L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AURA-T-ELLE BIEN LIEU?

L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AURA-T-ELLE BIEN LIEU?

Décidément, cette élection présidentielle n’est pas vraiment comme les autres.

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai un sentiment de malaise face au déroulement de l’élection actuelle. Bon! il faut dire que la dernière élection reste un immense traumatisme, puisqu’elle a désigné le pire des présidents de la Ve république, et que si le pire n’est jamais sûr, on retient notre respiration à l’idée que le prochain locataire de l’Élysée soit pire encore.

Je crois l’avoir déjà dit, Hollande n’a pas l’intention de lâcher. Il y a d’abord le goût du pouvoir qu’il a dans sa bouche exactement comme un chien a le goût du sang après y avoir goûté. Ensuite, il y a des craintes de voir sortir des affaires savamment étouffées durant le quinquennat. Pour toute ces raisons, François Hollande veut soit rester sur le trône, soit à l’extrême rigueur y mettre quelqu’un d’absolument sûr. Emmanuel Macron? Moi je dis ça je dis rien!

Seulement voilà, Macron se révèle un pétard mouillé. C’est quelqu’un qui n’a jamais été élu et qui est, malgré l’immense bienveillance médiatique, en incapacité absolument totale de faire campagne. Que se passe-t-il donc?

Devant une impopularité exceptionnelle, même pour un sortant, François Hollande a été contraint de renoncer à se présenter à l’élection. Risquer l’humiliation d’une défaite aux primaires aurait gravement entaché la fin de son mandat. Cependant comme on l’a vu, Hollande ne renonce jamais. Seulement en guise de représailles, Hollande a décidé qu’il n’y aurait pas d’alternance, même en faveur de la droite institutionnelle. En plus, les primaires de la droite institutionnelle qui avaient été organisées pour sortir Juppé du chapeau ont sorti Fillon, inacceptable malgré la finesse de sa couche de peinture réactionnaire. Donc le pouvoir a lancé l’opération pour assassiner Fillon pourtant déjà considéré par certains observateurs comme le futur président de la république. Opération réussie. Fillon cafouille, la campagne ne démarre pas, le message est brouillé, rien ne fonctionne comme prévu.

Macron a le champ libre. Celui que le grand public ne connaissait même pas il y a trois ans est classé au rang des présidentiables alors qu’il se présente pour la première fois au suffrage universel. Gardons à l’esprit que pour Jacques Chirac ou François Mitterrand, l’élection présidentielle fut l’aboutissement de toute une carrière d’élus. Ce fut l’aboutissement de décennies de travail, d’abord au niveau local, puis régional, puis à l’intérieur de leur propre formation politique, pour parvenir au graal.

Pour Macron, point de congrès d’Épinay. Point de mandat dans la Nièvre, mais un blanc seing de chez Rothschild et de chez Moumou. Si la capacité de Macron à tisser des réseaux dans l’ombre et à magouiller en coulisses est incontestable, la lumière lui a fait beaucoup de mal. Paradoxalement, celui qui semblait le mieux maîtriser l’aspect marketing de l’élection est en train de se planter précisément sur cet aspect. Moumou est en train de se rendre compte que le plan Macron est un plan foireux.

Comment éteindre l’incendie Marine?

Pour l’exécution de ses plans, Moumou avait besoin de Marine Le Pen. Elle avait pour avantage d’offrir à son adversaire du second tour une victoire assurée. On pensait qu’un remake du 21 avril 2002 passerait sans problème. Malheureusement l’histoire ne repasse pas les plats.

Au premier tour de l’élection présidentielle de 2002, nous avons un Front national à 15%, reposant sur la seule personnalité de Jean-Marie Le Pen et affaibli par la scission de 1998. Même si la tempête du 21 avril fut pour nous un grand moment politique, Le Pen, privé de base populaire locale ne pouvait mathématiquement pas gagner. Il avait, dès le premier tour, fait le plein de ses voix. Même le rejet de Jacques Chirac englué dans les affaires, (mais à ce moment-là ça ne gênait personne), ne pouvait suffire pour faire gagner Le Pen.

Quinze ans plus tard, le poids du front national a doublé ou presque, il existe un vrai enracinement local, et même si la stratégie de dédiabolisation a échoué, le Front National ne fait plus aussi peur. En revanche, comme on l’a vu, Macron ne passe pas. Le pouvoir est en train de se rendre compte que la créature Marine est en train de lui échapper. Beaucoup de signes laissent à penser que les vrais sondages, ceux qu’on ne publie pas, ne donnent pas cher de Macron au deuxième tour face à Le Pen. Le gouvernement a beau agiter tous les épouvantails qu’il veut, (le risque de dégradation de la note de la France, l’augmentation de la dette, les vapeurs des marchés…) plus rien ne fonctionne. Pour ne rien arranger, il semblerait que contrairement à ce qui se passe chez Fillon, les scuds judiciaires n’atteignent pas la popularité de Marine Le Pen. Le pouvoir est passé à la vitesse supérieure en obtenant eu parlement européen une procédure de levée d’immunité. Sauf que le calendrier va vite. Restera-t-il assez de temps? Pas sûr. Il faut donc employer les grands moyens.

C’est là que les barbouzes qui devaient entrer en scène entre les deux tours prennent dès maintenant du service. Le principe est simple: créer l’agitation autour de la campagne de la candidate en faisant croire que c’est la candidate qui est à l’origine des troubles à l’ordre public. Beaucoup de municipalités réfléchiront avant d’autoriser les réunions du Front National si cela doit se faire au prix de saccage du mobilier urbain.

Si la candidate se qualifie pour le deuxième tour, là, ce ne sera pas l’agitation mais le chaos. Ce chaos pourrait bien justifier l’interruption du processus électoral, comme le prévoit la Constitution, ce qui permettrait à Moumou de jouer les prolongations jusqu’à l’organisation de nouvelles élections où Marine Le Pen, cette fois rattrapée par les procédures judiciaires en retard, ne pourrait se présenter, et où Moumou, devant le caractère grave et exceptionnel de la situation se présenterait en sauveur de la démocratie républicaine. Ajoutez à cela quelques mois consécutifs de bons chiffres du chômage bien trafiqués, et François Hollande est de nouveau élu président de la république en décembre 2017.

Je délire? Je l’espère.

Jacques Frantz

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