BOMBE PROPRE OU BOMBE SALE

Un samovar en train de bouillir d'où sort vapeur et fumée.
Samovar avec fumée et vapeur

BOMBE PROPRE OU BOMBE SALE

ГОВОРИТ МОСКВА ICI MOSCOU

Belle lectrice, je suis à Moscou pour une seule raison, le plaisir de voir la tête des collègues à qui je dis que je vais à Moscou. C’est un véritable bonheur. Ça veut dire que les leçons de morale ne sont suivies que de façon parcimonieuse.
Un de mes lecteurs grincheux m’a dit en outre dans l’un de ses commentaires, “puisque c’est si bien à Moscou, allez-y et surtout restez-y”. Comme je ne fais que ce que je veux, j’applique la première partie de la consigne. Le propos d’aujourd’hui est tout autre. Depuis quelques jours, les Russes tentent d’alerter le monde (que je me refuse à appeler communauté internationale), sur le danger que ferait courir l’État ukrainien en étant sur le point de balancer une ou deux bombes sales. Les habitants du Donbas seront heureux de savoir que ce qu’ils reçoivent sur le coin de la figure depuis 2014 sont des bombes propres. Tout humour étant déplacé, je rappellerai seulement que ce qu’on appelle communément une bombe salle est un engin non nucléaire contenant de la matière radioactive. La bombe, en explosant, libère et diffuse cette matière radioactive, contaminant ainsi les populations et l’environnement.
Chacun est en droit de se demander (nous sommes après tout en temps de guerre), si la Russie veut empêcher le pire d’arriver, ou si elle veut faire porter le chapeau d’une mauvaise action qu’elle aurait l’intention de commettre.
Les amis de Kiev qui vous gavent de “nous sommes tous ukrainiens” matin midi et soir, vous diront que Poutine est un grand psychopathe qui s’est engagé dans une entreprise totalement aventureuse dont il est en train de sortir grand perdant. Donc par vengeance, il est capable de n’importe quoi, d’autant qu’il est très malade et que Biden, lui, se porte comme un charme.
Militairement, même si la Russie semble avoir été en difficulté quelques temps, il semblerait que les progrès de Kiev sur le front sont un peu figés. La grande victoire tant attendue susceptible de balayer la Russie et les Républicains aux élections de mi-mandat aux États-Unis, se fait attendre. Souvenez-vous que j’ai dit dans ces pages que l’État profond américain se verrait bien reporter les élections qu’il est sûr de perdre. Or quoi de mieux qu’une action avec du nucléaire dedans qui ne serait pas une véritable attaque nucléaire. Après tout, une bombe salle aurait de nombreux avantages pour les États-unis. Elle enfoncerait l’ensemble du continent européen déjà en crise politique, économique et énergétique, dans une nouvelle crise sanitaire associée à une crise environnementale. Quand on aime on ne compte pas. Le Président Zelensky, qui, de toute façon ne fait que là où papa lui dit de faire, s’en fiche, puisque pour lui et bon nombre de ses amis, le monde est un hôtel, et ses milliards lui permettent de se pavaner où il l’entend. Du reste, il a déjà installé ses parents à l’abri à Londres, dans une somptueuse villa de plusieurs millions de dollars.
En Russie, ce n’est pas la même chose. Poutine n’a qu’une maison. Une catastrophe environnementale du type de ce qui s’est passé à Tchernobyl constituerait une onde de choc politique considérable. De plus, Poutine n’a pas vendu aux nouveaux territoires llibérés l’appartenance à la Russie pour ensuite les mettre dans un épouvantable marasme. Les conséquences de Tchernobyl se font, (c’est peu dire), encore cruellement ressentir. Or comme chacun sait, les conséquence environnementales de la catastrophe survenue en avril 1986 se sont faites sentir bien au-delà de l’Ukraine, puisqu’elles se sont étendues jusqu’à la frontière occidentale de l’Allemagne. Tout le monde se souvient que le nuage radioactif n’a pas osé franchir la frontière française. Kader et Moqtar sont beaucoup plus courageux. Car à eux, la frontière française ne fait pas peur. Mais il y a un autre paramètre politique qui compte, c’est le Bélarus. Le Bélarus, on le dit peu, a payé un très lourd tribut lors de l’accident de la centrale nucléaire ukrainienne. Or si la majorité de l’humanité est en faveur de la Russie malgré toute la propagande hollywoodienne, La Russie compte sur les doigts d’une seule main ses vrais amis en Europe. Loukachenko est l’un de ceux-là et il goûterait assez peu une bombinnette radioactive de son grand frère Vladimir. En faisant le maximum de bruit autour de cette attaque en préparation, le Kremlin espère empêcher les choses d’arriver. Bien entendu, la propagande occidentale n’hésiterait pas à accuser une nouvelle fois la Russie. Sauf que l’argument est éculé. Après l’attentat contre Daria Douguine, l’attentat contre les gazoducs et l’autoradiation, à force de se tirer des balles dans le pied, la Russie pourrait se retrouver en fauteuil roulant. Oui parce que le moins qu’on puisse dire, c’est que ces événements sont très néfastes à la Russie.

