LA CENSURE EST UNE FAIBLESSE

©Ignace
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ГОВОРИТ МОСКВА ICI MOSCOU

Nous avons évoqué le sujet lors de l’entretien que m’a accordé Karine Béchet-Golovko et auquel je vous remercie d’avoir fait honneur.
Il m’était difficile de répondre sur le fond et en détail, d’abord parce que je suis bien élevé, et ensuite parce que le nombre de sujets à aborder était conséquent.
En outre, j’ai à coeur de traiter le sujet de manière courtoise et posée comme il sied à ceux qui savent exprimer des désaccords dans un débat serin et respectueux.
En réalité, et au risque de décevoir les lecteurs d’Astérix qui aiment les belles bagarres, le désaccord, à bien y réfléchir, n’est pas si profond.
Tout de même, si Karine Béchet-Golovko pose les bonnes questions, j’ai la prétention toutefois modeste d’y apporter d’autres réponses.
De quoi s’agit-il exactement ?
La Russie a, ces derniers mois, donné un sérieux tour de vis en imposant de grosses restrictions sur les réseaux sociaux et les médias occidentaux. Nombreux en Russie sont ceux qui pensent que ce n’est là qu’une réponse juste au traitement dont la Russie fait l’objet en Occident.
C’est à mon avis au contraire une mesure de représailles à courte vue qui, comme les autres, ne fait qu’opacifier et appauvrir les échanges. C’est de surcroît donner crédit aux mondialistes en considérant, comme eux, que le peuple est décidément trop idiot pour se faire une opinion. Parce qu’il n’y a pas d’opinion publique libre sans diversité d’opinion, et il n’y a pas de diversité d’opinion sans pluralisme de l’information. Sinon, on aboutit à un monde non pas “multipolaire” comme dit le vouloir le pouvoir russe, mais un monde bipolaire où chacun dit et fait croire pis que pendre de l’autre. C’est une pente dangereuse.
Reconnaissons cependant bien volontiers que les craintes des Russes (mais il ne sont pas les seuls), sont justifiées. Le risque d’ingérence et d’intrusion et, à terme, de destruction de l’État, existe bel et bien. Le “soft power” des pays occidentaux, en particulier des États-Unis, existe et n’a de “soft” que le nom. Sauf que c’est précisément la liberté d’expression dont les réseaux sociaux font partie qui nous protège.
Sans réseaux sociaux, le présent blog ne serait connu que de mes belles-soeurs. Jamais nous n’aurions eu le riche échange que je mentionnais au début avec Karine. Je quitte à l’instant (et je vous supplie de me croire) un lecteur qui ne tarit pas d’éloges sur ce podcast, lui reprochant seulement de ne durer qu’une heure.
Sans les plateformes alternatives, point de TVlibertés ou de Tucker Carlson qui n’a plus sa place sur les médias ordinaires à cause précisément de sa liberté de ton. Sans les plateformes alternatives, nous aurions un monopole de l’information avec un pluralisme de façade pour amuser la galerie. Le résultat ? 80% de vaccinés et aucune difficulté à faire taire les victimes d’effets secondaires. Les gens auraient revendu leur voiture thermique par peur de l’apocalypse climatique, et Hillary Clinton achèverait tranquillement son second mandat. Les éveillés existeraient bien sûr, mais ils seraient isolés et en danger de dépression.
Au lieu de cela, l’information circule malgré tout, (même trop peu et trop mal), le Président Macron a bien sûr volé le pouvoir, mais il ne peut sortir sans être conspué, il est hué à chaque manifestation sportive, et seuls les abonnés au Monde croient aux sondages.
Du reste, les mondialistes en sont bien conscients! Ils ne décolèrent pas de voir que ce qu’ils ont créé leur échappe. Jacques Attali voudrait interdire les réseaux sociaux et Thierry Breton voudrait les mettre au pas. La réalité, c’est que les dirigeants mondialistes ont un tel mépris du peuple — en particulier de notre famille de pensée — qu’ils se sont dit que jamais, les bas du front d’extrême-droite ne sauraient utiliser X (Anciennement Twitter). Quand ils se sont aperçu qu’ils avaient perdu le monopole de l’influence de l’opinion, ils ont (mais un peu tard) sérieusement déchanté. Trop tard! Car le combat des idées est pour eux irrémédiablement perdu.
Alors bien sûr, on peut discuter en large et en long des abus et des dérapages. Ils existent et sont trop nombreux. Cependant, il ne faut pas confondre la chose et son usage. Que des gens utilisent mal les réseaux sociaux est indéniable, mais il existe en principe un arsenal législatif et judiciaire pour en encadrer l’utilisation. La loi doit pouvoir s’appliquer de la même manière aux réseaux sociaux qu’elle s’applique aux autres moyens de communication. De même, le législateur (c’est son rôle), doit pouvoir adapter la loi aux nouvelles caractéristiques des nouvelles plateformes. Mais au risque de me répéter, le vrai sujet est l’utilisateur et non l’instrument. On peut utiliser un couteau pour le meilleur ou pour le pire.
Maintenant il est décevant que les autorités russes aient les mêmes craintes et surtout appliquent les mêmes remèdes. Certains viendront me dire que le pays est en guerre et qu’étant donné les conditions exceptionnelles… On peut comprendre… Ce que je comprends surtout, c’est que les libertés qui se perdent ne se retrouvent que difficilement.
En outre, je ne sais pas si la Russie (même s’il existe des nostalgiques de l’époque soviétique), souhaite revenir à la chape de plomb et à la langue de bois.

