Depuis novembre dernier, le gouvernement ne parvient pas à écraser la contestation liée au mariage entre personnes du même sexe et aux autres lois bouleversantes fondamentalement notre société.
Malgré la répression policière, les excès du parquet et enfin la torpeur de l’été la contestation ne faiblit pas. Pourtant, cette contestation est loin d’être uniformes.
Certains manifestent bruyamment (à telle enseigne qu’aucun ministre ne peut se déplacer dans le calme), d’autres rivalisent d’ingéniosité et d’humour pour attirer l’attention des médias du monde entier, d’autres enfin veillent des nuits entières avec un message non-violent.
Dans tous les cas, pas de dégradation, pas de déprédations ni d’agression. Pourtant le mouvement est divisé. Il y a ceux qui considèrent que tout cela doit s’arrêter. La loi est votée et il convient de la respecter et de cesser la contestation. Il y a ensuite ceux qui pensent que la contestation doit continuer mais de manière strictement non-violente et hors de toute illégalité. Il y a ceux enfin qui considèrent qu’ils ne lâcheront rien et que ce qui est illégal n’est pas nécessairement illégitime. Je laisse le lecteur deviner pour quel parti je penche.
J’ai même rencontré les partisans d’un débat serein, avec tous les protagonistes autour d’une table pour enfin s’écouter.
Aux premiers, ceux qui veulent s’arrêter, ceux qui pensent que continuer la contestation relève du non respect de la loi et de l’autorité, je dirai que dès lors que la loi est passée en force, sans la concertation nécessaire et au prix de tripatouillages parlementaires, le gouvernement et sa majorité parlementaire ont abusé du pouvoir que leur conféraient les institutions. La loi est donc contestable juridiquement et illégitime. Or, que fait-on face à une loi illégitime ? On s’oppose et on continue de le faire tant que la loi n’est pas abrogée.
Je suis remplie d’estime et d’admiration face à ces jeunes et moins jeunes courageux qui, toute la nuit, une bougie à la main, veillent pacifiquement, qui ne répondent jamais aux provocations et qui gardent le cap. Cette forme de contestation est belle, elle est respectable et elle interpelle le pouvoir qui ne sait comment réagir autrement qu’en réprimant. Les veilleurs nous montrent une forme de don de soi qui force le respect. Attention toutefois à ne pas donner de leçon et à croire ou à se faire croire que ce mode de lutte est le seul légitime.
Ceux qui croient au dialogue, je les respecte bien sûr. Cependant, je dois constater avec . beaucoup de regrets que le temps du dialogue est passé. Les opposants à la loi avait réclamé, pétitions à l’appui, un référendum qui aurait été l’occasion d’un grand débat de société. Implicitement, en demandant un référendum, les opposants s’engageaient à accepter la loi votée. Dès lors qu’on accepte de jouer le jeu, on accepte les règles et le résultat. Malheureusement, le gouvernement n’est pas sans peur et sans reproche. Je dirais même au contraire le gouvernement et plein de peurs et plein de reproches. Ainsi, il a montré toute l’étendue de sa faiblesse en passant en force. Ainsi, il s’est privé du grand débat. Le temps du débat est donc passé. Désormais, on ne débat plus, on combat. En l’état actuel des choses, il serait de toute façon très difficile de débattre :
Le slogan des opposants est « on ne lâche rien ». Du côté des partisans, on a montré avec force arrogance qu’on n’était pas prêt à à lâcher quoi que ce soit non plus. À partir du moment où personne n’est prêt au compromis, le débat est tout simplement impossible. La seule issue possible eût été un référendum où à l’issue du débat, chacun aurait voté dans le secret des urnes et de sa conscience, le seul compromis possible de part et d’autres était le respect du résultat du vote du peuple souverain. Vox populi vox dei! Quelle belle occasion gâchée de sortir par le haut de cette crise.
En conclusion je dirai encore une fois aux veilleurs qu’ils poursuivent leur lutte pacifiquement dans le respect des autres formes de combat.
Aux partisans d’une forme de lutte disons « plus musclé » je dirais qu’il est important de ne jamais perdre de vue le respect des biens et des personnes. En ce sens, l’action du printemps français et des homen est exemplaire.
À ceux qui veulent s’arrêter, je leur dirais simplement arrêter vous, mais laissez poursuivre les autres. Respectez ceux qui s’engagent et ne les découragez pas. Fichez leur la paix.
Jacques Frantz