Et puis franchement, le coeur n’y est plus. Le train de la grande illusion des reconquêtes ukrainiennes semble être passé. Les prises ukrainiennes de ces dernières semaines ne profitent guère à Kiev, et l’automne et ses terrains détrempés, puis l’hiver et ses sols gelés rendent coûteux et complexes l’avancée dont la clique de Biden a besoin pour limiter les dégâts aux élections. Outre les sols détrempés, les arbres qui ont perdu leurs feuilles rendent beaucoup de manoeuvres visibles, bref, c’est compliqué. De surcroît, même chez les démocrates, des voix se font entendre pour mettre fin à la guerre. La guerre ne profite pas à la population des États-Unis. Elle profite aux voyous du complexe militaro-industriel. Ajoutez à ça l’inflation et une crise difficile à contenir et vous comprendrez que certains démocrates qui aimeraient bien continuer de manger à la gamelle du Congrès font pression pour en finir avec une énième guerre dans un endroit du monde dont il y a encore peu, ils ignoraient l’existence.
Espérons que le barouf fait par les Russes autour de cette funeste bombinnette permettra d’écarter le danger. On croise les doigts et on a une pensée pour tous ceux qui affrontent l’hiver sur le front.
Jacques Frantz

4 commentaires

  1. Merci pour cette explication éclairante de cette bien étrange notion de « bombe sale » parce qu’ayant entendu cette expression à la radio alors que je n’écoute plus guère ce média en raison de la propagande qui y tient le plus souvent lieu d’information, ma première réaction a été de penser : « Ah bon, parce qu’une bombe propre, ça existe ? » Concept bien américain que celui de guerre propre, comme si la pire invention que le diable ait pu inspirer aux humains pouvait devenir acceptable dès lors que ce pays la fait jusqu’au dernier des autres de préférence !

    1. C’est très finement observé, et c’est pour cela que j’ai voulu pointer du doigt dans un article cette notion très manipulatrice à mon avis. J’ajoute que derrière, on nous laisse volontiers entendre que tout ce que font les Russes est sale, tandis que tout ce que fait le camp du bien est propre et vertueux. Ça se passe comme ça peut-être chez McDonald’s, mais chez nous, il est largement temps que ça se passe autrement.
      JF

  2. Salut, je viens contester ici tous les articles sur ce blog qui présentent une vision totalement inversée de la réalité russe et de son agression incroyable de l’Ukraine selon laquelle : c’est Biden marionnette totalement sénile du clan maffieux Obama, frauduleusement élu qui a agressé la glorieuse Russie en soutenant l’Ukraine corrompue et son président juif richissime, alors que Poutine n ne possède qu’une seule maison..
    Ce récit peut s’épanouir dans un environnement politique et social libéral dans lequel des médias pluraliste et libres exposent sans contraintes policières faits et opinion divergentes . qu’une unité de police scientifique de la gendarmerie française est actuellement dans la région de Boukcha Dans le cadre d’une mission d’assistance judiciaire pour l’instruction de crimes de guerre, et contre l’humanité qui ne sont pas de la propagande mais une réalité dont est responsable poutine et ses soldats.

