SOMMES-NOUS PRO OU ANTI-POUTINE?

SOMMES-NOUS PRO OU ANTI-POUTINE?

Le 24 février, Bernard Antony publiait dans son blog un article intitulé tout en nuances, “Non à Poutine, non à ses collabos”.

Certains disent que la vieillesse est un naufrage, mais là, j’ai juste l’impression que Bernard Antony, pour qui j’ai par ailleurs beaucoup de respect, s’est arrêté en 1985. Bernard Antony a été, et continue d’être un militant de grande classe qui se distingue, (et c’est assez rare pour être souligné), par une grande honnêteté et une grande constance. Et c’est peu-être là que le bât blesse. Il est tellement dans la constance qu’il ne s’est pas rendu compte que le monde dans lequel il milite n’existe plus. Les clivages, les frontières et les canaux d’information ont changé. Bernard Antony a toujours été un anti-communiste convaincu, à une époque où cela n’allait pas de soi et nécessitait un grand courage. Ce qu’il n’a pas compris, c’est que Poutine ne ressuscitera pas l’URSS. Cette entité est définitivement morte et je tiens pour ma part que c’est tant mieux. Cependant, accuser Poutine d’être un ancien communiste voire un ancien officier du KGB, c’est hypocrite et c’est méconnaître le fait que lorsqu’un système s’écroule, le nouveau système va nécessairement piocher dans l’ancien appareil pour que la machine continue de tourner. Dans un pays où une personne sur trois avait des liens de coopération plus ou moins directs avec le KGB, même si on peut et on doit le regretter, il pouvait difficilement en être autrement. Les médias et les politiciens occidentaux étaient après tout moins regardant au sujet du passé politique d’Eltsine. Rappelons juste un seul fait. C’est bien Eltsine qui a fait du passé table rase en faisant raser la maison où avait été assassiné le Tsar Nicolas II et sa famille lorsqu’il était dans son fief de ce qui s’appelait alors Sverdlovsk.

Rappelons quelques faits.

Les personnes qui ont subi le vol de leur outil de travail, de leur appartement, de leur emploi et de leur argent ont assez vite déchanté après la chute de l’URSS. Cela n’en fait pas pour autant des nostalgiques du communisme. Toutefois, surtout lorsque vous êtes âgé, quand des voyous se partagent la dépouille de ce que vous croyez avoir contribué à construire, vous vous demandez, à tort ou à raison, si le saut dans l’inconnu qu’on vous oblige à faire n’est pas plus dangereux pour vous que la survie d’un système certes très imparfait, mais stable. C’est un peu la même histoire que le loup et le chien ou l’oiseau en cage. Qu’on ne me fasse pas dire que ces gens-là avaient raison, mais ils se sont sentis les dindons de la farce et au surplus, ils ont été ruinés par une clique de malfrats et d’aigrefins. Or force est de reconnaître, que contre toute attente, Poutine est venu apporter une certaine stabilité et, quoi qu’on en dise, une certaine prospérité. De surcroît, Poutine a mis fin au désordre que faisait régner une oligarchie qui, depuis dix ans, mettait le pays en coupe réglée pour le plus grand bonheur de la mafia internationale fort bien représentée en occident. Sans aller jusqu’à dire que le début de l’ère Poutine marque la fin de la corruption, force est de constater que l’intérêt général et la prospérité sont mieux pris en compte par le pouvoir actuel qu’ils ne l’étaient durant la période Eltsine.

