Réponse à François Lambert

Réponse à François Lambert

Dans une tribune sur le Plus Nouvelobs, François Lambert donne sa version des faits concernant l’affaire Vincent Lambert. François Lambert est le neveu de Vincent Lambert. Militant pro-euthanasie il participe à l’instrumentalisation du cas de Vincent Lambert dont ce blog a abondamment parlé.

Je trouve son témoignage tellement inqualifiable, que j’ai décidé de lui répondre dans ces pages.

Bien entendu, s’il le souhaite, il peut venir répondre ici. Il aura table ouverte pourvu qu’il s’abstienne de toute insulte, de toute diffamation et de tout propos contraire à la loi. Il ne sera en rien censuré.

Les textes en italique sont mes réponses point par point.

Jacques Frantz

Vincent Lambert : la République est complice d’intégristes. Je suis triste pour mon oncle

Par François Lambert
Neveu de Vincent Lambert
LE PLUS. Nombreux sont ceux qui pensaient que le CHU de Reims allait suivre l’avis de la Cour européenne des droits de l’Homme en prononçant l’arrêt des soins de Vincent Lambert. Mais l’équipe médicale a annoncé jeudi dernier saisir le procureur de la République pour que soit désigné un représentant légal du patient. Coup dur pour son neveu, François Lambert. Il raconte cette journée du 23 juillet.

François Lambert, neveu de Vincent Lambert, devant le CHU de Reims le 23/07/15 (F.NASCIMBENI.AFP)

Plus d’un mois après la décision de la Cour européenne des droits de l’Homme, le CHU avait annoncé son intention de tout reprendre depuis le début. Avant de changer d’avis une semaine plus tard. À moins que ce n’ait été que pour pouvoir battre en retraite…

Tout était censé aller vite…

Le 15 juillet, nous avions donc vu le docteur Simon. Elle nous avait parlé de sa subjectivité, raison pour laquelle tout devait reprendre. Elle était numéro 2 à l’époque dans la prise de décision, elle voulait maintenant être numéro 1. Cela confirmait bien que cette position du CHU, de Marisol Touraine… et des parents de Vincent, n’avait rien de juridique.

Je lui répétais ce que je disais depuis plus d’un mois : il ne faut pas traîner, et surtout ne pas revenir en arrière. Il ne faut pas leur laisser le temps d’organiser leur travail de sape et leurs ripostes. Une nouvelle procédure juridique allait nous être infligée, alors qu’elle était inutile, et l’ambiance au tribunal allait être exécrable.

J’avoue assez mal comprendre cette position. Certes l’ambiance serait exécrable devant un tribunal. Cela dit, ça ne constitue pas une raison pour ne pas y faire recours. François Lambert aurait-il peur du droit? Sauf que chaque citoyen à le droit de recourir aux tribunaux pour demander justice.

Elle m’avait regardé, sûre d’elle, avec un large sourire : “Je me l’inflige à moi aussi”… Mais tout était prévu, cela irait vite, on a de la marge, pas de problème…

François Lambert avait l’air trop sûr de lui. En outre, si les propos relatés sont exacts, il affiche une complicité avec Mme Simon qui ne peut que faire naître des soupçons de partialité dans la décision.

Le docteur Simon était très tendue

Deuxième réunion le 23 juillet, soit huit jours plus tard. L’ambiance est glaciale avant l’arrivée du personnel médical. Les quatre opposants ont pris un arrondi de la table en longueur qui occupe toute la pièce. Nous prenons l’autre. Nous sommes quatre nous aussi. Quatre autres manquent à l’appel. Personne ne parle.
Au bout de quelques minutes, mon grand-père, ancien gynécologue, lâche : “Dans cette pièce, il y a cinq personnes que j’ai accouchées”. Ses enfants, son petit-fils, et les premiers enfants de sa deuxième femme, Viviane. Il est effacé derrière elle, et personne ne lui a jamais reconnu un quelconque rôle de père. Mais lui et Viviane ont donné la vie, entre autres à Vincent. Nous sommes d’accord de notre côté : pour lui, son rôle se limite à cela. Et ça lui donne droit à une allégeance éternelle.

Effectivement, l’ambiance est tout à fait exécrable. Nous apprenons en tous cas (pour ceux qui ne le savaient pas, que M. Pierre Lambert est médecin, ce qui lui permet un avis autorisé sur l’état de Vincent.
Le docteur Simon, la psychologue du CHU, et la cadre supérieure, arrivent. Le docteur Simon est très tendu. Elle demande à ce qu’on signe la feuille de présence avant qu’elle ne s’exprime. Nous le faisons. Ses gestes lorsqu’elle signe à son tour sont saccadés, vifs, presque violents.
Elle baisse les yeux sur son cahier et lit : “Madame, Monsieur…”. Menaces d’enlèvement avec violence, climat délétère au CHU, Vincent quotidiennement mis en danger.

