J’ai été rappelé à l’ordre cette nuit au sujet de mon blog que je néglige. Je dois avouer que ces derniers temps, j’ai laissé mon blog un peu de côté. Le temps me fait tout simplement défaut.
Ce jour, je me suis dit qu’il y avait longtemps que je ne vous avais pas parlé d’Anne, vous vous souvenez celle qui était partie avec mon sac mais qui me l’avait rendu le lendemain. Anne est une femme formidable. De gauche bien sûr, mais formidable. C’est pourquoi je me suis dit que je continuerai, aussi longtemps qu’elle me le permettra, à lui faire une petite place sur ce blog.
J’aimerais aujourd’hui vous relater une petite conversation que nous avons eue voilà quelques jours. Nous parlions du danger que représente la montée du Front national. Ce qui est intéressant avec Anne, c’est que nos conversations sont un peu comme une promenade en forêt vierge. Il faut défricher le terrain. Alors que nous devisions gravement sur le danger que représente la montée de l’extrême droite, j’ai eu soudain l’outrecuidance de poser la question de savoir quel était ce danger?
Car si la classe médiatique nous abreuve de mises en garde sur le retour de la bête immonde, il lui est très difficile de définir de quoi exactement ce danger est fait. J’ai donc posé tout de gob à Anne la question suivante:
« Quel serait pour toi le danger concret de l’arrivée au pouvoir du FN dans notre pays »? Et là, surprise. Dès qu’on parle de concret, ça s’embrouille. Très vite, on s’enlise. Même moi, je l’avoue, je perds pied. Vous qui, à juste titre, certainement, vous opposez au FN, avez-vous imaginé à quoi ressemblerait un lendemain de victoire de Marine Le Pen? Que se passerait-il?
Anne me fait part de son angoisse devant le danger de racisme. Je lui objecte que ce ne peut en aucun cas constituer pour elle un danger immédiat. En effet, comme chacun sait, le racisme est un délit dont seul les Français d’origine européenne peuvent être coupables pour peu qu’il s’exerce à l’encontre de la population afro-magrébine. Pensez donc, depuis plus d’un demi millénaire, on déblatère contre l’Anglais et, à l’exception de Jeanne d’Arc, on n’a pas vu qui que ce soit traîné devant les tribunaux pour incitation à la haine raciale ou à la xénophobie pour un bon mot, même de goût douteux, sorti à l’encontre des sujets de sa vieillissante majesté. Si, comme Jeanne, vous dites que vous aimez les Anglais chez eux, vous pouvez dormir tranquilles. Essayez d’écrire ou de dire en public la même chose con à l’endroit de populations provenant de l’Afrique sub-saharienne ou du Magreb. Vous aurez tôt fait d’avoir des ennuis avec la justice.
De même, si un représentant des communautés susmentionnées tient des propos désobligeants à l’encontre d’un Français d’origine européenne, là non plus, peu de risques que les officines qui vivent grassement de l’antiracisme grimpent aux rideaux et saisissent les tribunaux. On n’a jamais vu le MRAP ou la LICRA ester en justice et se porter partie civile aux côtés d’un Français d’origine européenne insulté en raison de son origine ethnique ou de ses convictions religieuses.
Force est donc d’en conclure que les victimes de racisme sont bien déterminées. Ainsi donc, les individus de la même origine que ma soeur Anne n’ont aucune chance d’être victimes de racisme, puisque pour eux, le racisme n’existe pas. Par conséquent, le racisme du FN ne saurait constituer pour Anne un danger immédiat. Pourtant Anne a peur. Elle a peur comme on lui a ordonné d’avoir peur. Elle fait tout juste. En 2002, la boule au ventre, les gants de vaisselle aux mains et la larme à l’oeil, elle a voté Chirac. Elle a permis à l’un des hommes probablement les plus corrompus de la Ve république de se maintenir au pouvoir en foudroyant la « bête immonde » avec son calibre 82.
Lorsqu’elle tombe sur une émission de Marine le Pen, elle garde sa télécommande à portée de main pour changer de chaîne au cas où elle se laisserait séduire par le discours.
Alors je repose ma question: « En quoi l’arrivée au pouvoir du FN constitue-t-elle un danger immédiat pour Anne? »
Là, je n’obtiens d’autre réponse que « ah non ça jamais ». Ou encore: « ce n’est pas parce que j’ai la chance de m’appeler Anne Dupuy que je ne dois pas me préoccuper des questions de racisme etc… »
Qu’on me comprenne bien. Le FN n’est plus qu’une PME familiale au service d’intérêts particuliers qui s’inscrivent dans un schéma politique qui, espérons-le, sera bientôt dépassé. et balayé. En attendant, je suis un peu triste de voir des gens fonctionner dans des schémas où on leur dit, comme à des enfants, quand et de quoi avoir peur. Le pire est que le FN n’existe que parce que le système le veut bien. La preuve, tous les dissidents du FN qui se sont lancés en politique se sont lamentablement « plantés ». Le FN est un repoussoir maintenu en vie par un système qui n’a plus que la peur pour se maintenir en place.
Si, en lieu et place du FN il y avait eu une droite décomplexée et pluraliste, Hollande ne serait pas au pouvoir en train de matraquer ce qui reste de forces vives à la nation.
Quant à toi ma soeur Anne, si je te disais ce que je vois venir…
Jacques Frantz