L’ÉTAT PROFOND, FANTASME OU RÉALITÉ?

L’ÉTAT PROFOND, FANTASME OU RÉALITÉ?

Ici et là, j’entends dire que l’état profond serait un fantasme complotiste d’extrême droite. Le concept aurait été inventé par des gens maléfiques et plus ou moins factieux voire un peu dérangés. Une fois de plus, on assiste au subterfuge bien connu de l’inversion accusatoire consistant à rejeter ses propres fautes sur l’autre. Pour ma part, j’aurais assez tendance à penser que l’usage à tout bout de chant de l’accusation de complotisme est lui-même complotiste. Je sais c’est compliqué à suivre, mais de toute façon ce n’est pas l’essentiel.

L’état profond existe-t-il?

À ceux qui pensent que l’état profond relève du pur fantasme, il faut leur conseiller de réfléchir où ce fantasme trouve sa source.

À cette question, on peut, au moins partiellement répondre qu’effectivement, le peuple souverain se sentant floué de mandats électifs en mandats électifs, aurait tendance à se lasser de voter pour un changement qui ne vient jamais. Le bonheur est toujours remis au lendemain. En d’autres termes, l’électeur a du mal à percevoir les effets de son vote. Nombreux sont les électeurs de notre camp qui reprochent à leurs représentants de combattre une réforme gauchiste tant qu’ils sont dans l’opposition sans la remettre en cause une fois revenus aux affaires. C’est à croire qu’une main invisible empêcherait le pouvoir alternatif de faire certaines réformes.

Quelques éléments objectifs.

Parmi les instances chargées de l’exercice du Pouvoir dans un pays prétendument démocratique, l’élu n’est qu’un rouage. Certes le législatif d’où en principe est issu l’exécutif est élu, mais on se rend compte, contrairement à la légende, qu’il est loin d’exercer seul le pouvoir.

Non seulement l’exercice du pouvoir est très composite, mais encore il est bien souvent traversé par des forces qui s’opposent ou se conjuguent.

Souvent, l’exécutif et le législatif issus des élections doivent compter pour exercer leur mandat avec des syndicats, des groupes de pression, les forces armées, les institutions financières, et surtout la haute fonction publique. Ces contrepouvoirs sont le plus souvent illégitimes. Tout ce petit monde obéit à des intérêts particuliers et, selon les époques, exerce un rapport de force et d’influence différent. Ainsi, dans certains pays et à certaines époques, l’une ou l’autre de ces entités aura plus ou moins d’influence. En outre, l’exécutif doté d’un législatif stable peut jouir d’une certaine latitude pour renforcer ou au contraire affaiblir l’une ou l’autre de ces influences.

En France, par exemple, l’armée a, ces derniers temps, payé un lourd tribu à ce petit jeu. La fonction publique au contraire s’est elle taillée la part du lion. Très voire trop nombreux sont les élus qui en sont issus. Je note au passage sans prendre parti que les deux chefs de l’État qui se détachent de l’Histoire du XXe siècle ne sortent pas de l’École Nationale d’Administration.

Ainsi donc, il existe des passerelles et les cloisons entre ces diverses sources d’influence sont perméables. Un fonctionnaire ou un haut fonctionnaire peut devenir élu, (ou vice-versa puisque les anciens élus ont un accès privilégié à la haute fonction publique), il peut passer ensuite dans une institution financière ou une entreprise privée sur laquelle l’État exerce un contrôle plus ou moins officiel. Ajoutez à cela les fonctionnaires de l’administration qui assurent les conditions techniques et administratives dans lesquelles va s’exercer le pouvoir, et vous obtenez l’État profond.

Vous avez d’un côté les “politiques” qui amusent la galerie tout en se poussant du coude pour se faire une place au soleil, et d’un autre côté, l’administration qui demeure immuable pendant que les élus passent. Tout ce beau monde forme un magma consanguin qui non seulement sclérose toute réforme pouvant bénéficier à la population, mais encore se rigidifie dans une fuite en avant funeste.

Toujours en France, le phénomène a atteint son paroxysme en 2017, lorsque le Président Macron a été élu au bénéfice d’un tour de passe-passe pour ne pas dire d’une escroquerie médiatique et judiciaire aux dépens de celui à qui l’élection ne pouvait normalement échapper. Pour couronner le tout, on se rappellera que Macron n’a même pas pris la peine de se doter d’un programme digne de ce nom pour faire campagne. “Pensez printemps mes amis”. À titre personnel je ne suis pas concerné parce que je préfèrerais me faire arracher les yeux plutôt qu’être l’ami de ce type.

Tout cela en dit long sur la confiscation du pouvoir.

Même chose au plan international.

Lorsqu’un texte international est négocié, le “politique”, ne joue qu’un rôle marginal. La négociation se fait entre fonctionnaires. Les fonctionnaires internationaux d’abord, et les fonctionnaires nationaux qui siègent dans les délégations ensuite. Bien entendu on m’objectera que le dernier mot revient aux instances législatives des États souverains chargées de la ratification, mais franchement, vu ce qui a été exposé plus haut, qu’il me soit permis de demeurer sceptique.

Par conséquent, l’état profond n’est nullement un fantasme puisqu’on a vu de quoi il était constitué même si sa composition n’est pas exhaustive. Les médias complices, certaines communautés occultes sont aussi de la fête.
Il est bien évident que je ne suis pas entré dans les détails en nommant certains groupes de pression. Sachez que c’est de l’autocensure à l’état pur, mais que ceux qui ont des oreilles ont très bien entendu.

Jacques Frantz

7 commentaires

  1. Il y a d’une part les sociétés secrètes bien sûr, et aussi, ceux qui se prennent pour les meilleurs du monde et dont on n’a pas même le droit d’évoquer le complexe de supériorité sous peine de tomber sous les coups les plus bas. Ici encore, que celui qui a des oreilles…

  2. K, mais surpris d’y trouver Miterrand qui a aboli la peine de mort,régularisé 500000 immigrés sans papier généraliser l’assistance par le RMI… et laisser se développer l’affairisme?

    1. Merci de rappeler dans ces commentaires combien néfastes a été la présidence Mitterrand dont le pays pâtit encore.
      Dans mon propos, (merci de me donner l’occasion de l’éclairer), « Se détacher dans l’histoire » n’est pas nécessairement positif. Mitterrand a imprimé sa marque dans l’histoire pour essentiellement deux raisons:
      D’abord pour le prestige qui était le sien au plan international. Quand Mitterrand parlait c’était malgré tout la France qui parlait. Aujourd’hui quand Macron parle, c’est juste un freluquet qui parle globish que l’on entend.
      Ensuite parce que Mitterrand bénéficie de la médiocrité de ses successeurs. À chaque présidence successive, nous sommes allés de mal en pis.

    2. Pardon de répondre bien tard à ce commentaire, mais un problème technique a fait que mon premier envoi n’est jamais parti et que je ne m’en suis aperçu que récemment.
      Je disais donc, grand merci de rappeler ne serait-ce que quelques unes des nuisances du Président Mitterrand. Les raisons pour lesquelles j’ai dit qu’il se détachait dans l’histoire sont qu’à chaque fois qu’un chef d’État succède à un autre chef d’État, nous allons de mal en pis. Or on peut reconnaître à Mitterrand deux choses: il était, entant que dirigeant français écouté et parfois entendu, et lui au moins n’a pas vendu l’État français aux communautaristes de l’antifrance, comme s’est empressé de le faire son successeur en paiement d’une dette électorale.

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