    En russie et dans les zones qu’elle contrôle, la liberté a totalement disparue depuis février, puisque le mot de guerre y est criminalisé .

    Ainsi notre brillant chroniqueur peut soutenir que Biden a volé son élection par des fraudes massives « imaginaires » , et qe Des populations ont choisi par l’expression du suffrage universel de demander le rattachement
    à un autre État. La participation a été forte et le résultat sans appel..
    C’est parce que l’Ukraine, avec beaucoup de difficultés faisait le choix irréversible de la démocratie et du développement économique pour sa population, rejoignant tous les anciens pays satellites dont le niveau de vie est désormais largement supérieur à celui des russes, qu’elle constituait une menace sérieuse pour le pouvoir mafieux de Moscou, qui craignait plus que tout la contagion ;.
    C’est ce qui explique la volonté de destruction sauvage des institutions étatiques et sociales afin de terroriser la population, sur le modèle des nazis, et des communistes staliniens .

    PS : il est important que notre orateur explique pourquoi le gouvernement Polonais qui partage la conception de démocratie il libérale contre la faillite morale de l’ouest, mise en œuvre par Poutine est aussi son ennemi le plus acharné mortel et jusqu’auboutiste .
    BD
    Quelques éléments pour une connaissance d’une réalité sans fars provenant d’horisoon divers :
    1*André Marcovitch EST un poète d’origine russe,
    Il a traduit les grands auteurs de la littérature russe tel Tchekhov, Pouchkine et Dostoïevski /.
    Un
    Tient son billet régulier sur Facebook dont les analyses percutantes sont irriguées par sa connaissance profonde de l’histoire et la culture russe.

    (18) André Markowicz | Facebook
    Facebook
    https://www.facebook.com/andre.markowicz
    Il peut ainsi montrer les continuitésdans les manifestation de violences extrèmes de l’histoire russe qui trouve un aboutissement actuel dans le régime mafieux incompétent et corrompu de Poutine.
    Le fait que des livraisons modestes d’armes modernes ait suffit à compenser la disproportion des moyens, et ait enrayées probablement définitivement la machine agressive montre le degré de décomposition de ce régime dans la barbarie .
    Di la Russie était sensée disposer de 4000 chars,la corruption est telle qu’il semble qu’un petit nombre aient été en état de marche car beaucoup aient été vendues à la découpe, en pièce détachés .
    2*article:

    Effacer un pays du visage de la terre – La République des livres
    de Pierre Assouline

    https://larepubliquedeslivres.com/effacer-un-pays-du-visage-de-la-terre/

    3*Pour conclure, un article d’une reporter bien connue otage dans l’Irak de l’invasion américaine :

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    En Ukraine, à la recherche des civils disparus : « A-t-il encore des bras ? Des jambes ? » Par Florence Aubenas (Dymer, Ukraine, envoyée spéciale) Par Florence Aubenas (Dymer, Ukraine, envoyée spéciale) Par Florence Aubenas (Dymer, Ukraine, envoyée spéciale) Le 29 août 2022 à 05h15 – Mis à jour le 29 août 2022 à 19h10.
    Article réservé aux abonnés
    REPORTAGE Dans la commune de Dymer, proche de Kiev, 58 familles restent sans nouvelles de leurs proches, arrêtés et déportés en Russie. Certains de ces prisonniers servent parfois d’otage à Moscou pour être échangés contre des soldats.
    Lecture 7 min.
    Le portable a arrêté d’émettre le 13 mars. La jeune épouse se souvient précisément de ce jour où son mari a été capturé alors que les troupes russes occupaient Dymer, une ville ukrainienne à une soixantaine de kilomètres de Kiev. Dix jours plus tard, le téléphone a soudain repris du service. La femme appelle un expert en informatique. Comme on consulterait un devin, elle lui demande : « Où est le portable ? ». Il est localisé à Krasnodar, dans le sud-ouest de la Russie, à 1 300 kilomètres de Dymer : le spécialiste lui trouve même le nouveau numéro par les réseaux sociaux. Sans la guerre, ses lignes de front et ses infranchissables frontières, la jeune épouse serait déjà partie à Krasnodar.

