ASSANGE, UNE VOIX QUI NE SE TAIRA PAS

ASSANGE, UNE VOIX QUI NE SE TAIRA PAS

Le 10 juillet dernier, Stella, l’épouse de Julian Assange, donnait à Genève une conférence de presse. L’occasion pour elle de faire le point sur le traitement inhumain infligé à son mari et par voie de conséquences, à elle-même et à ses enfants.
Présent à cet événement exceptionnel qui devrait être de nature à éveiller nos consciences, j’ai pu m’entretenir quelques minutes avec Stella. Nous avons parlé de ce qui était fait dans les divers pays pour que fin soit mise à la détention arbitraire de Julian Assange, en particulier en France. Et le moins qu’on puisse dire c’est que lorsqu’un homme déplaît au camp du bien, beaucoup regardent ailleurs. Même si c’est à mon corps défendant, il me faut reconnaître que c’est le cartel des gauches qui est le plus courageux dans cette affaire, bien que, comme nous allons le voir, le cas traverse les clivages.
Pour autant, il serait déshonorant de passer sous silence que l’adversaire s’honore lorsqu’il s’honore. Ainsi, à part la NUPES, peu de voix institutionnelles se font entendre en France.
Côté américain, il y a bien peu à attendre. Le Président Biden, dont on nous avait dit que grâce à lui, les États-Unis sortiraient de l’obscurantisme et de la barbarie, reste sourd aux appels du monde entier. Bon, il est vrai que deux heures de lucidité par jour ne laissent que peu de latitude pour s’occuper de telles broutilles. Pourtant, le ticket Obama Biden n’avaient-ils pas promis de fermer la prison de Guantanamo? On attend toujours… Un effet Prix Nobel sans doute!
Le quotidien d’Assange, c’est une cellule de quelques m2 où il prend ses repas à l’isolement, comme c’est la règle à la prison de Belmarsh pour au moins 40% des détenus. Assange il y a peu s’est marié en prison. Les seules photographies autorisées de son mariage ont été prises par un des fonctionnaires pénitentiaires. Bref, tout ça pour dire que ça pue dans le monde merveilleux des anglo-saxons donneurs de leçons de démocratie au monde entier.
Dire aussi que le temps presse. La santé de Julian Assange se dégrade rapidement, ce qui peut se comprendre dans un quartier de haute sécurité.
Côté justice, les espoirs sont minces.
On ne connaît pas la date de l’audience de la dernière chance où devrait être prononcée la sentence définitive qui soit rendra sa liberté à Assange, soit l’enverra aux États-Unis (dont le Royaume-Uni n’est qu’une vulgaire province), où il risque 175 ans de détention. Franchement, Poutine à côté est petit joueur. D’ailleurs, si le tableau de la liberté de la presse que dresse Stella fait froid dans le dos, elle a tort à mon humble avis de comparer la situation de Julian Assange à celle d’Evan Guershkovich, journaliste du WSJ détenu en Russie, lui aussi, pour espionnage. Parce que Julian Assange, lui, n’a jamais été vu en train de prendre des photos à proximité d’une usine d’armements dans l’Oural alors que se déroule une opération militaire où le pays dont il est ressortissant est directement impliqué.
Je ne suis pas certain que donner le change de cette manière serve les intérêts de Julian Assange et du journalisme indépendant en général.
Enfin, l’histoire dira avec quelle sincérité certains se sont levés pour prendre leur part à la lutte admirable de Stella. Toutefois, on compte bon nombre de personnes qui, le moins qu’on puisse dire, ne sont pas spécialement épargnées dans ce blog. Qu’importe. Si le Pape François, le Président Lula da Silva entre autre peuvent aider à trouver une issue heureuse à cette affaire, on ne boudera pas notre plaisir. Pour le jésuite du Vatican, j’ai quelques doutes. Et puis, le Vatican c’est combien de divisions. Pour ce qui est du Président brésilien, reconnaissons-lui le mérite d’avoir parlé de l’affaire lors de sa visite à Londres, au moment du couronnement du roi des cons. Vous savez celui dont la dynastie n’est pas bâtie sur du sable, et qu’il y a peu de chances qu’on détrône. Bref, l’Histoire dira s’il s’agit de calcul ou de courage politique. Mais ce qu’on peut dire, c’est que ceux qui se prétendent de notre camp et qui avaient promis de nettoyer le marigot n’ont, il faut bien se rendre à l’évidence, rien fait du tout!
Nombreux sont en effet ceux qui attendaient la grâce de Trump avant de laisser la Maison blanche à son successeur gâteux. alors certains arguent du fait que Julian risquait moins en prison que dehors. Personnellement, ce dont je m’aperçois, c’est que Julian Assange survit davantage qu’il ne vit. Et comme le fait remarquer Stella, “c’est toute la famille qui est en prison”. Je doute que l’État profond américain entende l’appel de cette épouse et de cette mère qui force pourtant l’admiration. Il n’y a qu’à voir de quoi sont capables les anglo-américains en matière de traitement des prisonniers. Regardez c’est édifiant.
Un immense merci à la militante Claire Tierney qui m’a introduit auprès de Stella et qui a participé à cet entretien.
Jacques Frantz

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.