VOTATIONS DU 9 FÉVRIER

VOTATIONS DU 9 FÉVRIER

Je te vois belle lectrice quelque peu sursauter à la vue de ce titre qui comporte un néologisme à tes yeux douteux. Même si tu as souvent raison de douter, en cette occurrence, tu as tort. En effet, une fois n’est pas coutume, nous allons parler de politique suisse. Loin de moi l’idée d’intervenir dans les affaires d’un pays étranger, mais je suis d’avis que le sujet dépasse de loin les intérêts de la Suisse.

Le 9 février va donc avoir lieu une série de “votations”. La votation en Suisse est ce qu’on connaît couramment chez nous sous le nom de référendum. Cependant, il ne faut pas confondre, car ce qu’on appelle référendum en Suisse est une procédure un peu différente. (1)

Comme vous le savez, la Suisse n’est pas connue que pour son chocolat et son horlogerie, elle l’est aussi pour sa démocratie directe. Ainsi, pendant que nous sommes consultés tous les dix ans en moyenne, les Suisses le sont plusieurs fois par an tant au niveau fédéral que cantonal. Généralement, les sujets sont regroupés sur une journée de scrutin deux ou trois fois par an. Le 9 février prochain, les Suisses vont avoir à se prononcer sur divers sujets. Parmi ces sujets il y en a un qui a attiré particulièrement mon attention. Il s’agira de voter une loi consistant à faire de l’homophobie un délit au même titre que le racisme.

Généralement, l’une des vertus de la démocratie directe est qu’elle donne l’occasion de débattre librement de divers sujets. Ici, point de débat. L’effet de sidération associé à l’indifférence joue à plein. Les sondages donnent du reste le “oui” vainqueur à 70%. Qui oserait en effet voter “non” ou s’exprimer en faveur du “non” serait immédiatement taxé de facho, conservateur, homophobe ou encore réactionnaire. Or comme personne ne souhaite ou n’assume être traité de la sorte, le débat est clos. Et puis, très franchement, c’est un sujet tellement secondaire qu’on ne voit pas la nécessité de se mobiliser. Tout au plus, n’étant pas concernés, on s’abstiendra comme c’est hélas trop souvent le cas dans ce genre d’exercice, ce qui d’ailleurs donne du grain à moudre aux détracteurs de la démocratie directe.

Pourtant, il s’agit d’un sujet absolument capital pour nos libertés.

D’abord parce que les homosexuels sont ultra-minoritaires. Ensuite, parce qu’ils ne sont pas menacés. Par conséquent, cette votation n’est qu’une manipulation du lobby. Enfin, parce que ce tour de vis donné à nos libertés serait suicidaire. Il ouvrirait une voie royale à la dénaturation du mariage suivant la tendance mondiale. Certains vont objecter qu’il sera bien assez tôt de s’exprimer contre le mariage au moment où le peuple sera consulté. Grosse erreur, car à ce moment-là, le débat sur le mariage sera encadré par la nouvelle loi contre l’homophobie auréolée de sa légitimité populaire toute fraîche. Il sera donc interdit non seulement de dire quoi que ce soit sur les homosexuels, mais encore vous ne pourrez rien dire sur l’homosexualité. Ainsi, parler de déviance ou même de dysfonctionnement deviendra un délit.

Franchement j’aurais compris qu’on se posât la question dans un contexte d’agressions, de discriminations ou de répression des homosexuels. Or convenez avec moi qu’à Lausanne, Genève ou Lucerne, les pogromes contre les homosexuels sont assez rares. Par conséquent, cette “votation” n’est qu’une grossière manipulation. Il est très important non seulement de voter, mais encore de voter “non”, et surtout de faire voter “non”. Mes lecteurs suisses ne mesurent pas la chance qu’ils ont de pouvoir s’exprimer sur ces sujets et surtout de pouvoir influer sur la loi. Je leur demande donc d’en parler autour d’eux. De briser l’omerta et la chape de plomb sur le sujet. Utilisez au besoin cet article. Partagez-le si vous le jugez utile et pertinent. Mais en aucun cas ne laissez passer cette restriction non seulement de vos libertés, mais encore de nos libertés.

Si nous n’avons rien contre les homosexuels, nous n’avons pas besoin d’une loi pour réprimer un délit que nous n’avons aucune intention de commettre. Si les homosexuels ne sont pas menacés, – et ils ne le sont pas sinon ils seraient partis depuis longtemps chercher asile ailleurs – pourquoi ont-ils besoin de cette loi? Ils en ont besoin pour imposer le mariage et plus généralement le prosélytisme jusque dans les écoles enfantines. L’ensemble de la classe politique est du reste favorable au mariage entre personnes de même sexe. Elle n’a besoin que dune loi répressive pour restreindre le débat au moment favorable et pour accroître l’effet de sidération. La peur du délit et de sa répression empêchera le moment venu à ceux qui sont contre de s’exprimer. Ne laissez pas faire cela. Le 9 février une occasion unique vous est donnée de mettre un coup de frein à cette folie. Ne la laissez pas passer.

Jacques Frantz

1: Un référendum en Suisse est un acte consistant à faire confirmer par le peuple une loi votée au Parlement. C’est une procédure facultative qui ne s’applique que par la volonté du Parlement ou par l’expression populaire sous la forme d’un recueil de 50000 signatures au moins.

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