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    « L’Ukraine est en train de reprendre ce qui est à elle », déclare Volodymyr Zelensky au moment où Kiev lance sa contre-offensive dans le Sud Entretemps, un voisin, disparu en même temps que son mari, a été libéré de la prison russe où ils étaient tous deux détenus. Elle le supplie. « A-t-il encore des bras ? Des jambes ? Tu peux tout me dire. Une seule chose compte : qu’il soit en vie. » Le voisin se tait. Sa détention l’a cassé, ça se voit. Il n’est plus le même, physiquement.

    Les familles de disparus témoignent des conditions d’arrestation et de détention de leurs proches par l’armée russe. A Dymer (oblast de Kyiv), le 6 juillet 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE » Certaines nuits, la jeune épouse se dit qu’elle va appeler le portable. Elle ne peut pas s’empêcher de penser à « l’autre », chez qui le téléphone a atterri, là-bas, à Krasnodar. C’est une femme, elle l’a traquée sur VKontakt, le Facebook russe. Elle l’imagine grosse et laide, forcément. La colère prend la jeune épouse. « Quelle personne normale demanderait à son mari : si tu vas en Ukraine, rapporte-moi le portable d’un prisonnier ? » Elle se souvient de ses photos de famille sur le téléphone. « L’autre » les a-t-elle gardées ? Les regarde-t-elle ?

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    Six mois de guerre en Ukraine en photos
    Mélange glaçant de torture et de bureaucratie

    Comme beaucoup de bourgades au nord de Kiev, Dymer compte cinquante-huit civils détenus en Russie, y compris des femmes, un nombre important au regard d’une population de 6 000 habitants. Tous ont été arrêtés et déportés pendant l’occupation russe de la région du 25 février au 22 mars, un crime de guerre selon les conventions de Genève, rappelait un rapport de Human Rights Watch (HRW) en juillet. L’ONG évoque « des centaines d’Ukrainiens non-combattants que les autorités russes ont ainsi fait disparaître de force », sans chef d’accusation.

    « Les accords prévoient des soldats contre des soldats, des blessés contre des blessés, Mais Moscou utilise les civils comme des otages », Iryna Verechtchouk, vice-première ministre ukrainienne Lire aussi :
    Jour de fierté à Kiev, après six mois de guerre et de résistance Cette situation s’explique d’abord techniquement : la commune de Dymer se situe à une heure de route de la Biélorussie, état vassal de Moscou, et donc un chemin facile pour évacuer des prisonniers ukrainiens. Mais pourquoi des civils ? Parce qu’ils sont moins dangereux à attraper que les soldats et que « le Kremlin comptait s’en servir comme monnaie d’échange contre des prisonniers de guerre russes, des combattants donc », explique Iryna Verechtchouk, vice-première ministre, longtemps chargée du dossier à Kiev. Echanger des civils contre des militaires ? « Les lois de la guerre l’interdisent : les accords prévoient des soldats contre des soldats, des blessés contre des blessés, poursuit Iryna Verechtchouk. Mais Moscou utilise les civils comme des otages, c’est du business pour eux. » Dès lors, les libérations se font au compte-goutte et le périple de ces citoyens prisonniers raconte aujourd’hui un pan de la guerre, mélange glaçant de torture et de bureaucratie.

