FAUT-IL INTERDIRE LES SONDAGES?

FAUT-IL INTERDIRE LES SONDAGES?

Vous avez aimé le vote par correspondance, vous aller aimer les sondages.

Sans aller jusqu’à décréter que poser la question c’est y répondre, force est de constater que les sondages posent un problème, à telle enseigne que les sondages se retrouvent parfois dans la tourmente judiciaire.

Il faut dire qu’avec le temps, les sondages sont devenus une véritable manie quasi obsessionnelle. Qui a-t-il derrière? La volonté compulsive de prédire l’avenir? Le désir absolu d’influencer l’opinion? Peut-être un peu de tout cela à la fois. Toujours est-il que s’il n’y a pas un jour sans qu’on nous sorte un nouveau sondage, il faut en conclure que les sondages sont bons pour le système. Or il faut croire, avec les dissidents soviétiques, que ce qui est bon pour le système est mauvais pour nous.

Il est indéniable que les sondages nous intéressent. Dès que nous entendons ce mot, nous tendons l’oreille de façon pavlovienne. Même les électeurs potentiels d’Anne Hidalgo (il y en a), sont à l’affut du moindre frémissement sondagier.

Pourtant, personne ne se dit que même si c’est peu probable, les instituts de sondages pourraient être tentés de présenter des résultats non en fonction des réalités, mais en fonction des desiderata de tel ou tel courant, sur le principe de “qui paie commande”. C’est donc que contrairement à ce qu’on nous raconte, les sondages ne sont pas là pour mesurer l’opinion, mais plutôt pour la fabriquer. D’ailleurs ce n’est pas idiot. Fabriquer l’opinion réduit considérablement les chances de se tromper. Prenons un exemple tout à fait fictif et composite.

Si dans les six semaines précédent l’élection, les médias vous sortent des sondages qui donnent Brigitte Pécron gagnante dans tous les cas de figure et qu’effectivement, Brigitte Pécron gagne. Cela veut-il dire que les sondages avaient vu juste? Ou cela veut)-il dire qu’à force de matraquer le nom de Brigitte Pécron, le système aurait créé une dynamique de victoire en faveur de l’heureuse candidate. Car vous pensez bien qu’à force de s’entendre dire des dizaines de fois par jour que Brigitte Pécron est donnée gagnante dans tous les cas de figure, y compris contre le candidat populiste que, pour ne favoriser personne nous appellerons Moshe Zabulon, le moral des partisans de ce dernier risque d’être considérablement entamé avec l’effet démobilisateur qui ne manquerait pas de s’en suivre. À l’inverse, les projections d’une victoire de Brigitte Pécron ne manqueraient pas d’avoir un effet mobilisateur décuplé. Nul doute que s’il en était autrement les sondages n’existeraient plus depuis longtemps. Par conséquent il ne fait aucun doute que les sondages altèrent la sincérité du scrutin. En outre, il ne servent à rien. Je veux dire, ils sont dépourvus de toute utilité pour la population. Quel intérêt y a-t-il à savoir six semaines à l’avance que Brigitte Pécron va gagner? Attendons patiemment le verdict des urnes! Quel besoin a-t-on de savoir le résultat du match avant même son déroulement? Seuls les tricheurs ont besoin d’anticiper.

Je pense pour ma part que la patience a des vertus. Attendre un résultat avec patience et confiance peut avoir, entre autres effets apaisants, la faculté de nous aider à accepter un sort défavorable. Et puis, comment savoir si les favoris des sondages ne sont pas en réalité les favoris de ceux qui les commandent? Vous imaginez que France info accepterait de payer un sondage donnant Moshe Zabulon gagnant? Les méthodes de sondage étant aussi diverses qu’opaques, il n’est pas interdit de penser que certains, volontairement, ou sans le savoir, appuient plus fort sur le bouton de l’ascenseur pour tel candidat que pour tel autre.

Un exemple réel cette fois:
Imaginez si les sondages avaient donné Jean-Marie Le Pen qualifié au second tour de la présidentielle de 2002. Il ne fait aucun doute que cela aurait stimulé des électeurs de Bruno Mégret, d’Alain Madelin et même de Jacques Chirac à porter leurs suffrages sur le nom du Président fondateur du Front national. Cela aurait peut-être eu pour effet de mettre Jean-Marie Le Pen en tête au premier tour. Au contraire, toute la meute médiatique n’a cessé de relayer des sondages favorables à un second tour Jospin Chirac pour essayer d’altérer le résultat. Le pire est qu’ils y sont presque parvenus.

Suite demain.

Jacques Frantz

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