Albert Jacard est mort. Ben oui, ça devait arriver. Comme on disait en Égypte jusqu’en 1981, ça date. Ben oui, mais mon absence a fait que j’ai gardé sous le coude ce que j’en pensais, pour vous le livrer aujourd’hui.
Qu’on me comprenne bien. La mort d’un homme est toujours inacceptable, en tous cas pour moi qui me suis défait de ma condition de mortel en acceptant le sang de la croix versé pour moi. Si la mort d’Albert est un drame pour toute l’humanité, et j’insiste, comme c’est le cas pour chacun de nous, elle n’est pas une perte.
On nous présente, peut-être à juste titre, Albert comme un grand savant. Un bienfait pour l’humanité qu’on nous a dit. Je n’ai pas les moyens de contester, d’apprécier ou de déprécier le savoir et l’intelligence de l’homme dans son domaine. Pensez, moi qui n’ai jamais pu résoudre une équation à deux inconnus, je serais bien en peine de donner mon avis sur le travail d’un homme de sciences. En revanche, vous l’avez compris, j’ai à dire sur l’homme tout court et sur ses engagements politiques.
Sous le déguisement de l’humaniste, Jacard était un partisan du cahot nihiliste, plus sûr moyen de détruire la société.
On se souvient tous de sa tronche de premier de la classe et de sa voix de fausset qui nous faisait la morale, nous expliquant que tout le monde avait droit au logement, avec toutefois une priorité à ceux qui s’étaient donnés la peine d’entrer sur le territoire en toute illégalité. On se souvient de ce vieux barbon qui haranguait ceux qui campait et qui forçaient au pied de biche les portes des immeubles qu’ils avaient considéré légitime d’occuper. On n’oubliera pas celui qui voulait donner des papiers de façon massive, créant ainsi une pompe aspirante à la terre entière.
Essayons d’y voir plus clair:
tout homme a droit à un abri. La vie du sans abri est une tragédie pour ceux qui la vivent. Dieu fait homme n’a pas eu d’abri humain pour sa naissance. Le chrétien que je suis doit compassion et empathie à tous ceux qui sont dépourvus de toit.
Il est dès lors facile de jouer les robin des bois pour la gloriole médiatique en poussant au délit tout ce que la France compte de miséreux et de déracinés. Car ne nous y trompons pas. Forcer les portes de propriétés privées reste, et c’est tant mieux, un délit puni par la loi. Et même si tout ce que la France compte de bien pensants trouve cela légitime, ces même bien pensants n’ont pas mandat pour y changer quoi que ce soit. Seul le législateur aurait pu décider de légaliser l’intrusion forcée des locaux privés dès lors que le Professeur Jacard l’avait décrété légitime. Ben non désolé. Même si je considère que la France est en sérieux déficit démocratique, il n’en reste pas moins que c’est le législateur qui fait la loi et pas les pervers du DAL. Avec ce genre de dérive, après s’être attaqué aux immeubles vides des banques et des assurances, on s’attaquera à ceux dont le logement sera jugé trop grand, puis à ceux qui ont l’outrecuidance d’habiter dans un logement individuel. On a vu le résultat en URSS. Visiblement Jacard n’avait pas l’intelligence je ne dirais même pas d’anticiper), mais tout simplement de retenir un tant soit peu les leçons de l’histoire. Reconnaissons en outre, que les banques, les assurances et autres grosses machines à spéculer qui possèdent des locaux vacants dans Paris sont dirigées majoritairement par des socialistes. cherchez l’erreur.
En plus, quelque chose m’interpelle. Comme on l’a vu, les deux grands combats de Jacard, pour faire parler de lui, étaient la légalisation de tous les sans-papiers et le droit au logement pour tous. Or si tout le monde n’a pas de quoi se loger, c’est peut-être qu’il y a une pénurie de logements. Or favoriser l’entrée massive illégale de personnes qu’on ne peut loger relève, dans le cas de Jacard, de l’escroquerie intellectuelle. Quand on évoque Jacard, on comprend pourquoi Montaigne préférait les têtes bien faites aux têtes bien pleines.
Jacques Frantz