ÉVELINE WIDMER-SCHLUMPF JETTE L’ÉPONGE ET C’EST TANT MIEUX!

ÉVELINE WIDMER-SCHLUMPF JETTE L’ÉPONGE ET C’EST TANT MIEUX!

Il est rare que je prenne position sur des sujets de politique intérieure d’un autre pays que la France. Pourtant, une fois n’est pas coutume, eu égard aux implications pour le reste de l’Europe, je me sens un peu obligé de m’exprimer sur un sujet qui fait la une de tous les journaux suisses et qui laisse indifférent le reste de l’Europe.

Le 18 octobre dernier l’UDC, parti souverainiste Suisse, confortait sa place de premier parti de Suisse en remportant haut la main les élections fédérales avec près de 30% des voix. Le parti d’origine agrarienne confirme ainsi au parlement sa place de représentant phare d’une droite forte bien ancrée dans un pays soucieux de ses valeurs de souveraineté et de neutralité.

C’est dans ce contexte que les deux chambres du parlement suisse éliront, le 9 décembre, les sept membres du Conseil fédéral qui fait office de gouvernement et choisit en son sein un président qui officie entant que chef d’État pour une année. Ce gouvernement se veut refléter dans le pluralisme la représentativité de la classe politique suisse. Ainsi, le Conseil fédéral sortant est composé de deux socialistes, de membre du Parti Libéral Radical (droite libérale) d’un membre du Parti démocrate chrétien, d’un membre de l’Union démocratique du centre (la fameuse UDC considérée, comme son nom ne l’indique pas, à l’extrême droite de l’échiquier politique), et d’un membre du parti bourgeois démocratique mouvement marginal ayant, et c’est là que le bât blesse, moins de 5% des députés au parlement. En clair, un parti qui fait des scores à deux chiffres est représenté de la même manière qu’un parti qui ressemble plus au groupuscule politicien qu’à un véritable parti politique. Comment en sommes-nous arrivés là?

Un peu d’histoire:

Suite à la montée de l’UDC et à la baisse du PDC à la fin des années 90 et au début des années 2000, s’est posée la question de la révision de la représentativité au Conseil fédéral. Ainsi, en 2003, L’UDC a revendiqué un deuxième siège au Conseil fédéral aux dépens du PDC. Le tribun zurichois et père de l’UDC moderne Christoph Bloecher a été élu au Conseil fédéral entant que deuxième représentant de l’UDC au détriment de la PDC Ruth Metzler. Cela a fait l’effet d’un véritable séisme politique. Les partis traditionnels ont non seulement trouvé fort désagréable la non réélection d’un sortant, (ce qui n’arrive pour ainsi dire jamais), mais encore, ils ont peu apprécié l’élection d’un représentant de la droite dure. La vengeance est venue en 2007. Pour évincer Christoph Bloecher, une coalition s’est formée dans le plus grand secret pour élire Évelyne Widmer-Schlumpf responsable politique UDC dans le canton des Grisons, émanant d’une branche très modérée de ce parti, en quasi rupture avec la nouvelle tendance de l’UDC incarnée par Christoph Bloecher. La Grisonne, qui ne se présentait pas a été élue et a accepté l’élection, ce qui a entraîné son exclusion du parti. Elle a fondé avec quelques proches, le PBD. Ce parti, se revendiquant du centre, a pour but, représenter les intérêts de Mme Widmer-Schlumpf. Par conséquent, la défaite électorale du 18 octobre sonne comme un désaveu cinglant contre une conseillère fédérale qui a bradé les intérêts de la Suisse en Europe en abandonnant sans contre-partie le secret bancaire. Or malgré tous ses efforts probables pour réunir autour d’elle une majorité de plus en plus improbable la grisonne a fini par faire grise mine.. Comme ailleurs, la classe médiatique suisse, en ne tarissant pas d’éloges sur le bilan de Widmer-Schlumpf, est en porte-à-faux complet avec l’opinion, qui, comme je l’ai dit, a donné une véritable gifle à la Conseillère fédérale. La voie est donc ouverte à l’élection d’un deuxième UDC au Conseil fédéral. Seul suspense, le nom.

Il faut un profil bien particulier pour siéger au Conseil fédéral. En effet, la couleur politique seule ne compte pas pour être représentatif. IL faut également qu’un certain équilibre géographique et linguistique soit respecté. Il faudrait soit un non alémanique, (de préférence tessinois), soit un alémanique mais de Suisse orientale, soit un romand.

Dans ce contexte Heinz Brand fait figure de favori. Il est grison comme la sortante et semble recueillir un certain consensus au sein de son parti. Le valaisan Oskar Freysinger est aussi candidat. En pointe sur l’initiative contre les minarets en 2009, c’est un homme très cultivé. En outre, il est parfaitement bilingue et pourrait avantageusement représenter les romands et les alémaniques. Cependant, nul doute que la gauche lui fera payer à la fois son intelligence et sa victoire de 2009. Fin du suspense le 9 décembre.

Jacques Frantz

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