RESPECT POUR IVAN Fandiño
Article qui fait suite à la diffusion par Franceinter d’une chanson ordurière chantée par Frédéric Fromet après la mort du matador de taureaux Ivan Fandiño.
Le 17 juin dernier, aux arènes d’Aire sur l’Adour le matador de Taureaux basque Ivan Fandiño était mortellement blessé par un taureau de l’éleveur Baltasar Ibàn.
Toute la planète des aficionados a été bouleversée par l’accident tragique qui a coûté la vie à Ivan Fandiño, 36 ans. J’ai moi aussi été bouleversé car la mort d’un homme quel qu’il soit et qu’elle que soit son parcours de vie, touche tout le monde… Tout le monde? Non! Certains bobos du camp du bien ont tenu des propos irrespectueux voire orduriers devant cette tragédie qui devrait pourtant nous inciter à baisser la voix. Sauf que “baisser la voix”, c’est une chose que le camp du bien ne sait pas faire. Cette gauche bien pensante qui s’est arrogée depuis Paris le privilège exclusif de déterminer ce qui est bien et ce qui est mal a décidé une bonne fois pour toute dans une analyse manichéenne et binaire que ce qui était arrivé à Ivan Fandiño était la juste rétribution de ce que les toreros font aux taureaux.
Plus que la chanson éructée par un personnage ridicule à la voix de “lady châtre-les”, ce sont les rires gras, vulgaires, et pour tout dire ignobles de ceux qui se prétendent incarner la finesse et le bon goût.
J’en profite pour dire que l’émission qui a été consacrée à l’artiste par Pierre-Albert Blain sur France bleue Gascogne samedi dernier était Belle, parce que digne et déterminée à ne pas laisser dire tout et n’importe quoi. J’en profite pour dire également que lorsqu’on écoute les reportages de PAB, on n’a plus le droit de penser que le monde de la tauromachie est un monde de brutes épaisses et de tortionnaires. Dire cela relève du degré zéro de la pensée! Chanter et rire autour d’un homme à terre, autour d’un homme qui lui, a été dévoré par sa passion, relève du degré zéro de la dignité. C’est d’autant plus scandaleux que tout cela se fait avec l’argent public. Or le service public est pour tous les publics. Que la tauromachie soit pour certains incompréhensible et impénétrable est parfaitement respectable. Cela dit le respect réciproque reste exigible. Nul n’a le droit de se comporter en ordure face à ce qu’il ne comprend pas.
Je saisis cependant ici l’occasion de dire à certains journalistes qu’on ne peut pas être à la fois dans le camp du bien et en-dehors. On ne peut pas à la fois dire “on est chez nous” lorsqu’il s’agit de “fiesta brava”, et abuser de sa position médiatique pour vilipender ce qu’on appelle très abusivement l’extrême droite. Oui Monsieur Blain, les gens du Pas-de-Calais ont autant le droit de dire “on est chez nous” que les Camarguais ou les Gascons. Il n’est par exemple pas honnête en pleine campagne présidentielle de ne pas citer tous les candidats en faveur du status quo en matière de tauromachie. La tauromachie a le mérite de transcender les clivages et le toreo n’est la propriété que de celui qui l’apprécie. Il faut donc que Monsieur Blain sache qu’il y a dans la mouvance qu’il semble exécrer des gens en faveur et en défaveur. Toutefois l’honnêteté oblige à reconnaître que les gens abusivement rangés à l’extrême droite ne sont jamais à l’origine des débordements antitaurins trop souvent constatés dans les villes taurines.
On a vu Monsieur Blain et d’autres journalistes taurins prendre des postures très “Charlie” au moment de l’attentat perpétré à la rédaction de Charlie-hebdo. il a très certainement voulu, par-delà les clivages, honorer ceux qui étaient tombés de manière effroyable. Voilà comment cette même mouvance lui rend la monnaie de sa pièce. La seule réponse que ces gens donnent au respect et à la dignité, c’est l’outrance et l’ordurerie. Imaginez un peu si quelqu’un de la droite de conviction avait fait une chanson irrespectueuse sur la mort de Charb. Là on en aurait entendu des indignations et les sanctions n’auraient pas tardé. Souvenez-vous-en la prochaine fois que des merdeux issus directement ou indirectement d’une immigration déraisonnable viendront faire les kéké dans une salle de rédaction avec des kalachnikovs.
Jacques Frantz
La corrida n’est certes pas un genre de spectacle qui m’attire, mais les traditions, avec leurs qualités et leurs défauts, sont la plupart du temps infiniment préférables à la culture de mort qui les remplace lorsqu’elles disparaissent. Or dans la culture de mort, il y a le fait qu’on puisse impunément tourner en dérision, voire faire ouvertement insulte à la mort d’un être humain, ce que rien, au grand jamais, ne saurait justifier. Ce comportement ignoble devient d’autant plus monnaie courante lorsque la police de la pensée a l’indignation sélective et une fâcheuse tendance, surtout quand cela arrange la bien-pensance, à appeler le bien mal et le mal bien, chose qui ne promet pas une éternité joyeuse à ceux qui persévèrent dans cette voie. Oui, bien que je ne sois pas « aficionada », je dis à mon tour: « RESPECT POUR IVAN Fandiño ».