Par conséquent, faire à Poutine le grief de vouloir restaurer le communisme, c’est méconnaître les réalités d’un immense pays qui, malgré des secousses inimaginables et les tentatives des États-Unis, n’a jamais été submergé. Bien entendu, on peut regretter le déséquilibre entre l’excès de zèle de Poutine a vouloir dénazifier l’Ukraine, et le défaut de zèle à vouloir liquider l’héritage marxiste léniniste de la Russie. Faut-il pour autant y voir une nostalgie du communisme, je serais tout de même prudent. D’abord parce que je ne sonde pas les coeurs et les reins, et ensuite parce que tant, du point de vue économique que politique, la Russie ne ressemble plus à la défunte URSS. Un seul exemple: je dis toujours à mes amis russes très critiques à l’égard du régime en place que jamais, sous Brejnev, ils se seraient permis le centième de ce qu’ils disent aujourd’hui, à plus forte raison devant un étranger. Dans le manque de volonté de liquider les vestiges soviétiques, peut-être faut-il voir, de la part de Poutine, la crainte que cela soit, à l’époque, perçu comme la continuité du régime Eltsine. Parce qu’il faut bien le dire, les « liquidateurs du communisme soviétique se sont comportés de façon ordurière envers la population comme on l’a vu plus haut. Ce fut le cas, non seulement à l’intérieur de la Russie, mais aussi dans le reste du monde. Les États-Unis et leurs vassaux européens se sont comportés vis-à-vis des Russes comme des vainqueurs, ne lui épargnant au passage aucune humiliation. Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi le régime de Poutine a hésité a liquider ce qui restait des vestiges soviétiques. Je ne dis pas que c’est bien ou mal, mais je tente une explication et surtout une contextualisation. Sortir Lénine de son mausolée et le faire disparaître dans les poubelles de l’histoire est sans doute une nécessité, mais elle n’aurait pas reçu l’aval d’une opinion publique dont l’adhésion était et est toujours nécessaire au projet de reconstruction de la Russie entamé par Poutine. On aimerait avoir davantage de dictateurs pour qui l’adhésion de l’opinion publique est si importante à la réussite du projet. Quant à reprocher à certains, dans notre courant de pensée, de soutenir Poutine malgré sa clémence et ses petits arrangements avec le communisme, c’est refuser de voir les dangers réels qui existent chez nous. Parce que l’alternative au communisme de papa qui nous est proposée, c’est la GPA et Notre-Dame en flammes. Or je suis bien certain que ce n’est pas de cela que veut Bernard Antony. Cela dit, sans chercher en Poutine un sauveur de la France, (le sauveur de la France ne pouvant qu’être Français ou céleste), Bernard Antony est injuste lorsqu’il traite ceux de chez nous qui voient en Poutine un contre-poids imparfait, mais indispensable à la décadence dans laquelle nous sommes entraînés par Macron et sa clique. Observer, comprendre, ce n’est pas adhérer. Aussi, nous traiter de collabos est insultant. D’abord parce que cela ne veut rien dire, et ensuite parce que c’est reprendre la dialectique marxiste d’après-guerre. Dommage que Bernard Antony ait besoin de s’appuyer sur cette branche-là pour sa démonstration. Il devrait savoir qu’elle est pourrie.

J’ajoute que si la seule alternative à Poutine c’est Biden, Trudeau et Macron, je préfère Poutine. Et qu’on me foute la paix une bonne fois en me taxant de “pro Poutine”. Au surplus, croire que Poutine veut ressusciter l’URSS n’a pas de sens. L’URSS est morte et on ne ressuscite pas les morts. D’accord, Poutine tarde beaucoup trop à enterrer ce cadavre, mais il a ses raisons. Cependant, même non enterré, un cadavre ne ressuscite pas. Par conséquent, croire que Poutine veut recréer l’URSS avec des pays satellites en Europe de l’Est, c’est se croire en 1985 alors que nous sommes en 2022. Au moment de l’enterrement de Tchernienko, il y avait deux Allemagnes, un pacte de Varsovie et Jaruzelski en Pologne. Aujourd’hui, la Pologne est dans l’OTAN, ce qui a de quoi rendre l’ours un peu nerveux.
Quant aux copains polonais ou baltes de Monsieur Antony qui chialent en entendant les bruits de bottes à la frontière entre la Russie et leur pays, on a envie de leur dire que c’est toujours ce qui arrive à ceux qui ont vendu leur pays à Coca-Cola. Après tout, les Polonais n’étaient pas si regardants lorsqu’ils ont prêté leur concours à George Bush pour bombarder l’Iraq. Les pays anciennement satellites de l’URSS ont commis une erreur de jugement terrible en se vendant comme ils l’ont fait à l’OTAN. Qu’on me comprenne bien. Jamais je ne trouverai tolérable que la Russie mette un pied en Pologne. Mais en se vendant aux États-Unis, c’est son âme que la Pologne a vendue. Or lorsqu’on dîne avec le diable, il faut une cuillère très longue. Pour la Pologne et d’autres, le prix à payer, ce sont des évolutions sociétales que les populations ne veulent pas, et ce sont des engagements dans des conflits politiques qui les dépassent. Si au moins pour ce prix-là ils avaient l’assurance de la protection de celui qu’ils servent, passe encore. Malheureusement, à la moindre difficulté, les États-Unis feront comme ils ont toujours fait, c’est-à-dire qu’ils laisseront les pays qui leur ont fait confiance se faire dévorer. Allez demander leur avis au Vietnam et à l’Afghanistan. Bien entendu, le pire n’est jamais sûr. aussi je ne crois absolument pas à une volonté expansionniste de la part de la Russie. Cependant, la Pologne et les Pays baltes si chers à Bernard Antony auraient avantage à devenir une zone neutre et souveraine bien plus efficace comme tampon entre deux puissances sous tension, que comme supplétifs de l’OTAN, de la gaypride et de la malbouffe. Peut-être n’est-il pas trop tard, à condition que les pays concernés quittent un radeau bruxellois qui prend l’eau de partout. Aussi qu’on me pardonne de préférer une Russie où les églises sont pleines, à une Ukraine dirigée par un pervers sexuel exhibitionniste qui organise le trafic de gosses. Qu’on me pardonne de préférer une Russie où les églises chantent, à une France où les églises brûlent.