Qu’est-ce que l’État russe a à craindre de la liberté d’expression ?

On pourra m’objecter que les occidentaux pourraient, comme cela s’est vu, déstabiliser, voire détruire le système politique en place. Certes, c’est un danger, mais les ONG américaines ont-elles besoin des réseaux sociaux pour déstabiliser un pays ? Il serait naïf de croire que la CIA a attendu Facebook pour renverser des régimes politiques. Au contraire, souvent, les lanceurs d’alertes ont recours aux plateformes pour dénoncer les choses et ainsi prévenir les catastrophes. Ce n’est pas pour rien, encore une fois, que les mondialistes sont en véritable panique devant le phénomène des réseaux sociaux. Car malgré le contrôle qu’ils opèrent sur les propriétaires et fondateurs des plateformes, et bien qu’ils réussissent, au nez et à la barbe des appareils législatifs et judiciaires, à garder le contrôle des contenus, on les a vu totalement désemparés au moment du rachat de Twitter par Elon Musk. Ils ne s’en relèvent d’ailleurs pas. Pour autant, même après ce rachat, l’étau en Russie ne s’est pas desserré. Par conséquent, il ne faudrait pas que l’opération militaire spéciale serve d’excuse pour confisquer la liberté d’expression de manière irréversible. Car si tel était le cas, alors le pays ferait face à un danger double: D’une part, le manque d’échanges empêcherait la population de se protéger contre les abus de pouvoir. Même si le président est bienveillant, — comme en témoigne la prospérité sans précédent que connaît la population russe — il n’est ni éternel, ni seul à gouverner. En d’autres termes, rien ne dit qu’après Vladimir Poutine, la Russie n’aura pas un président ou pire, une présidente mondialiste sur qui il ne faudra pas compter pour restaurer la liberté d’expression. D’autre part, la Russie n’est pas un état monocéphale. Il existe au sein du pouvoir russe de nombreux courants influents qui œuvrent de manière à peine voilée pour favoriser les idées mondialistes avec tout ce que ça comporte de pervers et de dangereux pour une société et pour un pays aux richesses tant convoitées. Or je ne suis pas sûr que certains représentants de ce courant s’accommodent si mal de ce serrage de vis. C’est autant de travail qu’il n’y aura pas à faire après.

