SECRETS DE MITTERRAND,
ET SI INTERNET AVAIT EXISTÉ?
Je viens de lire un tweet intéressant disant que si Internet avait existé au moment de la mitterrandie flamboyante, les secrets n’auraient pas tenu bien longtemps.
Bien entendu avec des « si » on mettrait Paris en bouteille, vous connaissez aussi bien que moi la chanson. Cela dit, l’analyse m’a semblé suffisamment intéressante pour qu’on s’y penche.
Il est incontestable que les nouvelles circulent mieux et plus vite aujourd’hui et que par conséquent il est plus difficile de garder un secret. Ce qu’il faut imaginer c’est les moyens qu’aurait eu l’ancien Président de la république pour conserver ses secrets. On se souvient qu’il y avait trois grands secrets:
tout d’abord la santé du Président: Au moment de son élection, le président est âgé de 65 ans et semble en pleine santé. Élu au mois de mai on diagnostique sur lui un cancer en octobre suite à des consultations pour des maux de dos qui sont en fait des métastases. Va suivre une grande manipulation: en effet, Mitterrand est piégé par une promesse de campagne sur la transparence absolue au sujet des questions de santé du Président. Cela faisait suite à l’affaire de Pompidou, où le 2 avril 1974 la France apprend le décès du Président de la république en exercice après avoir ignoré sa longue maladie.
Mitterrand avait donc promis il doit tenir surtout que ce genre de promesse est facilement vérifiable. Il va donc tenir sa promesse en publiant un bulletin de santé tous les six mois. Le secret tient vaille que vaille, mais tient quand même. Seul un microcosme médical est au courant, ce qui représente tout de même quelques milliers de personnes qui savent tout ou partie de la vérité. Jacques Attali raconte dans l’un de ses « Verbatim » qu’un journaliste l’interroge sur ce qu’il croit savoir sur une éventuelle maladie du Président. Le cadavre du Président à peine refroidi, sort l’affaire du « Grand secret », titre du livre de Claude Gubbler, médecin personnel dévoué du chef de l’État au courant depuis le début de cette maladie. La majorité politique a changé. Quand bien même, la chiraquie au pouvoir fera payer très cher à Gubbler d’avoir trop parlé. Des campagnes de presse aux ordres et un harcèlement judiciaire aboutiront à la mort sociale de Gubbler. Gubbler est censuré et son livre interdit dans notre belle démocratie. L’internet fait son arrivée dans les foyers. Cela reste un outil nouveau et encore balbutiant. On se souvient tous des MODEMs 56K qui semblent antédiluviens aujourd’hui. C’est la première fois à mon souvenir qu’Internet fait exploser la censure. Le livre ne peut être vendu, il sera à disposition gratuitement sur Internet.
Le deuxième secret concerne les activités de Mitterrand pendant la guerre. Jusque-là son passé de glorieux résistant ne faisait pas de doute. Le journal « Minute » et la revue « Le Crapouillot » en feront état et seront sévèrement réprimés.
Le troisième secret concerne la fille adultérine du Président qu’il a eu avec Anne Pingeot. Là aussi, un certain nombre de personnes savaient et ceux qui ont menacé d’ébruiter l’affaire ont été sévèrement réprimés.
La question est de savoir que ce serait-il passé s’il y avait eu internet. À mon avis à peu près rien de plus. En effet, avec la culture de la transparence, Internet véhicule aussi la culture de l’indifférence.
Le pouvoir et sa presse ont parfaitement su s’adapter et se protéger de cette transparence. On feint l’indifférence et on décrédibilise l’information. On vous dira que telle ou telle information qui, autre fois, aurait fait l’effet d’une bombe n’est qu’une rumeur alimentée par la blogosphère factieuse d’extrême-droite. Ainsi des faits qui, autrefois, auraient fait tomber un régime passent à peu près inaperçus. Le livre d’Emmanuel Ratier « Le vrai visage de Manuel Valls » a cartonné tout l’été, mais n’a pas eu raison du Premier Ministre et de son gouvernement. Pourtant on y apprend que Valls ment en permanence sur sa biographie et prend le contrepied de positions qu’il avait exprimé au par avant et alors? tout cela est accueilli dans l’indifférence générale. Beaucoup s’y intéresse certes, mais cela ne fait pas pour autant scandale. Les médias aux ordres du pouvoir feront aussi longtemps que possible la politique du silence autour des informations concernées et la source sera copieusement discréditée.
Ce qui a changé aujourd’hui c’est l’effet de l’information. Le Ministre de la culture Frédéric Mitterrand avoue par écrit sa pédophilie et reste ministre.
On peut donc penser que si Internet avait existé dans les années 80 dans tous les foyers au même titre que la télévision, des informations se seraient probablement échangées sur la maladie du Président, son passé ou sa fille, et que ce serait sorti plus tôt mais avec des effets très édulcorés. Trop d’infos tue l’info.
En revanche, Internet a pour effet de radicaliser la presse aux ordres du pouvoir qui ne fait même plus l’effort de crédibilité qu’elle faisait jusque dans les années 90. Aujourd’hui un François Foucart n’aurait pas sa place à Radio France. La place est occupé par des Patrick Cohen et ses « cerveaux malades » ou des Philippe Val. En revanche Internet est là pour permettre le débat absent des télévisions et radios conventionnelles.
Si le Front national accédait aux affaires, je pense que l’un des effets positifs serait de retrouver dans les médias du système de vrais journalistes d’opposition. Bien sûr il y aurait ceux qui retourneraient leur veste, mais on peut espérer que la plupart, par souci de crédibilité et de dignité se mettraient au travail pour informer.
Je crois donc que la libération de l’information passe par un seul mot d’ordre
« Hollande dégage ».
Jacques Frantz