ET SI LE PROBLÈME, C’ÉTAIT LE DEUXIÈME TOUr?

ET SI LE PROBLÈME, C’ÉTAIT LE DEUXIÈME TOUr?

Nous avons tous assisté médusés à la magouille de l’entre-deux tours des élections régionales accompagnée d’une propagande digne de la Corée du Nord.

Pour autant, personne ne s’est posé la question de savoir à quoi sert ce deuxième tour. Généralement, le deuxième tour sert à départager les candidats lorsqu’une majorité absolue est nécessaire. Sauf que là, il s’agissait d’une élection à la proportionnelle où une majorité absolue ne se justifie pas.

Le deuxième tour est fait pour que l’un des candidats obtienne 50% plus une voix. Dans le cas des élections régionales en France, le scrutin est proportionnel avec un bonus de 25% au candidat arrivé en tête, afin de dégager une majorité pour que l’instance devienne gouvernable. Dans ces conditions, pourquoi est-il nécessaire de procéder à un deuxième tour? Il suffirait d’appliquer la règle du deuxième tour au premier, et le résultat du scrutin serait aussi sincère voire davantage.

Tout cela est bel et bon, mais c’est oublier un peu vite que la France est une véritable république bananière, et que le fameux front républicain est là pour sauver les privilèges de l’oligarchie. On notera également que la plupart des élections chez nos voisins se déroule sur un seul tour, comme on a pu le constater très récemment en Espagne. Cela a pour avantage la réduction des coûts.

Alors pourquoi un deuxième tour? Tout simplement pour que l’oligarchie puisse corriger un scrutin qui ne lui conviendrait pas. C’est exactement ce qui s’est passé lors des élections régionales de ce début décembre. Le deuxième tour est fait pour faire barrage aux partis mal-pensants et pour monnayer des strapontins aux petits partis satellites du système (verts ou front de gauche) qui deviennent ainsi ses obligés. Du reste, François Hollande ne s’en est même pas caché. Alors que la tenue des législatives au scrutin proportionnel faisait partie de ses engagements de campagne, il a déclaré qu’il ne tiendrai pas ledit engagement car nous risquerions d’avoir plus d’une centaine de députés Front national. Cette attitude est tout à fait ordurière. Ainsi près de 30% de la population se verrait privée de représentants sous prétexte que cela ne convient pas au pouvoir en place.

Pourtant, j’ai beau chercher, je ne vois pas pourquoi et au nom de quoi le premier parti de France, qui est légal, devrait être privé de députés. Si sa présence pose un problème, il faut tout simplement le dissoudre. Il faut en tous cas soit l’interdire, soit lui permettre d’être représenté au même titre que les autres.

Dans tous les cas, force est de constater que lorsqu’un exécutif tripatouille le code électoral non pour le bon fonctionnement des institutions, mais en fonction des partis qu’il souhaite ou non voir représentés, nous ne pouvons plus dire que nous sommes en démocratie. Ce n’est donc pas la peine d’aller donner des leçons de démocratie à la Russie ou à la Syrie.

Jacques Frantz

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