EN 2023, LA PAIX EN UKRAINE EST-ELLE POSSIBLE? (Partie 1)

EN 2023, LA PAIX EN UKRAINE EST-ELLE POSSIBLE

I. Dans le rétroviseur pour mieux comprendre

Les journalistes voyous qui tiennent les médias de propagande refusent obstinément de regarder en arrière pour mieux comprendre les enjeux. C’est en effet tellement commode de faire commencer l’histoire quand ça nous arrange. C’est du reste là qu’on voit la formation marxiste des journalistes de la “caste”. Or il faut être un téléspectateur assidu de LCI ou équivalent pour croire que Poutine s’est réveillé un matin en se disant “tiens, je vais envahir l’Ukraine car ça fait longtemps que ça me démange”. Sans jouer à “qui a commencé”, force est de constater que des éléments étrangers à l’instigation d’une diaspora ukrainienne très organisée et très influente dans les pays anglo-saxons ont joué à fond la carte de la déstabilisation dans une région déjà fragile. Il serait long d’expliquer tous les éléments de nature à fragiliser la région au cours du seul XXE siècle, mais il faut savoir que déjà au moment de la dislocation de l’URSS les choses étaient mal engagées. Rappelons tout de même qu’en 1991 les États-Unis ont joué la carte du “séparatisme” dans un État souverain et ont obtenu la séparation. On l’a oublié, mais ce même État souverain (l’URSS pour ne pas la nommer“ avait moins de huit mois plus tôt réaffirmé par référendum sa volonté de faire perdurer l’Union. Les États-Unis organiseront dans le dos du chef de l’État soviétique la sécession de la Russie et la formation de la communauté des États indépendants composée d’une partie des anciennes républiques constitutives de l’URSS. Inutile de préciser que rappeler cela ne fait en aucun cas de votre serviteur un nostalgique de l’État soviétique, lui-même issu d’un coup de force appelé ”révolution d’octobre » pour la galerie. Il est cependant bon de rappeler les faits à ceux qui font en permanence la morale en nous jouant du violon sur l’air du respect des choix des peuples et de leur liberté à disposer d’eux-mêmes. Par conséquent, les Anglo-saxons ont organisé un coup d’État permettant de séparer la Russie du reste de l’URSS avant de la livrer aux mafias mondialistes. Parce que ce que les imbéciles qui hurlent au retour du communisme en 2023 doivent comprendre, c’est que l’effondrement de l’Union soviétique a constitué une tragédie aux conséquences politiques, économiques, sanitaires et même morales absolument considérables. Ce qui fait que beaucoup de gens éclairés qui pensaient à raison et de bonne foi que le système soviétique ne pouvait perdurer tant était important son lot de malheur, de perversion, d’absurdité et de répression ont vite déchanté devant la misère sociale générée.

À cela il faut ajouter que la communauté des États indépendants (CEI) s’est créée en figeant des frontières dessinées dans un contexte géopolitique d’une autre époque. De surcroît, cela s’est fait en ignorant une réalité selon laquelle du jour au lendemain, les citoyens d’un seul pays devenaient les citoyens de quinze pays; non en fonction de leur origine ethnique ou culturelle, mais en fonction de là où le hasard les avait fait habiter ou naître. Ainsi, des Russes se sont retrouvés du jour au lendemain citoyens ouzbèques sans même comprendre un traitre mot de la langue de leur nouveau pays. Idem dans les Pays Baltes et bien entendu en Ukraine. La Russie, économiquement exsangue à cause de la mise en coupe réglée par les mafias internationales était absolument incapable d’assimiler les citoyens russes désireux de regagner voire pour certains de gagner un pays où certains, comme on l’a vu, n’étaient même pas nés. Et ce qui vaut pour la Russie vaut bien entendu pour les autres républiques. Ainsi, des moldaves sont du jour au lendemain devenus russes ou ukrainiens sans l’avoir demandé. Dès lors, on comprend qu’il est beaucoup plus difficile de créer un clivage entre Russes et Ukrainiens sur le terrain que depuis les studios parisiens d’une chaîne de désinformation continue. Si, comme moi, les imbéciles qui commentent à tort et à travers s’étaient rendus en Russie, ils auraient pu ressentir combien il était douloureux aux Russes de subir un conflit en ayant des amis, voire parfois de la famille dans les deux camps. Il faut être un média occidental pour voir le conflit en cours comme une partie de catch avec des protagonistes d’une couleur d’un côté et d’une autre couleur de l’autre et de compter les points. Ça se complique encore davantage lorsqu’il s’agit de l’Ukraine tant cette entité est proche de la Russie et tant leur destinée, leur histoire et leur langue sont proches. Nous nous garderons bien ici de spéculer sur la légitimité de l’existence de l’Ukraine entant qu’État souverain. À l’heure où j’écris l’Ukraine existe, et la légitimité de son existence n’a, quoiqu’on en dise à Paris, à Londres ou à Washington, jamais été remise en question par la Russie. J’ajoute que jusqu’au coup d’état de 2014 fomenté de l’étranger, l’intégrité territoriale de l’État dirigé par Kiev n’était pas en question. La preuve, Moscou ne remet nullement en question l’intégrité territoriale du Bélarus à la fois voisin de la Russie et de l’Ukraine. Au risque d’être un peu long, j’en profite pour rappeler que bon nombre d’intellectuels soucieux de réformer l’espace territorial post-soviétique avaient envisagé la création d’un espace slave constitué de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine. Certains prévoyaient même d’y ajouter le Kazakhstan. Variante qui aurait fort désavantagé les Américains. De là à penser que ces derniers auraient usé de toute leur influence pour que le démantèlement de l’URSS se fasse dans le désordre, il n’y a qu’un pas que je me refuse à franchir.

Ce qui est sûr, c’est qu’une affaire aussi complexe que la dislocation du plus grand pays du monde et la formation de 15 entités aussi rapidement a été mal ficelée et que tôt ou tard, ça ne pouvait qu’exploser, surtout quand on sait qui fournit les explosifs. Du reste, l’Ukraine est loin d’être le premier et le seul foyer de tension.

À suivre.

Jacques Frantz

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