La belle hypocrisie des VPN

Tout ce qui est interdit, c’est bien connu, a sa porte dérobée. Or nombreux sont les Russes qui utilisent des outils pour accéder quand même à ce que le pouvoir ne laisse pas voir. Ça existe depuis que le monde est monde. Internet ne fait pas exception, bien au contraire. Nombreux sont ceux qui utilisent des outils pour contourner le blocage des plateformes. Je n’arrive pas très bien à savoir si ce contournement est toléré ou si, (même si j’en doute), les autorités n’ont pas les moyens de tout bloquer. Dans le premier cas, cela équivaut à fermer une porte à double-tours en laissant la clef sur la serrure. Autant laisser la porte ouverte. Et puis, si le gouvernement russe veut interdire X et Youtube, pourquoi persiste-t-il à conserver des comptes et à envoyer du contenu ? Après tout, Karine Béchet-Golovko, (et on s’en réjouit), comme d’autres n’a-t-elle pas un compte sur X ? Le Kremlin et le ministère russe des affaires étrangères ont aussi des chaînes Youtube. Cela voudrait-il dire que la censure c’est seulement pour le bas peuple ?

Puisqu’il faut conclure

Il n’y a pas de prospérité sans liberté et pas de liberté sans vérité, puisque, comme nous l’enseigne l’Évangile, c’est la vérité qui nous rendra libre. Or la vérité s’accommode mal de la censure, même si elle en vient toujours à bout. Des gens ont payé de leur vie leur désir de “vrai”. Il est beaucoup plus facile à un pouvoir de mentir lorsque prévaut la censure que lorsque circule l’information. Jamais la vérité sur le GOULAG n’aurait émergé sans des écrivains comme Soljénitsine. À ce propos, il est heureux que des gens, au Politbureau, aient condamné l’écrivain à l’exil plutôt qu’au camp où il n’aurait pas survécu. Youri Andropov, qui pourtant a supervisé la répression à Budapest en 1956, a été suffisamment visionnaire dans cette histoire.
Beaucoup cependant confondent liberté d’informer et circulation de l’information, avec bruit et bavardage. Trop de bruit est au moins aussi dangereux pour la vérité que la chape de plomb de la censure.
Bien sûr, trop souvent les administrateurs des plateformes s’érigent en pouvoir extrajudiciaire pour faire taire ceux qui leur déplaisent ou ceux qui déplaisent à des maîtres qui manipulent en sous-main des États où l’état de droit ne vaut que pour les autres. Pourtant, tant que les gens continueront d’échanger, la vérité fera son nid et son chemin. Un chemin trop lent, trop long au goût de certain, mais irréversible et inexorable.
Jacques Frantz.

4 commentaires

  1. D’où je conclus que l’idée d’une démocratie authentique et intelligente est une vaste illusion qui n’engage que ceux qui veulent bien la gober, et qu’aucun pays n’échappe à ce constat : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. » « Charles de Montesquieu, De l’esprit des lois).

    1. La démocratie n’est, finalement, pas vraiment le sujet. Le sujet ici est plutôt le droit d’être informer, de choisir ses sources d’informations et, d’une certaine manière, d’exercer un contre-pouvoir. Il ne peut y avoir de pouvoir sans contre-pouvoir. Or il ne peut y avoir de contre-pouvoir sans vérité. Bon! Je ne vais pas refaire l’article ici, mais voilà un peu le schéma.

  2. Voyez, pas besoin de réseaux sociaux!
    🇬🇪🇺🇦🇲🇩Ukraine, Géorgie, Moldavie… Comment Soros, la CIA et des agents comme Raphaël Glucksmann sèment le chaos

    Il suffit d’écouter Glucksmann expliquant tranquillement à des lycéens en 2015 comment s’y prendre pour mener une révolution de couleur.

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