MÉLENCHON C’EST DÉSORMAIS LA FRANCE SOUMISE

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Celui qui a passé une très mauvaise soirée le 23 avril, c’est bien Jean-Luc Mélenchon. Peut-être même sa soirée fut-elle pire encore que celle de Fillon.

Je crois tout d’abord qu’on peut sans risque de se fourvoyer prendre acte que la campagne de Mélenchon fut à de nombreux égards tout à fait remarquable. L’homme est extrêmement intelligent, très cultivé et, ce qui ne gâche rien, excellent orateur. Ainsi je pense qu’on peut sans rougir ne pas aimer l’adversaire mais l’estimer. Mais revenons à nos moutons et surtout à notre mêlasse.

Mélenchon, à l’issue de sa campagne, s’y voyait déjà. Il se voyait déjà au second tour face à Marine Le Pen où, comme chacun sait, la victoire est assurée puisque contre Marine tout le monde gagnera. C’est mathématique, les sondages l’ont dit. Hélas, pour une fois, les sondages ont eu raison contre Mélenchon, voire contre votre serviteur.

La pire des hypothèses pour mélenchon s’est réalisée. Ce sera la finance contre le Fascisme. Même si nous savons tous – Mélenchon compris – que cette histoire de fascisme est une vaste arnaque, il n’en reste pas moins que le soir du premier tour, le candidat de la France insoumise c’est retrouvé dans une sacrée mêlasse. Ça tombe bien, Mélenchon et mêlasse ça commence plus ou moins pareil. Dans la mêlasse jusqu’aux chevilles, Mélenchon va se mettre aux abonnés absents. Sauf que le système est un maître très exigent. Surtout que pour une très large part, l’électorat de Mélenchon ne reportera pas ses voix sur le candidat de la bourse et sur le fossoyeur des acquis sociaux. Pis encore. Une partie certes marginale, mais une partie quand même, de l’électorat de Mélenchon s’apprête à voter pour Marine non par adhésion mais par protestation. Et là, Mélenchon est dans la mêlasse jusqu’à la culotte.
En milieu de semaine, il est obligé de déclarer qu’il faut faire barrage au Front National.

Cependant, je l’ai déjà dit, le système est un maître exigent. L’insoumis ne peut prendre la responsabilité d’un gros score de Marine. Même perdante, un gros score de Marine serait une gifle pour le système car cela donnerait une image de rupture et cela sonnerait la fin de la marginalisation. En d’autres termes, Marine à 49 pour cent serait une preuve que le pays ne croit plus du tout à la fable du fascisme. Or de cela, Mélenchon ne peut prendre la responsabilité. Dans la mêlasse désormais jusqu’aux épaules, Jean-Luc doit trouver une issue de secours extrêmement étroite. Il faut donc trouver un moyen de négocier. Je ne crois pas que Mélenchon cherche un poste quelconque. Un siège tranquille à l’Assemblée lui suffira. Par contre, il lui faut trouver une bonne raison de se dédire en appelant à voter Macron. Pour sauver la face, il a demandé à Macron d’infléchir son programme sur la question relative au code du travail. Peu importe que Macron tienne parole ou non une fois à l’Élysée. En attendant, Mélenchon est obligé de pédaler sans arrêt dans la mêlasse pour ne pas en avaler. Au menu de Mélenchon, c’est désormais mêlasse ou couleuvres. Le maître exige que l’esclave se soumette sous peine de disparaître dans le puits de mêlasse décidément sans fond.

L’insoumission de Mélenchon n’était-elle donc qu’une promesse de campagne? Je crains hélas que le dindon de la farce soit une fois de plus l’électeur. Ma foi tant pis. Il n’a qu’à bien voter au 2e tour.

Jacques Frantz