Des menaces? Ce sont des accusations graves. IL faudra y revenir.

Tout cela ne permet pas l’arrêt des traitements. Les seuls présents quotidiennement, après avoir méticuleusement fait le vide autour de Vincent, particulièrement en harcelant Rachel son épouse, sont ses parents, qui le nourrissent oralement malgré le danger de fausse route.
Ils le nourrissent oralement ce qui prouve, contrairement à ce qui a été dit, que Vincent est à nouveau capable de déglutition. Cher François Lambert, lorsque vous aurez vu un légume avaler de la crème à la vanille, vous me ferez signe. En attendant, le fait que Vincent Lambert puisse avaler de façon autonome vous dérange car cela dénote un progrès. En outre, le risque de fausse route existe chez chaque individus. Les aliments passent à une intersection où l’appareil digestif est à quelques millimètres des voies respiratoires.

En conclusion : demande au procureur d’une protection globale de Vincent, et de nomination d’un référent

Fin de l’État de droit
Au contraire. À tort ou à raison, les médecins font recours à la justice. L’état de droit est bien respecté.

Le docteur Simon demande s’il y a des réactions. Personne ne répond. Elle dit : “Vous me parlerez alors plus tard, par vos méthodes habituelles” (personnellement, je lui envoie régulièrement des recommandés pour exprimer mes désaccords, histoire que le juge ne me reproche pas d’avoir laissé faire n’importe quoi avant d’éventuellement me réveiller début septembre).
Donc la relation entre François Lambert et le docteur Simon n’est pas aussi bonne que ce que l’on croyait.

Viviane répond royalement : “On veut bien vous parler docteur mais ce n’est jamais constructif avec vous”.
Réaction parfaitement compréhensible de Mme Lambert face à un médecin qui a refusé de visionner une vidéo qui prouveraient les progrès de Vincent.

Mon grand-père demande si ces menaces ne seraient pas des fantasmes du CHU, peut-on en savoir plus ? “Non”. Viviane reprend : “C’est bizarre d’en faire état, elles viennent d’où ?” Un discret et hésitant “ben voyons…” se fait entendre de notre côté. Des gens se seraient “spontanément” mis à menacer le CHU de façon coordonnée. Mon grand-père relance : “Vous nous le mettrez par écrit ça ?”, réponse : “Je ne vous mettrai rien par écrit. Je vous le dis”.

Si les propos de Pierre Lambert sont exacts, ils sont un peu maladroits. Cela dit, les menaces semblent bien relever du fantasme. En effet, Vincent est gardé comme un détenu. Du reste, aucune poursuite n’est engagée par le CHU à ce jour.
Le matin même, Viviane, pour qui seuls les écrits des autres engagent et qui y voit toujours des aveux inconscients des plus noirs desseins, envoyait un mail à ses enfants : “Ma médecine ne s’arrête pas aux portes du CHU”. Elle voulait probablement dire “la médecine”. Elle m’avait écrit il y a quelques mois : “C’est compliqué quand une mère doit tenir les reines”. J’imagine qu’elle voulait écrire “les rênes”.

Régler ses comptes de cette manière est un peu minable. Engager la crédibilité du combat de Mme Lambert sur son orthographe à ceci de réjouissant: il démontre la pauvreté de ses opposants.

Le docteur Simon demande si quelqu’un a quelque chose à ajouter. Personne ne répond. Le personnel médical sort en premier, nous le suivons. Fin de l’État de droit.

Si chaque fois qu’est prise une décision qui contrarie François Lambert l’état de droit était remis en cause, je crois qu’il y aurait de quoi s’inquiéter. Heureusement, l’état de droit n’est pas suspendu aux états d’âme d’un militant de la culture de mort qui présente, malgré une communication assez bien maîtrisée, tous les symptômes de l’hystérie.
Le docteur Simon aurait aussi été menacée

Rachel est effondrée. “C’est fini, le mariage, la famille qu’il s’est construite, tout ça n’existe plus.” J’appelle mon avocate au Conseil, qui la prend au téléphone pour tenter de la rassurer.

