été, et surtout s’il avait pu comparer les situations parfois dramatiques que le pays a traversé, il saurait que
      1. Le Président au pouvoir y est au moins aussi bien élu que le pantin marié à sa prof;
      2. La Russie a fait des progrès tels que ce sera bientôt elle qui pourra nous donner des leçons en matière de liberté d’expression. Évidemment elle part de très loin. Mais tout de même, j’ai le loisir quand j’y suis de faire remarquer à mes interlocuteurs locaux que jamais sous Brejnev ou même sous Gorbatchev, ils ne se seraient permis le centième des critiques qu’ils ont le droit d’exprimer aujourd’hui;
      3. Il est moins dangereux d’être manifestant en Russie que d’être gilet jaune en France;
      4. En Russie, musées, théâtres, restaurants, bars, magasins et lieux de culte sont libres d’accès. Les droits ne se prêchent pas par des leçons, mais par l’exemple;
      5. J’allais oublier peut-être le plus important pour nous! Contrairement à l’Amérique du prix Nobel de la paix Obama, et à la France de Sarkozy, de Hollande ou de Macron, la Russie emploie son énergie principalement à régler ses problèmes et pas à faire la guerre dans le monde entier. C’est probablement son aspect le plus appréciable.

  3. réponse est sans ambiguïté sur le régime de « libertés » que tu appelle de tes vœux en France institution d’une constitution cléricale interdisant l’Homosexualité, maintien de la domination des femmes par interdiction de l’avortement et dépénalisation des violences conjugales. Bien sûr la tentative d’empoisonnement de Lavalny est un coup monté par sa femme pour l’éliminer en tentant d’en faire porter la responsabilité sur ce bon père des peuples qu’est poutine qui en bon élève du régime soviétique qui l’a déformé se présente comme un pacifiste au mépris de la simple vérité : Obama a, comme sénateur voté contre l’intervention américaine en Irak, et en 2013 a refusé d’intervenir contre le régime Assad qui gazait les populations civiles. Cette abstention a permis l’intervention du pacifique Poutine, qu’il a étendue en Lybie et en Centre Afrique, pour ne pas parler du Donbass ou de la Crimée…

    1. Bon, Garçon! Faudrait lire autre chose que des torchons comme le monde.
      Je ne sais pas où tu as vu dans la constitution russe que les violences conjugales étaient dépénalisées.
      Tu as dû lire ça dans le même torchon où tu as lu que des enfants syriens avaient été gazés ou des enfants massacrés dans leur couveuse au Kowait. C’est à peu près du même niveau.
      Bon maintenant, Navalny. Juste parce que j’ai de la patience. Le Président Poutine a dit à juste titre que si ses services l’avaient empoisonné, il serait mort.
      Pour le Dombas et la Crimée, je te laisse y faire un voyage avant de nous en parler. Pour une fois tu parlerais de ce que tu connais ce qui changera.
      Pour le reste, désolé mais je n’ai simplement pas le temps!
      JF

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