FAUT-IL INTERDIRE LES SONDAGES? (SUITE)
Comme je l’ai dit hier,les sondages sont une véritable obsession. L’opinion a un prix, et ce prix est très élevé. Quand j’étais jeune, dans le temps, je m’interrogeais souvent sur comment les sondages étaient fabriqués car je n’avais, (pas plus que mon entourage), jamais été sondé. Dire que les temps ont changé est peu dire. Aujourd’hui, vous êtes sondés sur tout et n’importe quoi. Or si les sondages, comme tout élément marketing, sont néfastes en politique, ne doutons pas qu’ils le sont dans tous les domaines de la vie.
Ils sont très envahissants.
Dans la startup nation, vous êtes sondés de façon totalement compulsive. Par exemple, si vous réussissez à avoir au téléphone un agent quelconque pour régler un problème relatif à une facture d’électricité, vous n’aurez pas plus tôt raccroché que vous recevrez un message vous demandant votre degré de satisfaction suite à votre entretien avec Jean-Michel. “Merci de répondre à ce questionnaire qui ne vous prendra que quelques minutes.”
Personnellement je ne réponds pas. Si l’on considère à juste titre que le temps c’est de l’argent, je considère donc que mon temps est de lo’r. En répondant à ce questionnaire qui fait suite à mon entretien avec Jean-Michel, j’offre du temps à l’organisation dont je suis le client et Jean-Michel l’employé. Cette entité me fait-elle des cadeaux? Poser la question c’est y répondre. En revanche, si c’est du temps perdu pour moi, mes réponses, on s’en doute, ne sont pas perdues pour tout le monde. En répondant à ce genre de questionnaire, vous offrez à l’entreprise un audit sur tout son personnel. À la fin de l’exercice, la compilation des réponses obtenues concernant le chargé de clientèle Jean-Michel aura des conséquences sur sa rémunération voire sur son maintien dans son emploi. Or outre que je m’estime incompétent pour exercer, même très partiellement ce type de pouvoir, je trouve que c’est très dangereux. Mes réponses, dont on connaît désormais les conséquences, peuvent s’appuyer non sur des critères objectifs, mais sur l’humeur du moment ou sur des capacités réelles ou supposées de Jean-Michel à générer autre chose que ma satisfaction sur le produit concerné. Si par exemple, au lieu de Jean-Michel, c’est la voix séduisante et chatoyante de Brigitte qui répond, je peux être enclin à surnoter la chargée de clientèle si aimable, et ce, sans tenir compte de ses réelles compétences. Donc je vous invite à passer systématiquement votre chemin dès lors qu’on vous demande votre avis. Il existe même des entreprises qui demandent des avis sur vous.
Par exemple, une entreprise qui met en relation des transporteurs ou des livreurs avec des clients, non seulement demande une appréciation aux clients sur les transporteurs/livreurs, mais encore, demande à ces mêmes transporteurs/livreurs de noter les clients. Bien entendu, seule l’entreprise dispose de l’ensemble des données sur tout le monde. Or entant que client, mon contrat consiste à payer un bien ou un service, et pas à donner peu ou prou satisfaction. Résistons donc à la tentation de nous venger de tel ou tel prestataire, ou au contraire, de plébisciter tel ou tel autre. Ce n’est pas notre travail. D’autant que je trouve que de nos jours les entités supposées nous servir nous en demandent beaucoup. C’est notre temps qui est en jeu. Disposons-en pour autre chose. Lire ce blog, par exemple.
Jacques Frantz
Le plus important dans un sondage c’est le panel (les personnes qui vont être interrogées et prises en compte). La formation de ce panel est primordiale. Avez-vous été sondé? non, et moi non plus. Sans doute, sommes-nous déjà considérés comme écartés par nature de tout panel car nos réponses sont déjà prévisibles. Le second élément ce sont les questions ou la question posée car dans la façon de poser la question qui est la base du sondage, on provoque une réponse attendue, son contraire ou une absence de réponse selon les personnes sondées. le troisième élément c’est qui paie le sondage… il est évident par nature que si un parti interroge un panel pour connaître l’opinion de l’électorat sur son candidat, il va jouer sur les 2 autres éléments pour obtenir une réponse qui le satisfasse.
Donc à votre question « faut-il interdire les sondages », je dirais qu’il faut les encadrer et que l’information sur la formation du panel et sur qui paie le sondage devrait être communiquées en même temps. Cela lui retirerait beaucoup d’intérêt du coup et les rendrait moins « utiles » pour orienter et influencer une opinion publique indécise.
C’est souvent le cas. On voit en préalable aux commentaires d’un sondage qu’il a été commandé par « France Info et le journal du dimanche ».
La question ici est simplement de savoir à qui profitent les sondages. Certainement pas à la population. Je vois donc plus d’inconvénients que d’avantage à publier des sondages. Si on ajoute que les instituts de sondage sont de véritables pompes à fric, je ne vois pas d’un mauvais oeil que quelques sondeurs se retrouvent au chômage. Je pense que les élections gagneraient en sérénité.