ALERTE EN PAYS NEUTRE

ALERTE EN PAYS NEUTRE

Ceux qui me connaissent savent combien je suis attaché à la Suisse où je compte beaucoup d’amis, quelques lecteurs et parfois même (l’un n’étant pas exclusif de l’autre), les deux.

C’est drôle, mais on m’avait appris que la Suisse était un pays neutre. C’est-à-dire que son statut ne lui permettait pas de prendre position dans quelque contentieux que ce soit entre pays ou à l’intérieur de pays. Cela a permis à la Suisse d’abriter, non seulement un certain nombre d’institutions internationales, mais encore de servir d’intermédiaire entre les parties à un conflit. Vous me direz, il y a beaucoup d’hypocrisie derrière tout cela. Cependant, Durant des décennies, la Suisse s’est crue protégée des combats des deux guerres mondiales sur son territoire grâce à son armée et ses montagnes. En réalité, plus que son armée, ce sont surtout les avoirs étrangers dans ses banques qui ont protégé sa neutralité. Sauf que depuis une vingtaine d’années, les Suisses découvrent un pays beaucoup plus partial qu’ils le pensaient. Ainsi, ils se rendent compte que l’encrage occidental de la Suisse n’était pas seulement géographique, et que la Confédération a, sans le dire, mais pour autant clairement, choisi son camp.

La Suisse a beaucoup collaboré avec les services de renseignements américains au dépens du bloc de l’Est. Sans prendre parti et sans émettre de jugement de valeur, je me permettrai tout de même de dire que cela manque d’honnêteté. En même temps, qui cherche de l’honnêteté en politique perdra moins son temps à chercher des jardins fleuris sur la lune. Cependant, avec le conflit en Ukraine, la Suisse a rompu de manière grossière sa neutralité sans même se soucier ni des apparences, ni du contrat social avec ses citoyens.

Cela mérite que nous tirions plusieurs leçons.

Tout d’abord, mais ce n’est pas un scoop, les nouveaux dirigeants suisses, en particulier son ministre des affaires étrangères, sont tout à fait incompétents. Jamais du temps d’Adolf Ogi une telle forfaiture aurait été accomplie. C’est que, du temps du précité, les dirigeants suisses n’appartenaient pas à la caste des mondialistes. L’épisode COVID, et maintenant l’épisode ukrainien nous montrent que la Suisse ne fait même plus semblant de soigner son image de neutralité qui a fait à la fois sa prospérité et son honneur. Incontestablement, un palier a été franchi. Car à ce niveau-là, ce n’est plus de la partialité dont fait preuve la Suisse, mais c’est de la servilité. Et il faut que les enjeux soient énormes pour que les États-Unis fassent une telle pression pour que la Suisse abandonne sans combattre sa neutralité. Je pense que les moyens de chantage sont énormes.

Justement, ces moyens de chantage quels sont-ils?

