UKRAINE, LA SUITE DE LA DÉROUTE

UKRAINE, LA SUITE DE LA DÉROUTE

La semaine dernière s’est achevée sur deux événements intéressants et contradictoires. La prise de Lyman et les référendums. J’ai du mal à dire “référenda”.
La prise de Lyman a incontestablement marqué les esprits et constitué pour la Russie un sérieux revers en matière d’image. Même en interne, c’est assez mal passé. À telle enseigne que Kadyrov a fait état publiquement de son mécontentement, critiquant vertement un important cadre de l’armée. Et puis bien entendu, nous n’avons pas manqué le triomphalisme de Bernard-Henri aux accents jubilatoires, dès lors que le sang coule en ruisseau. Cet homme aime voir le sang couler. À croire qu’il s’en nourrit. “La libération de Lyman est capitale. Dans la foulée, sont libérés, ou en voie de l’être, Siversk, Yampil, Dibrova, Stavky, Shandryholove, Drobysheve et des dizaines d’autres villages. Poutine annexe; Zelensky avance. Le 1er demande le cessez le feu; le second libère le Donbas”. Le premier essaie d’obtenir l’arrêt des bombardements sur le Donbas tandis que Zelensky et sa clique massacrent des civils. Et comme cela a toujours été le cas, Bernard-Henri est du côté de ceux qui font couler le sang.
Maintenant que ces choses sont dites, voyons un peu la situation. Des populations ont choisi par l’expression du suffrage universel de demander le rattachement à un autre État. La participation a été forte et le résultat sans appel. Bien entendu, en Occident, on ne reconnaît pas les résultats de ces consultations. C’est qu’en Occident, on n’aime que les consultations populaires qu’on gagne. L’oligarchie déteste perdre. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne vaut que quand les peuples décident comme il faut. S’ils décident mal, on les fait revoter jusqu’à ce que le résultat soit conforme, ou bien, comme cela s’est vu après le rejet de la constitution européenne en 2005, on passe outre. Poutine l’a promis, jamais ces territoires ne reviendront sous l’autorité de l’État ukrainien.
Maintenant si Zelensky avait négocié plus tôt, (comme du reste il aurait aimé le faire s’il avait eu les mains libres), si la France et l’Allemagne avaient tenu leurs engagements à faire respecter les Accords de Minsk et surtout à les faire évoluer comme c’était leur vocation, peut-être que les territoires aujourd’hui appartenant de plein droit à la Fédération de Russie feraient partie de l’Ukraine. Certes on y parlerait russe et il y aurait une administration bilingue, mais les territoires seraient ukrainiens et les citoyens vivant sur ces territoires seraient ukrainiens.
L’État ukrainien a répondu par le feu, le sang et l’humiliation. Relevons en passant que la langue ukrainienne sera reconnue comme langue officielle sur ces territoires. Cela procède à mon avis d’une vraie volonté d’apaisement. Cet apaisement sera nécessaire pour guérir les blessures due à huit années de bombardements, d’attentats et d’actes de crapulerie en tout genre. La manière avec laquelle il faut interpréter le vote sur ces territoires est simple: les gens veulent vivre en paix et pas dans des abris comme le leur proposait avec jubilation Porochenko après le coup d’état de Maïdan. Or c’est exactement ce que les faucons occidentaux qui sont les vrais dirigeants de l’Ukraine veulent faire payer aux habitants des nouveaux sujets de la Fédération de Russie. Zelensky l’a promis, il tuera les Russes un par un comme boucs émissaires, tant que Poutine sera au pouvoir. À Marioupol, on reconstruit et on tente de reprendre une vie normale. La réponse de l’Ukraine, c’est le feu, le sang et l’extermination. À quoi bon me direz-vous conserver des territoires avec dessus des populations qu’on veut exterminer? Ce serait trop long à développer, mais disons que l’oligarchie est davantage intéressée par le sous-sols que par le sol et surtout les gens qui vivent dessus.
De quel côté se trouve le terrorisme?
La destruction des gazoducs a été tellement difficile à faire avaler aux populations européennes que les médias l’ont imputée à la Russie. C’est vrai que c’est tout à fait logique. Si vous réussissez à comprendre l’intérêt des Russes à détruire le moyen de livraison de leur gaz, vos commentaires sont les bienvenus. Si les Russes avaient voulu que le gaz ne passe plus, il leur suffisait de fermer les robinets. La réalité est tout à fait différente:
Les faucons américains ont voulu que l’Allemagne ne soit surtout pas tentée de céder à la pression de sa population et de son industrie de se fournir en gaz chez Poutine. C’est tout simplement un acte de voyous perpétré par un État qui, partout et tout le temps a agi en voyou. Du Vietnam au Japon en passant par l’Amérique Latine et l’Iraq, les États)Unis d’Amérique sont une coalition oligarchique de bandits dégénérés. Il s’agit donc d’un acte de sabotage signé par les États-Unis qui ne s’en cachent même pas. Ce qui étonne, c’est la modération et l’absence de riposte russe.
On ne peut exclure que l’État profond américain joue la stratégie de la tension pour provoquer une riposte russe, ce qui constituerait une excuse rêvée pour déclarer le pays en état de guerre. Cela permettrait de suspendre les élections de mi-mandat qui promettent une sérieuse déconvenue aux démocrates. Parce que si les MAGA venaient, (comme on l’espère) à remporter les élections, le robinet de dollars à Zelensky pourrait couler nettement moins fort. Et ça, le complexe militaro-industriel américain n’en veut à aucun prix. Cela expliquerait pourquoi la Russie fait le dos rond et ne cède pas aux provocations. Le danger pour elle est que la population russe et les russophones d’Ukraine commencent à trouver le temps long. On peut les comprendre, d’autant que lorsque la Russie se retire d’un territoire, que ce soit pour des raisons stratégiques ou autres, les représailles des Ukrainiens sont féroces. Aussi, – et j’espère me tromper – j’ai bien peur que le mois d’octobre soit très rouge.

Jacques Frantz

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