ATTENTAT SUR LE PONT DE CRIMÉE: LES ÉTATS-UNIS DANS UNE LOGIQUE DE GUERRE TOTALE
Comme nous l’avons vu dans mon précédent article sur le sujet, la thèse selon laquelle les États-Unis provoquent Poutine afin d’entrer dans une guerre totale avant les élections du 8 novembre semble se confirmer.
Les Démocrates ont beaucoup à perdre en cas de changement de majorité au Congrès. Car même si, comme l’analyse Xavier Moreau, une bonne partie des Républicains sont sur la même longueur d’onde que les Démocrates sur les questions d’intervention militaires à l’étranger, le parti Républicain est beaucoup plus divisé sur la question. Bien entendu, le lobby militaro-industriel met des oeufs dans un peu tous les paniers. Malgré tout, il faut reconnaître que les partisans de Trump sont sur une ligne beaucoup plus protectionniste sur le plan économique, et nationaliste sur le plan politique. Pour Trump, les alliances militaires sont extrêmement coûteuses et pèsent beaucoup sur le contribuable américain. Du reste, Trump compte d’innombrables ennemis au sein de son propre parti. Dans un pays où le bipartisme est très secoué, la grande inconnue sera combien de divisions Trump comptera dans les rangs des républicains au Congrès dont la victoire ne fait guère de doutes.
Cette question trouve une partie de sa réponse lorsqu’on observe l’action de Trump depuis qu’il a été contraint de quitter la Maison blanche suite à l’élection volée de 2020. Il s’est immédiatement mis en campagne. Depuis, il ne se passe pas une semaine sans qu’il soit en meeting quelque part dans le pays. Et s’il s’implique autant, c’est bien qu’il a l’intention d’installer des Républicains “à lui”, c’est-à-dire des représentants et des sénateurs fiables non seulement pour sa candidature de 2024, mais encore pour incarner une véritable opposition à Barack Obama… Euh! Pardon!!! à Joe Biden.
Or nous savons que le soutien à l’Ukraine est en train de coûter très cher à l’oncle Sam, et il n’est pas certain que l’opinion publique supporte longtemps les sacrifices.
C’est dans ce contexte qu’après l’assassinat de Daria Douguine, le sabotage des gazoducs et l’attentat qui a endommagé le pont de Crimée, la guerre totale devient pour Joe Biden et sa clique, la seule planche de salut.
À cela, s’ajoute un changement de stratégie de l’Ukraine qui, contrairement aux événements précédents a revendiqué son acte. Plus exactement, l’Ukraine a accepté sur ordre d’endosser la responsabilité de l’acte des États-Unis. Puisque comme nous l’avons vu dans le cas de l’ignoble assassinat de Daria Douguine, les États-Unis pour se dégager de toute responsabilité n’hésitent pas à balancer leurs meilleurs amis. De toute façon l’Amérique, et plus particulièrement l’anglo-saxon n’est pas un ami fiable, et l’Ukraine n’est pas un ami, mais un vassal.
Côté russe, (et j’ai bien conscience de me répéter), il va falloir tenir. La posture modérée risque d’être fragilisée par une opinion publique qui commence à avoir soupé des humiliations à répétition. Parce que si l’adhésion à la “mobilisation partielle” décrétée par Poutine aurait, s’il on en croit les médias de grand chemin, pâti d’une certaine impopularité, je peux vous dire qu’avec ce qui se passe, les Russes vont vite reprocher à Poutine de ne pas mobiliser assez.
L’étape suivante serait donc une réponse militaire adaptée de Poutine utilisée par les États-Unis comme prétexte pour intervenir et suspendre les institutions démocratiques.
On est tenté de se demander ce que l’État profond américain et les réseaux mondialistes ont à perdre pour craindre autant l’alternance démocratique. Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet, mais ce n’est pas le moment de développer.
Jacques Frantz