    Lors du retrait des troupes Russes de la ville de Dymer le 30 mars 2022, certains prisonniers, dont Oleg Tchernenko (au premier plan) ont été enfermés durant vingt-quatre heures dans cette maison aux abords de la forêt de Katyuzhanka (oblast de Kyiv), en Ukraine. Le 9 juillet 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE » A Dymer, les cinquante-huit familles des civils captifs ont créé un groupe informel, qui se rassemble timidement sur les bancs d’un parc de la ville. « Pour les arrestations, ils choisissaient des costauds », commence une mère. Une deuxième la coupe : « Non, le mien est petit et doux. » Il était parti voir « où étaient les chars russes » au début de l’occupation. Pendant trois jours, il est resté ligoté à un arbre, aux yeux de tous, avant d’être embarqué dans un convoi. Il avait 20 ans. Un artisan a été enlevé à bord de son « utilitaire Mercedes avec GPS dernier modèle : ils voulaient la voiture, ils ont pris l’homme avec », dénonce sa femme. Les familles parlent toutes de « personnes normales », disparues pour des raisons dérisoires ou incompréhensibles.

    Vestiges visibles

    Une ouvrière aux belles joues rondes est l’une des rares à vouloir sortir de l’anonymat : Olga Konontchouk, 32 ans et trois disparus parmi ses proches. Son mari Vasyl a été pris le premier, le 4 mars, sur son vélo, à Dymer. Puis deux de ses trois frères ont été arrêtés dans l’appartement familial, Oleg l’aîné et Andryi le cadet, ouvriers dans le bâtiment. Les soldats russes étaient accompagnés par un voisin, menotté et visiblement torturé : le bout de ses doigts était coupé. C’est lui qui leur a indiqué que le troisième frère d’Olga était soldat au front. Les deux autres sont emmenés à leur tour, battus puis traînés dans la forêt de Katyuzhanka, toute proche. Les Russes y ont installé une base secrète.

    Olga Konontchouk, 32 ans, n’a plus de nouvelles de son mari depuis le 5 mars 2022. Il s’est fait arrêter par les soldats russes lors de l’occupation de la ville de Dymer (oblast de Kiev) ainsi que deux des frères d’Olga et un voisin. Tous ont été frappés et torturés dans la forêt de Katyuzhanka à quelques kilomètres de la ville, là où les Russes avaient établi leur base. Ici à Katyuzhanka, le 9 juillet 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE » Les vestiges restent visibles aujourd’hui, galeries de terre et de rondins dissimulées sous les fougères, caisses de munitions vides, longues tranchées garnies de tapis dérobés dans les maisons. Au milieu des bouleaux, un trou : dix mètres de diamètre, quatre de profondeur. Pendant trois jours, les deux frères et le voisin y ont été entassés avec une quinzaine d’autres civils, les uns sur les autres, ligotés. Rien à manger, rien à boire. Parfois, un soldat vient les frapper. Tous sont évacués vers la Russie, sauf l’aîné, intransportable à cause d’une jambe brisée par un coup de crosse.

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    « Rachisme », contraction de de « Russie » et « fascisme », nouveau mot de la guerre en Ukraine Pendant l’occupation de Dymer, la famille d’Oleg Tcherkov, entrepreneur en pompes funèbres, allait tous les jours au checkpoint russe. « On mettait un drapeau blanc sur la voiture et on roulait doucement, vitres ouvertes. On leur demandait : “qu’avez-vous fait de lui ?” A la fin, les sentinelles nous évitaient », raconte Tetyana, sa femme. L’entrepreneur a été embarqué le 16 mars, lors d’une fouille générale dans son quartier, un bel ensemble de villas résidentielles, où il montait la garde pour éviter les pillages. Un militaire russe finit par lâcher à Tetyana : « S’il part pour Hostomel, personne n’en revient. »

    La torture, comme une formalité

    Hostomel, c’est la ville voisine, première étape des transferts vers la Biélorussie, puis la Russie. Yulia Ivannikova-Katsimon, 38 ans, y est passée avant de rester plus d’un mois en captivité de l’autre côté de la frontière. Elle est une des rares à avoir été libérée, le 19 avril. Aujourd’hui, c’est elle qui a lancé le mouvement des disparus à Dymer : on pourrait dire qu’elle en est l’âme, si elle n’en était également les jambes et le cerveau. Elle ose écrire à l’administration russe pour exiger des informations, interroge ceux qui ont pu sortir pour retrouver la trace des disparus. La ferveur de son engagement fait parfois ressembler cette mère de famille à une religieuse.

