Comme je l’espère nombre d’entre vous, je ne me suis pas contenté des commentaires élogieux de la presse aux ordres concernant la performance de Mme Clinton lors du premier débat de la campagne présidentielle aux États-Unis.
au risque de te choquer belle lectrice, je crois entendre ma mère qui, si elle était parmi nous aujourd’hui, dirait “Président des États-Unis, ce n’est pas la place d’une femme”. En tous cas, s’il était besoin, je suis encore plus convaincu après ce débat que ce n’est pas la place de Mme Clinton. Pourtant, à entendre les commentaires dithyrambiques de la presse du camp du bien, Mme Clinton aurait remporté haut la main ce débat qui, rappelons-le, est le premier d’une série de trois.
Je dois être bête, mais je persiste à ne pas comprendre où voit-on un gagnant et un perdant. Dans une joute sportive, par exemple, au football, les critères sont clairs. Le gagnant est l’équipe qui a marqué au moins un but de plus que l’adversaire dans les 90 minutes imparties. Dans le cas qui nous occupe, les critères, vous en conviendrez, sont assez flous et subjectifs. Même si Hillary Clinton avait mieux (voire trop) préparé son sujet, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu Donald Trump en réelle difficulté. Nous sommes loin du cahot debout relaté par les journalistes, en totalité partisans de Clinton. J’ajoute que ce sont ces mêmes journalistes qui nous ont prédit la défaite de Trump aux primaires.
Alors bien sûr les sondages qui ne se trompent jamais ont déclaré vainqueur celle qu’ils voulaient voir vaincre.
Pour être tout à fait objectif, moi qui ne suis après tout qu’un observateur qui voit les choses avec mes yeux d’Européen, ma mauvaise impression d’Hillary Clinton n’a fait que se confirmer. Sans aucun doute, sa performance était plus professionnelle, certainement plus affutée. Cela dit ça puait la com à plein nez. Ce n’était pas la parole de Clinton future présidente, mais plutôt la prestation de communicants payés à prix d’or. Sa performance était nettement déconnectée des réalités. Voilà qui va arranger l’image glaciale et calculatrice que Hillary Clinton traîne derrière elle comme un boulet.
Certains ont reproché à Trump son manque de mordant. Alors il faudrait savoir. Quand il est agressif on dit qu’il dérape et quand il est magnanime on lui reproche son manque d’agressivité. Je crois que Trump a déconcerté par son habileté. En ne répondant pas aux coups en-dessous de la ceinture par d’autres coups du même niveau, Trump a revêtu les habits du chef d’État qu’il a l’ambition d’être. Et si Clinton a été une fois mise en difficulté insurmontable au sujet de l’histoire des e-mails, jamais Trump ne s’est retrouvé dans la même situation.
Un épisode m’a troublé. le journaliste chargé d’arbitrer les débats a posé aux deux candidats la question de savoir s’ils respecteraient un résultat favorable à leur adversaire. Aurait-on des soupçons de fraude? Aurait-on des soupçons de remake de ce qui s’est passé en l’an 2000? Déjà à l’époque le prestige de la démocratie américaine en avait pris un sacré coup derrière les oreilles. J’espère me tromper, mais je vois un scénario où Trump perdrait l’élection bien que majoritaire en voix. Si c’est cela la démocratie, il n’y a pas lieu de donner des leçons en Afrique ou en Ukraine.
Jacques Frantz