J’avoue que je ne comprends pas bien cette histoire de mariage qui serait finie. Parle-t-elle de son nouveau mariage? En effet, Rachel Lambert a refait sa vie avec quelqu’un en Belgique. Aurais-je vu juste dans mon premier article sur l’affaire? Serait-on pressé d’en finir avec la vie de Vincent pour mener à bien d’autres projets?
Le contraste entre le docteur Simon du 15 juillet et celle du 23 juillet est saisissant. Je ne sais pas ce qui s’est passé durant ces quelques jours. Je sais juste qu’elle était également menacée.
Ce qui s’est passé je vais vous le dire cher François Lambert. La décision collégiale qui a été prise en faveur de la mise à mort par déshydratation de votre oncle ne pouvait plus s’appliquer car le collège de médecins qui avait statué était différent à cause du départ du Dr Kariger. En outre, on sait que le consensus ne prévalait pas au sein de ce collège. En effet, l’un des médecins au moins était contre l’arrêt de ce que vous appelez “des soins”. Par conséquent le protocole de mise à mort allait être mis en oeuvre par un collège et une hiérarchie différente, ce qui rendait le protocole attaquable Mme Simon risquait de devoir répondre devant un tribunal. Essayez de la comprendre! Donc le protocole aurait dû reprendre depuis le début.

Elle a réuni le personnel soignant entre les deux réunions, qui a pu lui faire part de son refus d’arrêter les traitements dans de telles conditions. Elle voulait appliquer la décision médicale du 11 janvier 2014, et pas en prendre une nouvelle. Mais la direction de l’hôpital, tout en la soutenant, lui avait demandé de tout reprendre. Peut-être s’est-elle aperçue que le soutien ne valait que s’il y avait obéissance, et peut-être que la direction générale lui a demandé ensuite de rétro-pédaler, en menaçant de ne plus la soutenir, ou pire encore, de ne pas la protéger.

Lors de cet entretien, François Lambert, vous auriez pu poser toutes ces questions. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait?

Le CHU démissionne et laisse le reste aux pro-vie

Qu’il le veuille ou non, le CHU a fait passer un message en prétextant que la sérénité devait impérativement revenir après avoir prétendu pouvoir piétiner les droits de Vincent (qui sont maintenus quoi qu’il en dise) : il pourrait le laisser pourrir, et octroie un droit de veto à ses parents. Il démissionne et laisse le reste aux pro-vie, qui n’ont qu’à se retourner vers nous pour demander : pourquoi cet acharnement à vouloir le tuer ?

C’est effectivement la question qu’on se pose. J’attire tout de même l’attention du lecteur sur l’aspect militant du propos. “Laisser le reste aux pro-vie”. Vincent Lambert ne serait-il pas instrumentalisé par les “pro-mort”? Poser la question, c’est me semble-t-il y répondre. Au fait, pardonnez-moi cette question cher François Lambert. De quoi parlez-vous lorsque vous parlez de “reste”? J’ai relevé de propos: “le reste” et “laisser pourrir”. Est-ce de Vincent dont vous parlez ainsi?

Marisol Touraine de son côté suit évidemment le dossier de près, mais elle demande au CHU de demander au procureur… au lieu d’appeler directement son collègue de l’Intérieur au gouvernement. On a vu plus volontariste.

Ben oui, l’affaire est devenue politique. C’est parfaitement déplorable que la vie ou la mort d’un homme repose sur une décision politique, mais hélas, ce n’est ni la première ni la dernière fois. Faudra m’éclairer sur ce qu’aurait pu faire le ministre de l’Intérieur. aurait-on eu le dessein de faire garder par la police Vincent Lambert jusqu’à ce que mort s’en suive, Comme Terry Schiavo en 2005?
Aux dernières nouvelles, le procureur n’a toujours pas été saisi.

Viviane Lambert, mère de Vincent Lambert, se réjouissant de la décision du CHU de Reims, le 23/07/15 (F.NASCIMBENI.AFP)

Les parents de Vincent, fiers face aux journalistes

Les parents de Vincent ressortent sous les hourras. Le membres du comité de soutien créé par d’anciens camarades de classe de Vincent, qui eux n’ont pas quitté ce milieu intégriste qu’il exécrait tant, leur font même une haie d’honneur, comme à leur arrivée. Ils sont bien entendu tous venus ici spontanément.

Ils sont venus comme c’est leur droit soutenir des parents angoissé par une décision dont dépend la vie de leur fils. Je ne vois là rien de répréhensible. Un grand humaniste comme vous François Lambert devrait le comprendre. Hélas, vous êtes trop obnubiler par votre objectif de mort.