    Lors de leur progression vers Kiev fin février, les soldats russes avaient établi une base à quelques kilomètres à l’ouest de la ville de Dymer, dans la forêt de Katyuzhanka (oblast de Kyiv). Ils avaient creusé des tranchées et dormaient sous-terre. C’est dans cette même forêt qu’ils déplaçaient certains prisonniers pour les torturer. Ils se sont retirés le 30 mars 2022. Ici à Katyuzhanka, le 9 juillet 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

    Yulia Ivannikova-Katsimon fut détenue puis déportée par les Russes. Libérée le 16 avril 2022 lors d’un échange de prisonniers de guerre, la jeune femme de 38 ans a évacué et sauvé plus d’une centaine de personnes de la ville de Dymer (oblast de Kiev) au début de la guerre. Ici, dans l’enceinte de la caserne de pompier dans laquelle elle travaille comme opératrice d’appel d’urgence, à Kiev, le 5 juillet 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE » Bénévole à la Croix-Rouge, Yulia organisait l’évacuation des habitants pendant les combats. Pour stopper l’avancée russe, les Ukrainiens avaient en effet détruit les ponts et volontairement inondé des zones entières, bloquant certains villages du côté des lignes ennemies. Des familles tentent de fuir à bord d’embarcations bricolées. L’une coule, vingt personnes sont noyées. Yulia a l’idée d’utiliser sa trottinette électrique, capable de zigzaguer sur des passerelles de fortune. En deux semaines, elle convoie plus d’une centaine de personnes.

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    Les Occidentaux inscrivent leur soutien militaire à l’Ukraine dans le long terme Yulia est la seule, avec un autre bénévole, à traverser le front. « Je ne sentais pas la peur. Une chose me tenait : faire le plus vite possible. » Le 18 mars, elle est arrêtée au poste de contrôle russe avec son gilet de la Croix-Rouge et sa trottinette. La suite du récit, elle ne peut la raconter sans être secouée de violents frissons. Pour qui arrive à Hostomel, la première étape est la torture, exécutée sans distinction, à la manière d’une formalité. Yulia est battue, puis laissée nue cinq jours dans une pièce au plancher glacé. On lui demande ensuite de se soumettre : attester par écrit qu’elle soutient la libération de l’Ukraine par l’armée russe. Avec seize autres personnes, elle est transférée à la prison de haute sécurité de Briansk, dans le sud-ouest de la Russie. Aux quelques femmes, on rase la tête, comme aux hommes.

    « Les Russes enlèvent des femmes, mais ils en ont honte : ils redoutent que nous le dénoncions », Iryna Verechtchouk, vice-première ministre ukrainienne Lire aussi :
    TotalEnergies sort d’un champ gazier accusé de fournir l’armée russe Un garde a pitié de la lourde tresse blonde de Yulia qui lui descend jusqu’aux reins : « Pour toi, je ne le fais pas. » On prend les empreintes et l’ADN. On pèse. On mesure. Au réveil, il faut chanter l’hymne russe et répéter : « La Russie aide le peuple ukrainien. » Ensuite, on torture à nouveau, coups et électricité, une heure par jour avec ponctualité. Yulia est libérée à la faveur d’un échange de prisonniers. Elle a subi trois opérations depuis. « Les Russes enlèvent des femmes, mais ils en ont honte : ils redoutent que nous le dénoncions. Même pour celles qui portent l’uniforme, ils refusent de faire les cartes de prisonnières de guerre à la Croix-Rouge, reprend la ministre Iryna Verechtchouk. Je n’ai accepté les échanges que s’il y avait au moins une femme, en plus des militaires. »