Jacques Frantz

3 commentaires

  1. Antony n’est plus que le représentant d’une droite très judéophile.
    Pourtant, tout le cosmopolitisme forcené qui nous est imposé, toute la paxa Americana qui nous est imposée en Europe avec son lot de vassalisation et de standardisation, tout cela découle directement du diktate de Nurremberg de 1946 qui a décidé qu’il fallait régler, une bonne fois pour toute, le sort des puissances d’Europe en nous empêchant de rester maître chez nous et de promouvoir notre langue, notre culture propre.

    Macron, qui n’est pas un imbécile, ne s’y trompe pas lui.
    Il porte parfaitement l’étandard mondialiste et cosmopolite et ne s’en cache pas.

    Dans son allocution concernant la guerre en Ukraine, il a fustigé une Russie qui veut rester un empire.

    Sauf que pour faire société, un pays doit garder des héros et une mythologie vivasse enseignée de génération en génération.

    Les musulmans, eux, ont leur empire et leur mythologie, c’est la Oumma.

    Quand Macron se moque de ce qu’il appelle le « mode de vie Amish », il faut bien comprendre ce qu’il entend, lui, derrière ça.

    Au demeurant, le mode de vie des Amish n’a rien de répréhensible ni de ridicule.

    Macron veut, lui, nous imposer une société où nous serons pris par les chaînes du crédit bancaire, du droit à une identité numérique dans le sense le plus globale du terme, sans quoi on ne pourra plus vivre.
    Sauf à ne rien posséder à soi qui ne puisse être transporté à dos d’homme, et en tout cas rien qui ne soit connecté.
    peut-être que ce sera le prix à payer pour notre liberté familiale et spirituelle après tout.

    Ou bien il faudra partir vivre en Russie, mais je pense que ce grand pays ne doit pas être toujours facile à apréhender pour un français au quotidien.

  2. Quand Poutine s’en prendra à la Pologne, vous serez « échec et mat ». Aurez-vous l’honnêteté intellectuelle d’enfin reconnaître votre égarement? Il n’y pas de Sainte Russie mais juste un pays impérialiste qui courre à sa perte car il ne pourra sortir vainqueur d’une éventuelle confrontation avec l’OTAN. On voit la médiocrité des troupes russes en Ukraine, la Pologne offrira plus forte résistance encore, soyez-en certain. Si Poutine était le saint conservateur que vous imaginez, il devrait s’entendre avec le PiS et Varsovie, non? Bernard Antony a raison et j’ai peur pour la Pologne qu’elle se retrouve bientôt confrontée à une Russie qui ne cherche en réalité rien d’autre qu’à rétablir le rideau de fer en Europe.

    1. Il est tout de même curieux que Murielle fasse les mêmes fautes d’orthographe que Bernard.

      Tout d’abord, la Russie n’a pas, jusqu’ici envahi la Pologne et on s’en réjouit. Si cela devait arriver, (ce que je ne souhaite pas), je suis certain que l’OTAN viendrait à son secours. Et ce serait normal, vu que la Pologne n’a pas hésité à prêter main forte aux État-Unis lors de leur campagne criminelle contre l’Iraq.
      Pour ce qui est de la progression militaire de la Russie, je dirais qu’il est hélas compliqué d’avoir une information juste en temps de guerre. Comme cela a été dit à plusieurs reprises, la première victime d’une guerre, c’est la vérité. Je note en outre que pour assurer une propagande univoque, la Présidence de la comission européenne qui n’a aucune légitimité démocratique a fait interdire tous les canaux d’information en provenance de la Russie. Je précise qu’au moment où j’écris, les Russes eux, ont accès à la BBC et à Euronews sur leur télévision, et ce, malgré les annonces qui ont été faites. Par conséquent, côté honnêteté intellectuelle je me passe de vos leçons. Voilà, je crois avoir tout dit! Vive la très Sainte Russie à qui on souhaite bon courage dans son sacrifice pour la libération des peuples opprimés par les États-Unis.
      JF

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