J’ai peu écrit sur l’élection présidentielle américaine pendant la campagne, il est donc temps de se rattraper.
Qu’il me soit permis ici de réagir à l’analyse de Karine Béchet-Golovko dans son article paru sur le blog Russie politics.
Elle nous rappelle, à juste titre, la douche froide reçue par les médias occidentaux qui ont cru à leur propagande. C’est en effet la première des victoires. Voir les journalistes du système se déliter sur les plateaux de télévision est un plaisir dont on ne se lasse pas. Surtout que nos journalistes hexagonaux ont agi exactement comme si nous étions les électeurs. Menaces, insultes, faux sondages, rien n’a manqué. Ils sont tellement hors-sol, qu’ils ont oublié une seule chose : ce n’était pas nous qui votions. Elle rappelle également que les figures de proue du journalisme démocrate (Washington Post et NewYork Times), ont sagement et prudemment fait un pas de côté en promettant de faire du vrai journalisme impartial, reconnaissant implicitement que jusque-là, ils n’ont fait que de la propagande. Mais cela ne risque pas d’arriver chez nous. Car notre presse peut se passer de lecteurs tant elle est gavée de subventions prélevées directement dans les poches du contribuable. Le journal Le Monde toucherait, à titre d’exemple, 218 millions d’Euros par an. Les comptes ne sont donc pas à rendre aux lecteurs (il n’y en a pas), mais aux financeurs, c’est-à-dire aux actionnaires privés et à leurs complices, la clique qui détient le pouvoir politique.
De son côté, la Russie a envoyé un message très fort à Donald Trump. Elle lui a rappelé deux choses :
1. Que les États-Unis étaient un pays hostile (недружественное государство), et
2. Qu’elle n’avait pas oublié que Trump n’avait pas, au cours de son premier mandat, dévié de la voie tracée par Barack Obama dans sa politique de sanctions à l’égard de la Russie.
Cependant, Poutine a su se montrer beau joueur en félicitant Trump non pas par la voie protocolaire habituelle, mais publiquement, rappelant au passage qu’il était ouvert à toute proposition de négociation.
Enfin, si j’ai bien compris l’article, il appelle le bon peuple de France à se réveiller, l’exemple de l’Amérique démontrant que tout est possible par les urnes. Égratignant au passage les réseaux sociaux sans qui je ne serais pas arrivé jusqu’à cet article, Karine prétend, si je suis bien, qu’une opposition, si toutefois elle se donnait la peine d’exister, pourrait sortir gagnante du processus démocratique.
C’est oublier un peu vite que contrairement aux États-Unis, il manque deux éléments essentiels pour qu’une opposition voie le jour en France. La liberté d’expression et des élections libres.
En France, la liberté d’expression est sans cesse rognée par la création de nouveaux délits d’opinion. Aux États-Unis, au contraire, elle est sacrée. Quant aux élections, ne vous en déplaise, elles sont en France totalement verrouillées grâce à l’entre-deux tours qui permet de briser les reins à tout mouvement susceptible d’émerger.
À l’attention de ceux qui n’ont pas vécu en France depuis longtemps, je peux dire que l’opposition existe cependant. Elle est bien marginale, je le concède, mais elle est courageuse! Elle est descendue dans la rue au moment du mariage dit pour tous. Elle s’est gelée les miches sur les rond-points au moment des gilets jaunes. Elle a désobéi au moment des mesures liberticides du COVID. Et si elle avait les mêmes moyens médiatiques, si elle n’était pas persécutée, je peux vous garantir qu’elle saurait rassembler une majorité réduite jusqu’ici au silence. C’est du reste pour cela qu’on l’appelle “majorité silencieuse”.
Et puis il y a autre chose à ne pas négliger. Il apparaît de plus en plus évident qu’aux États-Unis, les élections ont été volées en 2020. Pardonnez-moi de faire l’économie de la démonstration, mais cette histoire de vol d’élection est très mal passée. Donc si Trump n’avait pas été élu cette fois-ci, nombreux sont ses électeurs qui auraient pu perdre patience. Or il faut toujours se méfier d’un Américain armé qui perd patience. La possession d’armes est un facteur à ne pas négliger quand on viole impunément le contrat social.
Enfin, même s’il y a de tout sur les réseaux sociaux, il existe une véritable opposition qui est loin de pleurnicher. Que ce soit dans le domaine de l’information, dans la parodie ou dans l’événementiel, elle est même très créative. Claude chollet ou AuBonTouiteFrançais ou encore (je m’en voudrais de l’oublier) Ignace. Ce ne sont là que quelques exemples d’une opposition qui ne pleurniche pas. Sans elle, j’en connais beaucoup qui auraient perdu espoir.
Quant à savoir si le verrou des élections peut sauter chez nous, je suis tellement mauvais en pronostics que j’ai presque envie de vous dire non, histoire que les événements me fassent encore une fois mentir. En attendant, sans trop espérer en Trump qui agira (comme c’est son devoir) pour défendre les intérêts des États-Unis, ni en Poutine qui agira pour les intérêts de la Russie, ne boudons pas ce plaisir de voir la tête de ceux qui nous humilient tous les jours sur les plateaux de télévision.
Jacques Frantz
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