    230 femmes civiles détenues

    Une jeune fille a, elle aussi, été relâchée avec une dizaine de prisonniers après quelques semaines d’emprisonnement. Elle se souvient de l’échange sur un pont à Zaporijia. Un signal retentit : les gardes russes leur enlèvent les menottes et l’adhésif sur les yeux. Un drapeau blanc leur est donné. Une voix ordonne : « Marchez. » Vers le milieu du pont, elle devine plus qu’elle ne voit les Russes contre lesquels l’échange à lieu. « J’avais gardé la tête baissée, c’est quelque chose qu’on apprend dès le premier jour où on est prisonnier là-bas. Tu as si peur de voir ce qu’il ne faut pas voir. » Arrivée à l’autre bout du pont, elle entend le premier mot en ukrainien depuis un mois : « Dobri vetcher [“Bonsoir”]. » Alors elle, d’une toute petite voix : « Est-ce qu’on a le droit de chanter l’hymne ukrainien ? » Environ 230 femmes civiles sont toujours détenues en Russie, sur 500 en tout. Celles qui sont libérées sont souvent gênées de rentrer chez elle, la tête rasée.

    900 maisons ont été détruites ainsi qu’une menuiserie industrielle. Le chômage a bondi de 40 %. On craint l’arrivée de l’hiver.
    Après la libération de Dymer, Tetyana a repris l’entreprise de pompes funèbres avec son fils. Des camions réfrigérés sont toujours garés devant chaque morgue, de nouveaux cadavres se découvrent chaque jour. « On n’arrive pas à tout traiter, explique Tetyana, 80 % sont morts par balle ou par bombardement. » Elle n’a aucune nouvelle d’Oleg, pas plus que les cinquante-sept autres familles. Dans la commune, 900 maisons ont été détruites ainsi qu’une menuiserie industrielle. Le chômage a bondi de 40 %. On craint l’arrivée de l’hiver.

    Tetyana (30 ans) est originaire de Marioupol. Les Russes l’ont faite prisonnnière et déportée à plusieurs reprises entre le 12 mars et le 8 avril 2022, date de sa libération par échange. « Arrivés dans le lieu de détention à Donestk, nous avons été torturées, nous étions huit femmes dans une cellule d’un mètre sur deux. Il n’y avait pas de viol mais toutes les femmes étaient battues. » A Kiev, le 8 juillet 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE » L’autre soir, la jeune épouse a soudain entendu une petite alerte en provenance du téléphone de son mari, là-bas, à Krasnodar. Elle s’est précipitée. En fait, « l’autre » vient de rejoindre le réseau Signal. Le portable est un Samsung M20, un vieux modèle que le mari avait ressorti pour la guerre. Les troupes russes ont tout pillé avant de battre en retraite, dérobant jusqu’aux sous-vêtements de femme, du parfum, du dentifrice. Maintenant, l’épouse crie presque : « Comment peut-on voler de si petites choses ? ». Puis, d’un coup, sa colère tombe. « Finalement, je les plains. » Florence Aubenas (Dymer, Ukraine, envoyée spéciale)

