La démocratie a encore frappé!

La démocratie a encore frappé! Mais frappé qui au fait?
C’est dimanche dernier que c’est tenu en Grèce le référendum organisé à la va-vite par un gouvernement sans doute démagogue, mais qui n’a pas refusé cette épreuve de vérité. Je laisserai bien volontiers les économistes tâcher d’anticiper les conséquences de ce vote. Pour certains, une sortie de l’euro de la Grèce serait tout simplement suicidaire pour un pays qui importe l’essentiel de ce qu’il consomme, faute de s’être doté d’outils de production pendant qu’il en avait encore les moyens. Pour d’autres, si la Grèce sort de la zone euro, il ne se passera tout simplement rien du tout, le PIB de la Grèce représentant à peine 2% du PIB de ladite zone euro.
Mais très rares sont ceux qui pointent les vrais responsables de cette situation pourrie depuis bien longtemps. Les anciens dirigeants grecs eux-mêmes qui, se contentant de redistribuer généreusement à leur peuple et aussi à eux-mêmes bien sûr, les non moins généreux subsides allègrement déversés sur Athènes par les institutions européennes trop heureuses de fermer les yeux sur des comptes nationaux trafiqués pourvu que le pays délaisse ses penchants pro-soviétiques dans les années 70, puis s’embarquent sans retenue dans l’aventure de l’euro, n’ont procédé à aucune des réformes structurelles dictées non seulement par Bruxelles (mais ça ce ne serait pas si grave), mais aussi par le simple bon sens. La technostructure bruxelloise, rigide à l’extrême, n’a pas voulu, n’a pas su inventer le mécanisme suffisamment souple qui aurait redonner à la Grèce la souveraineté qu’elle avait abandonnée, comme nous tous d’ailleurs.
En résumé, la Grèce paie son immobilisme socialiste, son incurie budgétaire, sa soumission aveugle à Bruxelles.
Et après? Eh bien après… rien! Les marchés ont, semble-t-il, intégré la prochaine sortie de la Grèce de l’eurozone, les contribuables européens ont depuis longtemps compris qu’ils ne reverraient jamais l’argent prêté à la Grèce. Bref, tout est pour le mieux dans le meilleurs des mondes, et jusqu’à nos dirigeants, le plus Moumou d’entre eux,allant même jusqu’à affirmer que la France n’avait rien à craindre de la crise grecque, alors qu’au fond il n’en sait rien! Dormez tranquilles, bonnes gens! Il ne peut rien vous arriver! A moins que…

3 commentaires

  1. à moins qu’on assiste à une déstabilisation politique et financière de ce pays qui n’a pas su se réformer en profondeur.
    La dictature des colonnels n’est pas bien loin.

    1. C’est possible. Le plus étonnant c’est qu’on a vendu aux Grecs l’Europe comme antidote au retour des colonels et comme rempart des libertés démocratiques alors que les institutions bruxelloises sont tout sauf démocratiques. Et que dire des pays d’Europe centrale et orientale qui ont fui les bras du communisme pour mieux se jeter dans ceux de l’ultralibéralisme technocratique de l’UE? Pour le moment, ils chantent, subventions européennes aidant, mais que feront-ils le jour où ça s’arrêtera? La Grèce aussi a chanté, mais le piège s’est refermé. L’avenir de ce pays passe nécessairement par une renégociation de la dette, mais le référendum de dimanche a montré que les Grecs n’étaient pas prêts à s’en laisser compter. Ils devront évidemment faire dans l’urgence ce qu’ils n’ont pas su ou voulu faire quand ils en avaient les moyens. Ce sera douloureux, mais ils ont montré qu’ils voulaient conserver la maîtrise de leur propre avenir. Asphyxiés par la BCE, ils n’ont, me semble-t-il, plus d’autre choix que la fuite en avant, ce que d’aucuns appellent le saut dans l’inconnu.

  2. J’ajouterai que ce qui se passe en Grèce est hélas annonciateur de ce qui va se passer ailleurs.
    En fait, tout le monde savait que la Grèce était incapable de rembourser le premier euro. Tout le monde savait que le contribuable prêtait à perte. Et tout le monde sait que la plupart des pays de la zone euro ne seront pas en mesure de rembourser la dette. Aujourd’hui les banques présentent l’addition aux Grecs qui ont cru au miroir aux alouettes. Comme l’a dit le blogger de Malte dans son excellent article, « dormez bonnes gens » mais vous êtes comme des homard qu’on plonge dans une eau délicieusement tiède. Lorsqu’il fera trop chaud dans la casserole, il sera tout simplement trop tard.

    J.F.

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