SANS SURPRISE, VLADIMIR POUTINE EST ÉLU PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE
Il faut les entendre les journalistes du camp du bien donner des leçons définitives au pouvoir russe.
Quelles leçons faut-il tirer de ce scrutin. Nos médias répètent suffisamment qu’il n’y avait pas de suspense, (ce qui est vrai), et, en filigrane, que la Russie a encore un long chemin à parcourir pour parvenir à la “démocratie avancée”, pour reprendre la célèbre phrase de Jacques Duclos. À ce propos, on notera que le Parti Communiste de la fédération de Russie se classe à la deuxième place avec 11,8% et 8 millions et demi de voix, ce qui laisse rêveur quand on connaît les ravages du communisme dans ce pays.
Voir la manière avec laquelle les observateurs d’Europe occidentale et en particulier de France traitent les informations en provenance de Russie est proprement affligeant. Traiter l’information avec les lunettes de chez nous serait un péché d’ignorance. Mais là c’est bien pire, car l’information est manipulée.
Trois exemples: Les observateurs oublient comment la sphère médiatique officielle traite les campagnes présidentielles en France lorsque le candidat de la droite nationale est au deuxième tour. Franchement dans ces conditions, je ne crois pas que les candidats du système lors de ces élections un peu particulières aient de quoi, vu leurs scores, donner des leçons à Poutine On aura la charité de ne pas rappeler les 67% de Macron en 2017 ou les 82% de Chirac en 2002..
Ensuite, il y aurait beaucoup à dire sur le traitement réservé au candidat Fillon en égaement en 2017. Certes, il a pu, contrairement à Navalny, présenter sa candidature, mais qu’on soit bien clairs, sans cette honteuse campagne médiatique, Le candidat Macron n’aurait jamais été élu. En conséquence, j’ai parfois tendance à m’interroger sur nos démocraties en me demandant si eles sont si avancées que ça.
Enfin, lorsque je vois qu’on cherche des poux dans la tête du Président Trump au motif qu’il devrait son élection à une ingérence russe, je me bornerais à leur rappeler la manière avec laquelle la CIA a fait élire Eltsine en 1996.
Tout ça pour dire que si on accepte de regarder ce qui se passe en Russie avec d’autres lunettes que celles des journalistes de France Info, on est forcé de tenir compte du fait que la Russie est un pays tellement immense qu’il nous est difficile de nous le représenter dans sa taille réelle. Essayons tout de même d’imaginer que nous sommes dans un pays qui s’étend sur deux continent et, d’ouest en est, sur 10000 kilomètres avec neuf fuseaux horaires. Cela signifie concrètement que Saint-Pétersbourg est plus près de New-York que de Vladivostok.
Dans ces conditions, faire tenir ensemble un tel pays pluriethnique et multilingue de façon à peu près pacifique relève purement et simplement de la prouesse. Vous me direz que les dirigeants soviétiques y sont bien arrivés. Certes, mais à quel prix? Les historiens ne parviendront jamais à se mettre d’accord sur le nombre de morts entre 1917 et 1991.
Or il est malhonnête de comparer l’état des libertés sous Poutine avec celui sous Gorbatchev. Sous ce dernier, tous les appels téléphoniques internationaux étaient systématiquement écoutés. Aujourd’hui les habitants des villes tout au moins peuvent surfer aussi librement que nous sur Internet. Chaque Russe qui le souhaite peut faire une demande de passeport et de visa pour se rendre à l’étranger sans risquer une mort sociale à peu près certaine. les longues files d’attente ont disparu. Bien sûr tout est loin d’être parfait. Poutine, avec ce nouveau mandat, battra le record de longévité au pouvoir de Leonid Brejnev. Seul Staline avant lui était resté plus longtemps au Kremlin. Je reprendrai le tweet de Julien Rochedy qui disait en substance: Quatrième mandat pour Poutine c’est un dictateur. Quatrième mandat pour Merkel c’est une démocrate.
Bien sûr le lecteur m’objectera l’affairisme du clan Poutine et la corruption. Je lui répondrai qu’un pays qui a fait ministre des finances un Cahuzac n’a aucune leçon à donner à personne. Pour un Cahuzac qui tombe, combien sont protégés dans notre beau pays de France si prompt à donner davantage de leçons qu’il n’en tire? Est-ce mieux chez nos grands voisins démocrates? En Grande-Bretagne, on ne compte plus les pédophiles protégés depuis des décennies. La Suisse a bâtie toute sa prospérité en abritant les colossales fortunes de dictateurs de pays misérables. Ne parlons même pas d’Israël on aurait des ennuis.
Bref, tout ça pour dire que chez Poutine c’est ni mieux ni moins bien qu’ailleurs, et que le coup de balai devrait d’abord être passé devant notre porte. Bon vous me direz qu’à Moscou il n’y a pas de Gaypride… Franchement ça vous manque?
Jacques Frantz