    1. Je vois que notre Descargues fait son grand retour et que pour l’occasion, il s’est surpassé! C’est bien, mais il devrait savoir que la technique du disque rayé ne marche pas. La dialectique, on la connaît. Elle consiste à ne jamais commenter les arguments présentés dans l’article auquel est lié le commentaire, mais à se borner à déverser sa haine pour ce blog et sa ligne éditoriale. Après tout c’est son droit. En tout cas, ça a pris du temps. Personnellement, je n’ai que peu de temps à consacrer à la réponse. Toutefois, voici quelques éléments.
      Ai-je dit que Poutine n’avait qu’une seule maison? Je n’en sais strictement rien et, pour tout dire, ça ne m’intéresse pas. Ce qui, enrevanche, intéresse le citoyen français que je suis, ce sont les fausses déclarations patrimoniales de Macron et ses sous planqués dans les paradis fiscaux. On ne voit en effet pas apparaître dans la déclaration de Macron les commissions touchées par le « Mozart de la finance » quand il était chez Rothschild. Ensuite, je n’ai jamais mentionné la qualité de Juif de Zelensky. Je sais qu’il rêve de me faire un procès en antisémitisme, comme tous ceux qui, à bout d’arguments, veulent faire taire ceux qui les dérangent. Il serait bien qu’il ne persiste pas dans cette voie. Je dis ça, je ne dis rien!
      Il est hélas vraisemblable que les crimes de Boucha ont été commis par le régime de Kiev en représailles contre ceux qui auraient aidé les soldats Russes. Si tel n’était pas le cas, la Russie aurait beaucoup à perdre à réclamer une enquête indépendante devant le conseil de sécurité de l’ONU. Je note au passage que la présence de gendarmes français sur le terrain n’a aucune valeur puisque la France est partie au conflit. On a dit, « indépendante » l’enquête. La France étant totalement discréditée dans ce dossier, elle ne peut agir dans la recherche de la vérité. Je suis le premier à le déplorer. Le mot de « guerre » n’est pas criminalisé. Il n’est simplement pas employé. On se rappellera qu’entre 1954 et 1962 la France ne parlait pas non plus de guerre en Algérie. Cela dit, avant de donner des leçons de pluralisme, il faudrait éviter de censurer massivement et de manière totalement extrajudiciaire les contenus qui déplaisent. Ainsi, vient-on d’apprendre que Rumble était censuré en France. Mais ça, c’est de la bonne censure, puisque c’est de la censure qui vient directement de la maison-mère.
      Pour ce qui est de Biden, je me limiterai à lui souhaiter bonne chance pour l’élection à venir et surtout bonne santé. On se souviendra cela dit avec quelle sévérité a été censuré pendant la campagne de 2020 tout propos concernant les preuves des collusions et de la concussion du fils du sénile Biden. Rien que ça, constitue une action frauduleuse, puisque si ces informations très compromettantes avaient été confirmées par le FBI, cela aurait très certainement modifié l’état de l’opinion, si, bien entendu, l’opinion (ce que je ne crois pas) avait été en faveur du sénile de la Maison blanche.
      Pour toutes les sources présentées sous le commentaire, je n’ai qu’une chose à dire: ce n’est pas parce que des mensonges sont répétés 100 fois que cela devient la vérité. Je ne m’arrête pas sur le côté tendancieux de ces sources. En revanche, je note que la plupart des auteurs ne sont pas sur le terrain, mais dans les saloons et sur les plateaux parisiens. Pas de traces dans la revue de presse de Descargues de papiers ou d’informations de http://donbasinsider.com du travail de Laurent Brayard, de Christelle Néant ou d’Anne-Laure Bonnel. C’est dommage, parce qu’ils constatent des faits en totale opposition à ceux présentés par des gens comme Markovitch ou Pierre Assouline depuis Paris.
      Une dernière chose avant de Partir. On reparlera du niveau de vie à Moscou où, rappelons-le notre Descargues n’a jamais mis les pieds, quand l’hiver aura vraiment commencé en Europe occidentale et que l’énergie sera rationnée. J’y reviendrai dans un article. Pour ce qui est de la Pologne dirigée depuis et dans les seuls intérêts de Washington, on se penchera sur son cas en fonction des choix qu’elle fera concernant les territoires de l’ouest de l’Ukraine qu’elle regarde déjà avec l’oeil affuté du rapace charognard. Il y aurait encore beaucoup à dire, mais le temps me manque et je dois repartir arpenter les rue de cette Moscou que j’aime tant.
      JF

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