ГОВОРИТ МОСКВА ICI MOSCOU

Très fidèle dans l’ordurerie et l’abjection, Dick Cheney a quitté ce monde pour un monde que l’on dit meilleur. Dans son cas, franchement j’en doute.
On dit (et c’est sûrement vrai) les voies du Seigneur impénétrables. On dit aussi qu’il ne faut pas parler en mal des morts et ne surtout jamais essayer de prédire quel sort leur sera réservé à l’issue de leur séjour parmi nous. Reste que l’héritage de l’ancien vice-président des États-Unis est une immense tache de sang, de souffrance et de malheur à travers le monde. Le temps ne suffirait pas pour énumérer les méfaits dont la vie (publique ou non) de ce personnage est jalonnée.
Il ne m’appartient pas de dire qui a droit à la rédemption. En outre, j’ai toujours soin de mettre entre moi et les défunts un voile de pudeur sans lequel je ne pourrais reprocher aux ordures d’extrême-gauche d’avoir bruyamment célébré la mort de Jean-Marie Le Pen. Qu’il me soit néanmoins permis de dire mon scepticisme à l’égard de la notion du péché de bon nombre de mes amis évangéliques parmi lesquels Cheney et sa bande de voyous comptaient de bruyants soutiens. La doctrine protestante (pour ce que j’en connais), et plus particulièrement la doctrine évangélique, dit en effet qu’il n’existe pas de gradation dans le péché. Contrairement à la doctrine catholique qui enseigne la notion de « péché mortel » ou « péché véniel », chez les protestants il y a le péché un point c’est tout, et le péché est puni de mort puisque la Bible enseigne que le salaire du péché, c’est la mort.
Convenez cependant avec moi qu’on ne peut pas, même dans l’administration divine, traiter le voleur de pommes sur le même plan que celui qui a sur la conscience, s’il en a une, des millions de morts.
Par conséquent, il ne m’appartient pas (même si je suis tenté) de me prononcer sur la question de savoir si Cheney a droit ou non à la rédemption et donc au ciel. Cependant, surtout si on est un enfant irakien, il ne doit pas faire bon, même là-haut, croiser un criminel de cette trempe. Or je me refuse à croire que le paradis est un endroit malfamé.
Tout cela est bel et bon, mais il convient de se rappeler qui était Dick Cheney. Avec son mentor Donald Rumsfeld, il est celui qui a engrangé des milliards en affamant des populations, hommes, femmes et enfants en Irak. Dick Cheney a toujours été un partisan zélé de toutes les guerres déchaînées par les entités les plus violentes. Fervent partisan de la ligne la plus dure et la plus criminelle d’Israël, Dick Cheney n’a jamais reculé devant les postures et les mensonges pour servir ses maîtres et ses causes.

Dick Cheney, faucon de l’imposture

L’homme a toujours été dans la « posture » et dans l’imposture.
Pour s’assurer du soutien du courant évangélique américain, il n’a jamais lésiné, avec le président Bush, sur les démonstrations de ferveur chrétienne ou prétendue telle, ce qui ne l’a pas empêché lors de la dernière présidentielle américaine de soutenir Kamala Harris, partisane de l’avortement et grande amie du lobby LGBT. Pas mal pour un conservateur, non ?
Je pourrais poursuivre ainsi longtemps sur la manière dont l’homme s’est enrichi, ou sur son habileté à jouer sur les tableaux du public et du privé pour saigner le contribuable en Amérique et dans le monde.
Aussi, sans se réjouir de la vie qui s’en va, sans s’abaisser aux méthodes de la gauche, on se souvient de ce qui a été dit à Saddam Hussein que ses amis américains ont arrêté et fait pendre : « le monde est meilleur sans vous ». Oui, le monde aurait été meilleur sans hommes de l’espèce de Dick Cheney. Oui, Dick Cheney, votre disparition laisse – on peut au moins l’espérer – la place à des gens plus humains. Certes très imparfaits, voire voleurs de pommes occasionnels, mais qui ne cumuleront pas sur eux autant de malignité et d’ingéniosité au mal que n’en a accumulé Cheney tout au long de son existence. Sans vous, Dick Cheney, le monde ne peut être que meilleur.

Jacques Frantz