Pour bien comprendre, il faut remonter à 1946. Le 25 mais 1946, un accord connu sous le nom d‘“Accord de Washington”, est signé entre la Suisse et les États-Unis. La Suisse se croit libérée en versant 250 millions de francs pour solde de tout compte. Ce que ne dit probablement pas l’Accord, c’est qu’en plus d’une aide industrielle apportée aux pays alliés de Washington pour leur reconstruction, la Suisse va coopérer à la guerre désormais froide que les États-Unis mènent contre l’URSS. C’est ce qui explique que les Suisses ont été laissés tranquilles jusqu’à la fin de la guerre froide. L’URSS liquidée, il ne faudra pas longtemps avant que l’axe Washington Tel-aviv fasse éclater le scandale des fonds en déshérence. L’enjeu? Les banques suisses abriteraient des fonds déposés par des Juifs qui ne sont jamais venus les réclamer pour des raisons aisément compréhensibles après la seconde guerre mondiale. Ainsi, les fonds déposés sur des comptes numérotés réclamés par des descendants des ayant-droit ont été bloqués par les banques. Autrement dit, les enfants et petits-enfants qui ne disposaient pas des numéros, des procurations nécessaires ou des preuves de décès des titulaires pour ouvrir les coffres et les comptes de leurs aïeux qui avaient péri dans les camps se sont vus courtoisement éconduire par les banquiers. L’affaire a fait tache d’huile, jusqu’à ce que le gouvernement des États-Unis, dirigé alors par Clinton, s’en mêle sous les ordres du Congrès juif mondial dirigé à l’époque par Edgar Bronfman. Au début, les banques et le gouvernement suisses ont pris les choses d’un peu haut, se croyant protégés par l’Accord de 1946 qui prévoyait une clause concernant les avoirs des victimes de la seconde guerre mondiale. Mais très rapidement, Bronfman leur a fait comprendre que non seulement ils n’auraient pas le choix, mais encore qu’ils devraient rendre les actifs non aux familles, mais au CJM qui se chargerait de faire la répartition. En cas de refus fort improbable d’obtempérer, les banques suisses se verraient interdites d’agir sur les marchés américains et par conséquent mondiaux. Les banques, soucieuses de pouvoir poursuivre leurs spéculations, (après tout ce sont des banques), ont obtempéré aux injonctions des Américains et à leurs relais communautaires, plantant ainsi le deuxième clou dans leur cercueil. Tout cela avait si bien fonctionné que très rapidement, les États-Unis ont exigé la fin du secret bancaire, là aussi préservé par les accords de 1946, pour les clients américains. Même chantage et même résultat. Les banques suisses ont accepté de donner au gouvernement américain Des listes de clients à qui avait pourtant été promise la discrétion. Troisième clou dans le cercueil. Pire, les banques ont accepté de donner les noms de leurs collaborateurs qui avaient démarché, (certes illégalement, mais sur ordre), des clients sur le territoire des États-Unis. Les banquiers qui avaient donné l’ordre à leurs cadres de démarcher des clients américains ont ensuite lâchés clients et collaborateurs. Il faut savoir qu’à l’époque, la Suisse faisait la différence entre la “fraude fiscale” et l’“évasion fiscale” qui ne constituait pas une infraction. Sauf que ce que les Suisses n’ont pas compris c’est que ce ne sont pas eux qui décident de ce qui est légal ou de ce qui ne l’est pas. Ainsi, les États-Unis qui avaient exigé et obtenu par chantage la levée du secret bancaire pour leurs ressortissants ont exigé et obtenu la même chose pour l’ensemble des pays de l’OCDE. C’est ainsi qu’on a vu de nouveau apparaître la Suisse sur des “listes noires”, en infraction avec l’accord de 1946. Qu’on comprenne bien! N’allez rien chercher de moral dans tout cela. Les États-Unis ont simplement voulu renforcer leurs positions propres soit dans les pays qu’ils contrôlent (Panama, les Bahamas pour ne citer qu’eux), soit directement sur le territoire américain, en l’espèce au Delaware qui est, soit dit en passant, le fief de Joe Biden. N’y voyez que pur hasard. Les banques suisses n’ont pas hésité non plus à lâcher leurs clients venant de l’Union Européenne et au-delà. Qu’on se rassure, le secret bancaire n’a pas été levé pour tout le monde, et les banques suisses ont su protéger les meilleurs clients, c’est-à-dire les vrais criminels. Mais l’oncle Sam, qui a des yeux et des oreilles partout, garde sous le coude quelques biscuits , notamment concernant le crédit Suisse, pour le cas où il serait nécessaire d’obtenir une franche collaboration de la Suisse en temps de crise. Or, nécessité faisant loi, les États-Unis qui sont en conflit ouvert contre la Russie, même si Dieu merci ils ne se jettent pas des bombes directement à la figure, ont exigé de la Suisse qu’elle se range aux côtés du suzerain américain quel qu’en soit le coût politique interne. C’est-à-dire que les voyous qui gouvernent la Suisse, après avoir montré leur vrai visage durant la crise COVID, n’ont pas hésité, pour sauver les banques, à, sinon saborder, tout au moins à porter un coup sérieux à la fois à leur économie et à leur statut de neutralité. En d’autres termes, la Suisse est partie prenante à la guerre économique conduite par les États-Unis contre la Russie et la Chine, où elle n’est qu’un supplétif au même titre que les autres Européens. Le voilà le dernier clou dans le cercueil. Qui après cela aura confiance en un pays qui prétendait jouer un rôle certes discret, mais efficace sur la scène internationale. L’attitude du Conseil Fédéral est une attitude de trahison. Or trahir un jour c’est trahir toujours. Parce qu’en mettant le doigt dans cet engrenage, la Suisse ne pourra pas en sortir. La Suisse achètera le F35 sans discuter et fera où les Américains lui diront de faire. Quant au peuple, doté d’une mémoire de poisson rouge et pour l’heure trop gavé, il accepte de se faire tondre en échange de quelques bonnes miettes. Quant à la place de la tondeuse il verra le couteau du boucher, il sera trop tard.

Jacques Frantz

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