On applaudit les parents parce que le CHU a peur, subit quotidiennement une ambiance délétère et se fait menacer sur des blogs intégristes.
Non on est surtout respectueux et admiratifs du combat des parents Lambert et du comité de soutien dont je m’honore de faire partie. Quant aux blogs intégristes dont vous dites qu’ils ont proféré des menaces, pas le moindre lien pour étayer vos preuves.
Ils sont fiers, sourient devant les journalistes, particulièrement Viviane.

Elle est soulagée, son fils va vivre.

La conseillère en communication des parents de Vincent, ancienne conseillère de l’Opus Dei (“ouais mais j’ai fait d’autres choses”), et qui leur a spontanément offert ses services, prétend que nous ne parlerons pas, que nous sommes partis. “Il y a un bon quart d’heure”. C’est évidemment faux.

Ce qui est tout à fait déplorable François Lambert c’est votre manière de régler des comptes avec les catholiques. La conseillère en communication des parents Lambert aurait appartenu à l’Opus Dei? Et alors! Est-ce un délit? Pour autant que ça déplaise, l’Opus Dei est une organisation légale. En faire partie ou en avoir fait partie n’est en rien disqualifiant.

Je suis saisi d’une colère triste. Nous sortons à notre tour. Marie, la sœur de Vincent, ne voulait même pas que l’on filme ses mains avant. Elle ne voulait faire que des sonores, au compte-goutte. Mais là, c’en est trop. Elle affronte la meute et parle de “terrorisme”.
*
Voilà une communication bien maîtrisée. On attend un bon quart d’heure que les “intégristes” soient partis, puis on communique selon un protocole établi.*

D’anciens camarades infirmiers de Vincent témoignent également de ses souhaits émis au cours de stages.

Rachel est bouleversée, elle pleure, ne comprend pas. Qui le pourrait ? Cette histoire, c’est se battre indéfiniment pour rien ou renoncer.

Une dame, la quarantaine, propre sur elle, spontanément déguisée en catho tradi comme tous les soutiens des parents, joue l’agent en reconnaissance et flâne autour de nous, un large sourire aux lèvres. Le désespoir de Rachel, le constat que la Terreur fonctionne… Elle jubile et semble dire : “La loi divine que nous représentons est bien supérieure à celle des hommes”.

Il est tout à fait spécieux voire malhonnête de laisser croire que tous les soutiens de Vincent émanent du catholicisme de tradition. À titre personnel, je ne suis même pas catholique. Cela dit, la dame qui semble dire n’a pas dit. Personne, pas même les catholiques de tradition ne représentent la loi divine. À titre personnel, le protestant que je suis ne représente pas la loi de Dieu, mais en toute humilité essaie, malgré beaucoup de faiblesses et de manquements, de s’y conformer.
En m’exprimant, je suis saisi d’une colère triste, je m’étrangle, parviens à peine à aligner trois mots, et suis obligé de m’arrêter un instant pour reprendre mon souffle… C’est ce que je croyais percevoir tout à l’heure chez le docteur Simon.
Inégalité des armes, et complicité de la République

Une ancienne infirmière du CHU est en pleurs à côté de moi : “Ils ont gagné !”. D’autres personnes assistent à ce spectacle, atterrées. “Pour moi ce n’est plus une mère.” “Faut qu’elle fasse attention, il pourrait lui arriver des choses à elle aussi.” Sourire satisfait de l’agent.

Nous n’avons que des soutiens. Viviane, qui se comporte comme la propriétaire des murs, exaspère tout le monde. Mais il y a inégalité des armes. Et complicité de la République avec ceux qui l’appellent parfois “la putain” et rêvent de la soumettre. C’est un jour heureux pour eux. À l’entrée du CHU, plusieurs policiers en uniforme montent fébrilement la garde.

Un jour, quand les médias arrêteront de parler de l’affaire Vincent Lambert, et que les psychopathes qui menacent anonymement sur des sites se seront calmés, le CHU prendra courageusement ses responsabilités… A moins que d’ici là, quelqu’un ne se propose spontanément de ramener la paix, en reprochant à ceux qui sont le moins menaçant de ne pas jouer le jeu de l’apaisement.

Eh bien l’apaisement n’est pas un jeu. Ici, nous ne sommes pas en train de jouer. Nous essayons, avec nos pauvres moyens de sauver un homme, et derrière lui, 1700 autres. Dans l’affaire qui nous préoccupe, l’apaisement serait de transférer Vincent Lambert dans une unité compétente en vue de sa rééducation et de son bien-être. En espérant que les militants pro-euthanasie n’iront pas chercher un autre Vincent à instrumentaliser.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.